Le député Antoine Armand fait le bilan de sa première année de mandat

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Antoine Armand, député «Renaissance» de la deuxième circonscription de Haute-Savoie, dresse le bilan de sa première année de mandat aux côtés de sa suppléante Danièle Carteron. Elu le 19 juin 2022 lors des Législatives, avec 59,88% des suffrages face à Loris Fontana, candidate communiste de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale), le politicien trentenaire est sur tous les fronts, de l’Assemblée nationale à son territoire qui compte quatre bassins de vie : bassin annécien, Albanais, pays de Faverges, Aravis (cantons d’Alby-sur-Chéran, Annecy centre, Annecy nord-est, Faverges, Seynod, Thônes).

Antoine Armand, qui est passé de «simple» porte-parole départemental du groupe Renaissance (ancien LREM) à parlementaire, est un véritable passionné qui ne compte pas ses heures ni ses jours. «Depuis un an, je consacre toute mon énergie à assumer cette responsabilité exigeante.» Selon lui, la mission première d’un député est de représenter et défendre son département à l’Assemblée nationale et auprès du Gouvernement. Il partage sa vie entre Paris, du lundi ou mardi au jeudi, et la Haute-Savoie, le reste du temps.

Se considérant comme l’un des trois députés les plus actifs en commissions (rapporteur de la commission d’enquête sur la souveraineté énergétique et rapporteur pour la transition énergétique dans le budget 2023, membre de la commission des affaires économiques…), Antoine Armand a voté les lois «les plus importantes pour les Français, sur les énergies renouvelables et le nucléaire, sur l’assurance chômage et le pouvoir d’achat, la loi de programmation militaire…» Côté territoire, ses priorités semblent tournées vers le coût de la vie, en particulier pour les agents publics, et la défense des agriculteurs confrontés au prix du foncier, au loup et à la brucellose.

Qu’avez-vous appris de cette première année à l’Assemblée nationale ?

«On a vécu et on vit toujours, même si c’est en train d’évoluer, un hémicycle très paradoxal car d’un côté il y a une partie de l’extrême gauche qui a un mot d’ordre très clair et très assumé, celui de l’insurrection, dans la rue et à l’Assemblée, avec pour but le désordre ; d’un autre côté, il y a l’extrême droite, qui a l’air d’être constructive et qui de temps en temps dérape en vous expliquant qu’il faut priver de la réserve militaire les gens à la double nationalité ou qui dit au député de couleur de retourner en Afrique ; vous avez ces gens-là, qui au fond ne veulent pas que l’on obtienne de résultats, puisque précisément ils vivent du désordre et ils prospèrent politiquement de l’insatisfaction et de la colère par ailleurs légitime des gens ; et d’un autre côté, il y a la majorité qui a voté une trentaine de textes depuis un an, dont seulement une poignée avec le recours au 49.3. Tout le reste est voté à une large majorité. C’est en cela que c’est paradoxal, car on a quelque chose de très éprouvant dans le manque de sérénité du débat, la difficulté à co-construire, et dans le même temps on fait avancer les textes très concrets. En tout cas, progressivement, on sent dans les oppositions l’envie de travailler ensemble, c’est ce que nous demandent les Français et nous devons le respecter.»

«Si on n’est pas capables d’avoir des résultats, on prendra en pleine face le mur Le Pen»

Par ce besoin évoqué de travailler ensemble, Antoine Armand souligne un objectif majeur : «Nous avons 4 ans pour éviter l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir. J’ose le mot, nous sommes des challengers, avec tous ceux qui veulent que l’on reste dans un cadre républicain et démocratique. Il faudra une grande alliance des gens raisonnables et modérés si on veut éviter le pire en 2027.» Le parlementaire explique que la seule manière d’y arriver, sans manquer de considération envers les 42% de Français qui ont voté pour la candidate du Rassemblement National, «ce sont des résultats. Le chômage, il faut continuer à le faire baisser. Sur l’immigration, il faudra trouver une fermeté républicaine et sur la sécurité, les gens ne comprennent pas qu’il y ait une sorte d’impunité devenue un folklore français, là où quand sont brûlées cinquante voitures dans n’importe quel pays du monde il y a une remise en question majeure. C’est de la décence commune et les gens ont l’impression que l’on bascule dans l’indécence. Si on n’est pas capables d’avoir des résultats, on prendra en pleine face le mur Le Pen.»

Quel bilan personnel et quelles leçons tirez-vous de ces douze premiers mois de fonction ?

«Quand vous arrivez à ces responsabilités qui sont quand même exigeantes, vous devez à la fois être sur le terrain, aller voir la totalité des élus locaux, faire le tour des associations et des entreprises, identifier les points névralgiques, notamment le recrutement dans les Ehpad, la difficulté d’aménagement du territoire, le problème de logements et de résidences secondaires, etc. et puis à la fois monter en puissance à l’Assemblée. Une des principales leçons que je tire de cette année : mon travail est de faire comprendre à l’Assemblée et au Gouvernement qu’il y a une spécificité haut-savoyarde.»

«Une des clés, c’est de se remettre constamment en question»

«Quoi qu’il en soit, une des clés, c’est de se remettre constamment en question et c’est de plus en plus difficile. Car au début vous découvrez, et au bout d’un moment vous vous faites votre conviction. C’est le lot de toute personnalité politique, avec le temps, de finir par croire qu’elle a raison. Alors quand on vous dit que ce que vous faites c’est n’importe quoi, même si vous n’êtes pas d’accord, il y a quand même peut-être un fond de vérité qu’il semble indispensable de comprendre» Un exemple lui vient alors en tête : «Fin février, nous faisions une réunion publique à Faverges entre l’adoption de la réforme des retraites à l’Assemblée et son passage au Sénat. 150 syndicalistes nous attendaient à l’entrée. C’était très difficile à ce moment-là d’encaisser l’agressivité, la violence et en même temps de comprendre que la colère exprimée était certes liée aux retraites mais aussi au pouvoir d’achat et à une forme d’urgence sociale gigantesque. Alors quelques semaines après, j’ai pris rendez-vous ici-même à ma permanence avec les syndicats car c’est important de prendre sur soi, d’écouter les gens qui ne sont pas d’accord.»

«Si vous n’aimez pas les gens, il faut faire autre chose»

Antoine Armand explique la nécessité d’être présent sur le terrain, accessible, d’aller à la rencontre des acteurs locaux et des habitants. Sa suppléante et lui organisent régulièrement des réunions publiques, au rythme d’une par trimestre, et des permanences éphémères dans les communes. « Si vous n’aimez pas les gens, il faut faire autre chose. » En un an, ils disent avoir participé à environ 300 manifestations en circonscription. Le député explique avoir une bonne relation avec les élus locaux (mairies, intercommunalités, Conseil départemental) quelle que soit leur orientation politique « car ma responsabilité n°1, c’est d’aider nos territoires.»

Quelles problématiques locales vous ont le plus marqué ?

«Trois sujets me viennent à l’esprit : d’abord les inégalités, car ici ça va bien en général, mais ceux pour qui ça ne va pas sont moins visibles et c’est particulièrement dur pour eux. Je pense notamment aux gens qui dorment dans leur voiture alors qu’ils ont un travail, à ceux qui habitent à 50 ans dans un studio, alors qu’ils sont nés ici, car leur salaire ne leur permet pas d’avoir plus, etc. ; ensuite le fait que l’on soit à l’avant-garde du dérèglement climatique, nous avons vraiment une responsabilité particulière et devons proposer un modèle viable : l’arrêt de toute activité, par exemple, n’est pas un modèle soutenable et de toute façon personne n’en voudra ; enfin, le dernier point qui m’a marqué et auquel je consacre beaucoup de temps, c’est la relation avec les agriculteurs qui sont dans un monde à part de travail, d’efforts incommensurables. Ils ne comptent pas leurs heures, ne font pas ça pour l’argent et souvent aident leurs enfants une fois à la retraite. Notre responsabilité est de maintenir cette identité et de la faire perdurer. Cela passe par le respect du pastoralisme, la lutte contre la prédation, la ressource en eau et la transmission des exploitations. L’agriculture, c’est le besoin élémentaire, primaire, et dans un monde sophistiqué, ça détonne. C’est une manière de se rappeler qui on est et d’où l’on vient.»

Quant à sa relation avec les autres députés du département, Antoine Armand explique que «même au-delà des couleurs politiques, ça se passe très bien. Comme je le disais tout à l’heure, ce qui importe, c’est de défendre la spécificité de la Haute-Savoie». Il se dit proche de Véronique Riotton, députée de la 1ère circonscription (cantons de Annecy nord-ouest, Annecy-le- Vieux, Rumilly, Thorens-Glières) avec qui il partage sa permanence et une ville : «Nous nous parlons très souvent, nous sommes très alignés et nous essayons d’être chacun présents sur différentes thématiques.»

 

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