Moustique : L’Auvergne-Rhône-Alpes en alerte face à une menace grandissante 

Depuis sa première identification en France métropolitaine en 2004, le moustique-tigre (Aedes albopictus), originaire d'Asie du Sud-Est, n'a cessé de s'étendre. En 2025, il est désormais implanté dans l'ensemble des départements d'Auvergne-Rhône-Alpes, où il est devenu synonyme de fortes nuisances estivales, mais surtout d'un risque sanitaire majeur.

Contrairement aux moustiques indigènes, le moustique-tigre est un vecteur potentiel de plusieurs virus tropicaux tels que la dengue, le chikungunya et le zika. Autrefois cantonnées aux zones tropicales, ces maladies trouvent aujourd'hui une porte d'entrée en métropole à travers cet insecte invasif, dont la présence accrue inquiète les autorités sanitaires.

Une région particulièrement exposée

La région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) est l'une des zones les plus concernées de l'Hexagone. Selon les dernières données de Santé publique France, l'année 2024 a été marquée par un record de cas importés d'arboviroses, avec 274 cas recensés. Plus préoccupant encore, deux cas de dengue autochtone - c'est-à-dire contractée localement sans voyage à l'étranger - ont été signalés dans la Drôme, révélant la capacité du moustique-tigre à transmettre ces virus sur notre propre territoire.

Ces deux cas constituent le troisième foyer autochtone recensé en région AURA après Caluire-et-Cuire (2019) et Bourg-lès-Valence (2023). Le début de l'année 2025 confirme cette tendance à la hausse, avec une recrudescence de circulation des arboviroses observée dès les premiers mois.

Un pic d'activité attendu en août-septembre

Chaque année, le pic de présence du moustique-tigre - et des désagréments qui l'accompagnent - est observé entre août et septembre. Les températures estivales et la multiplication des points d'eau stagnante créent des conditions idéales pour sa reproduction. L'enjeu est donc à la fois saisonnier et urgent.

Face à cela, les autorités sanitaires rappellent que la lutte contre la prolifération du moustique-tigre repose aussi sur les gestes du quotidien.

Les bons réflexes à adopter : triez, rangez, couvrez

Afin de limiter la propagation du moustique-tigre, chacun est invité à adopter trois gestes simples mais essentiels :
Triez les objets pouvant contenir de l'eau (pots, soucoupes, pneus, jouets abandonnés...)
Rangez tout ce qui peut devenir un réservoir d'eau en cas de pluie
Couvrez les réservoirs d'eau de pluie et bassins à l'aide de filets ou de couvercles

Le moustique-tigre pond ses œufs dans de petites quantités d'eau stagnante. Supprimer ces gîtes larvaires est la seule manière de freiner sa prolifération.

L'implication de tous - particuliers, collectivités, entreprises - est indispensable. C'est un défi collectif de santé publique. Seule une action coordonnée peut produire des résultats tangibles.

Une organisation territoriale mobilisée

En Auvergne-Rhône-Alpes, plusieurs acteurs sont engagés dans cette lutte :

- L'Agence régionale de santé (ARS), en charge de la gestion des risques sanitaires

- FREDON AURA, qui anime le plan régional de lutte

- L'EIRAD (Entente Interdépartementale pour la Démoustication Rhône-Alpes), qui agit sur le terrain, sensibilise le public et mène les actions de démoustication

- Les référents locaux (communes, intercommunalités), qui assurent la mise en œuvre locale des plans d'action

Un dispositif de surveillance actif chaque été

Une surveillance renforcée est en place chaque année du 1^er mai au 30 novembre, période d'activité du moustique-tigre. Lorsque des cas de dengue, chikungunya ou zika sont signalés par les professionnels de santé - ces maladies étant à déclaration obligatoire -, une procédure d'intervention est immédiatement déclenchée par l'ARS et l'EIRAD.

Cette procédure comprend notamment des traitements ciblés autour des lieux fréquentés par la personne malade, afin de stopper toute transmission locale. La rapidité de cette réponse est essentielle pour contenir les foyers d'infection potentiels.

Stéphane Ducret