Lancement du chantier des anciens thermes : «Un moment historique»
Après 12 ans de d'errance, de dédale administratif et réglementaire, le chantier visant à transformer les anciens thermes en complexe de logements, bureaux et commerces a commencé cet été par la phase de déconstruction. La construction, programmée mi-2026, doit durer deux ans et demi.
Bouygues Immobilier et la Société d'aménagement de la Savoie (Sas) ont imaginé un lancement de chantier tout en poésie, entre la description onirique du projet par son architecte et l'intervention surprise d'une acrobate suspendue à un ruban depuis la verrière zénithale jusqu'au puits central des thermes Pétriaux. Pourtant, le chantier des anciens thermes nationaux relève moins de la poésie que du roman à rebondissements, jalonné d'obstacles*.
De gros enjeux derrière pareil chantier
D'ici quatre ans, l'ensemble devrait être terminé et les anciens thermes donner naissance aux «Nouveaux thermes», nom donné au programme... Ce lancement de chantier, le 26 septembre dernier, est un événement en soi, tant le processus s'est révélé long et lourd, mettant plus de 10 ans à aboutir. Devant un parterre d'invités, dont son prédécesseur, Dominique Dord, l'actuel maire d'Aix-les-Bains, Renaud Beretti, a très bien résumé ce dossier «d'une atroce complexité administrative, réglementaire, juridique, financière, géologique et même sismique», inspirant tantôt découragement, tantôt angoisse ou colère, mais aussi joie et satisfaction. Pour lui, ce jeudi 26 septembre tient du «moment historique». Il a aussi rappelé, à l'endroit des maîtres d'ouvrage, combien ce chantier titanesque allait requérir des précautions, tant pour ne pas altérer le passage de l'eau thermale que pour ne pas fragiliser l'arc de Campanus.
Tous les acteurs de ce chantier sont attendus au tournant, l'urbanisme étant un sujet sensible dans la ville et encore plus quand il s'agit d'un élément patrimonial de cette envergure alors qu'Aix «s'est bâtie autour de ses thermes ». Sans surprise, le programme immobilier ne fait pas l'unanimité au sein de la population. Mais la Ville n'aurait pu seule supporter un investissement pareil, ne cesse de marteler le maire. «Le haut finance le bas.» Ce programme immobilier mixte, estimé avant les multiples crises à plus de 100 M€, non réévalué depuis, va permettre la sauvegarde et la valorisation des éléments les plus remarquables et de «rendre ce patrimoine aux Aixois».
Recours : un protocole transactionnel trouvé
Ces 30 000 m² de surface plancher seront occupés par 164 logements en accession libre et 55 logements sociaux, 6 000 m² de commerces et autant de bureaux, et 3 000 m² de muséographie et accueil du public avec le retour de l'office de tourisme dans ces murs. «Les vestiges romains se situent dans la partie historique. Il est prévu qu'il y ait un cheminement culturel qui démarre de ces vestiges, passe par une partie des bâtiments Pétriaux et Revel pour arriver à Pellegrini», explique Pierre-François Poux, chef de projet à la Sas.
Le programme sera assorti de 269 places de parking dans le bâtiment historique, en transformant le sous-sol existant. Le stationnement de la clientèle commerciale sera garanti par l'extension du parking de l'hôtel de ville existant de 96 places supplémentaires nécessitant de creuser sous la route.
Ce fameux percement aurait pu laisser présager un démarrage de chantier ultérieur après le dépôt, à l'automne dernier, d'un recours par Valvital, l'exploitant des thermes Chevalley, craignant que ces travaux d'extension n'altèrent la circulation des eaux thermales. «Un protocole d'accord transactionnel a été trouvé entre les parties et avalisé par le tribunal à la fin du printemps. Le permis est désormais purgé de tout recours», annonce Pierre-François Poux.
Livraison espérée fin 2028
Après les opérations de déplombage et de désamiantage prises en charge par la Ville à hauteur de 3,9 M€, la déconstruction a été entamée cet été et s'achèvera fin mai 2025. Elle concerne la tour Mabileau et la jonction entre les thermes Pétriaux et Pellegrini. S'ensuivront des investigations hydrogéologiques pour s'assurer que les travaux futurs n'impacteront pas les sources thermales. Le terrassement interviendra entre l'automne 2025 et le printemps 2026, puis la construction à proprement parler. Objectif : livrer le tout fin 2028 et minimiser l'impact des travaux pour les riverains, qui doivent tout de même s'attendre à quelques alternats de circulation.
De son côté, la Ville tâchera de respecter le même calendrier pour la rénovation des thermes Pellegrini dont elle est propriétaire, leur transformation en médiathèque et en Ciap (centre d'interprétation d'architecture et du patrimoine), rappelant les principales phases de l'histoire de la ville. Les travaux de mise hors d'eau hors d'air sont programmés pour 2025.
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La déconstruction d'une partie des thermes a commencé cet été (MFS).
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Deux places seront créées à l'occasion du programme (©Vincent Callebaut Architectures).
