Comment l’Athlétique Sport Aixois est devenu une véritable fabrique à champions ?
L'Entente Savoie Athlétisme est représentée par de nombreux sportifs de haut niveau. - Alanis DUC
L'Athlétique Sport Aixois va fêter ses 80 ans en 2027. Et si son passé a été marqué par des athlètes et des performances notables, son histoire n'a pas terminé de s'écrire et de belles années se profilent.
Un passé brillant
Robert Bogey, Paul Arpin et Christophe Lemaitre sont probablement les plus connus, mais bon nombre d'athlètes aixois ont marqué de leurs empreintes et de leurs pointes les pistes d'athlétisme françaises et mondiales. Et si leurs performances ont parfois mis en lumière le club, leur progression en terre savoyarde ne doit rien au hasard. Et alors que leurs performances, chronomètres et médailles appartiennent maintenant à l'histoire du club et de l'athlétisme français, le club se tourne vers l'avenir pour trouver et former les nouveaux talents de demain.
Dans la ville hyper sportive qu'est Aix-les-Bains, le club d'athlétisme a su tirer son épingle du jeu alors qu'aucun sport n'est véritablement dominant. Désormais tirée par le haut par la politique des ambassadeurs sportifs, la ville a toujours été pourvue d'athlètes de bon voire de haut niveau. Porté par le goût de l'effort, l'AS Aix-les-Bains a grandi pendant des décennies et est même devenu un club important à l'échelle nationale pour l'athlétisme, avec une présence notable dans l'élite pendant des décennies. Une performance notable pour une ville de moins de 35 000 habitants qui a toujours dû faire face aux plus grandes métropoles.
La formation comme premier maillon
Pour atteindre les hautes sphères de l'athlétisme français, le club a dû organiser une chaîne d'actions et, face à des villes beaucoup plus grandes et peuplées, une attention particulière a été exercée sur la formation. Et avant de former les jeunes athlètes pour en faire des sportifs de bon niveau, il faut d'abord dénicher les jeunes à fort potentiel et, pour accomplir cette mission, l'Athlétique Sport Aixois a vite trouvé la solution.
" On a eu pléthore d'internationaux mais on a surtout eu des éducateurs du club dans tous les collèges qui ramenaient tout le monde vers le club d'athlétisme ", explique Philippe Massonnat, bénévole au club en charge du suivi des athlètes de niveau national. Et si la grande majorité reste à des niveaux régionaux ou interrégionaux, ils sont parfois amenés à figurer à des niveaux plus importants. À Aix-les-Bains, 35 athlètes disposent d'un niveau national ou international actuellement.
Pour certains, encore dans les catégories de jeunes, le club s'emploie pour leur permettre d'évoluer en tant qu'athlète, mais pas seulement." Dans l'idée des éducateurs, il y a aussi toujours la volonté de former des hommes et des femmes ", insiste Philippe Massonnat.
Et alors que les athlètes de ce niveau s'entraînent au moins trois ou quatre fois au sein du club, il convient de créer une atmosphère positive autour d'eux." Il faut prendre soin d'eux, qu'ils aient 15, 16, 20 ou 25 ans à différentes étapes de leur vie. Le club n'est pas là pour les materner, ils ont leur famille qui les éduque et le système de l'Éducation nationale qui les instruit, mais le club vient apporter en parallèle des valeurs humaines ", témoigne Philippe Massonnat.
Une entente pour lancer une nouvelle dynamique
Soucieux de relancer une dynamique alors que le club évoluait en Nationale 1A, l'Athlétique Sport Aixois a pris un nouveau tournant en 2023. Face au besoin de continuer à faire grandir l'institution, le club a rejoint l'entente Savoie Athlétisme aux côtés des clubs d'Annecy (AHSA), Belley, Culoz et Bourg-Saint-Maurice, créant ainsi une entité plus forte, actuellement composée de plus de 1 500 adhérents. Concrètement, les clubs gardent leur identité respective mais forment une forme de " super club " en compétition. Un choix qui porte ses fruits, puisque deux ans après sa création, l'entente a retrouvé le plus haut niveau de l'athlétisme français en Élite 1 après avoir été championne de France Élite 2.
Au-delà de cette remontée, elle permet notamment de disposer de plus d'entraîneurs (une cinquantaine au total). Ce nombre d'encadrants important permet d'ailleurs à certains athlètes de bénéficier d'entraînements plus spécifiques auprès d'entraîneurs spécialistes auxquels ils n'auraient pas eu accès sans la création de l'entente. "Il y a une émulation qui se crée avec un groupe beaucoup plus large ", valorise Philippe Massonnat.
Sur le plan économique également, l'intérêt semble au rendez-vous. " On pèse plus lourd quand on rencontre des partenaires potentiels et des sponsors, donc on crée un pôle d'attractivité plus intéressant ", ajoute Philippe Massonnat. Fort de cette nouvelle dynamique, le club poursuit son travail historique pour émerger ses jeunes talents. Et ce n'est pas le plus facile à faire, loin s'en faut.
Permettre aux jeunes d'évoluer
" On a des éducateurs de très bonne qualité mais la difficulté aujourd'hui, c'est de fidéliser les athlètes. On peut avoir de très bons minimes et cadets, ce qu'il faut c'est pouvoir les emmener dans les catégories supérieures, c'est-à-dire juniors, espoirs et bien sûr seniors ", explique Philippe Massonnat. Pour éviter de les brusquer, le club évite de les surclasser pour leur permettre de se développer en restant au plus proche de leur groupe de copains, ce qui reste important pour beaucoup de pratiquants.
Les jeunes de bons niveaux sont néanmoins invités à s'entraîner dans des groupes plus relevés une fois par semaine, leur permettant de progresser sans qu'ils ne soient dépaysés. Au-delà de cet aspect, pour garder ses talents ou les attirer, il faut les intéresser. Et si, pendant longtemps, le club a pu s'appuyer sur un cursus sport-études à Aix-les-Bains pour attirer des sportifs de bon niveau, ce n'est plus le cas et il faut donc développer d'autres axes.
Et à ce niveau, les infrastructures du club sont un point fort. L'ASA dispose du stade forestier qui peut recevoir des compétitions internationales mais aussi d'un autre stade en herbe avec une piste en herbe de 333 m à l'hippodrome. L'environnement est également attirant pour beaucoup (comme Manon Trapp), avec des parcours très variés autour du lac et la possibilité d'aller au Revard pour faire un peu d'altitude, à 1 500 mètres. L'entente peut également se targuer d'avoir des techniciens de haut niveau qui ont, pour certains, officié à la fédération à des postes importants mais aussi des entraîneurs de qualité. Ceux-ci travaillent ainsi avec des groupes performants et homogènes recomposés au niveau de l'entente.
Un accompagnement au-delà de l'aspect sportif
Mais au-delà de la performance, le club attache une importance capitale à accompagner ses sportifs dans leur quotidien et à leur faciliter lorsque c'est possible. " Ce qui fait que beaucoup d'athlètes décrochent au niveau cadet ou junior, c'est souvent l'incompatibilité de faire sport-études, la pression parfois sociale qui fait que le sport n'est pas forcément prioritaire. Ici, ce qu'on essaye de faire, c'est de mettre les jeunes dans les meilleures conditions possibles pour leur permettre de continuer ", souligne Philippe Massonnat.
Les bénévoles du club s'emploient donc pour créer un cadre favorable à la performance. " On a quatre internationaux juniors-espoirs juste à Aix-les-Bains, en plus des internationaux. Ils ont entre 17 et 19 ans et là, on est à un point clé. Ils ont un niveau très fort et la possibilité de performer au plus haut niveau national demain, mais maintenant il faut qu'on leur donne la possibilité d'étudier, de continuer à s'entraîner, plus tout l'accompagnement avec, c'est-à-dire l'environnement de la préparation médicale, mentale, scolaire, universitaire, et un travail pour certains.
" Pour ce faire, un pôle médical a été mis en place. Ainsi, trois médecins du sport peuvent créer de la disponibilité pour les licenciés du club. Un kiné et une préparatrice mentale sont accessibles de la même manière. Mais la santé n'est pas le seul point d'accompagnement puisque le scolaire a également sa place. " Avec le Crédit Mutuel, on a mis en place une plateforme qui permet de donner des cours de soutien aux athlètes, de leur trouver des stages en entreprise, voire même des emplois ", ajoute Philippe Massonnat. Un relais social existe également.
Un futur radieux ?
Alors que le club, et désormais l'entente, tente de briller en tant qu'entité, il arrive qu'elle accompagne également des athlètes vers l'extérieur, vers des pôles de performance ou à l'étranger, comme aux États-Unis. " On n'est pas recroquevillé sur nous-mêmes, on est pour que les athlètes s'épanouissent ", surenchérit Philippe Massonnat. Les athlètes du club sont alors parfois accompagnés vers des groupes de très haut niveau spécifiques à leur discipline pour poursuivre leur progression.
Tous les moyens sont ainsi mis en œuvre pour voir des sportifs issus du club briller dans le futur et les bénévoles ont de l'ambition. " On est un club de bénévoles qui veut faire de l'excellence ", résume Philippe Massonnat. D'ailleurs, toujours dans cet objectif, plusieurs projets sont lancés. La création d'une salle d'entraînement d'hiver est à l'étude à Annecy et à Aix-les-Bains, au même titre que des collaborations innovantes avec des structures scolaires, universitaires et des entreprises. L'entente a également lancé la cellule Vision 2028 avec entre cinq et sept athlètes qualifiables pour les prochains JO. De quoi imaginer un futur positif pour le club et l'entente, qui comptent bien performer sans perdre leurs valeurs de simplicité et d'humilité.


Alexis Fernandez





