«Le monde d’après, on l’aurait imaginé avec moins de pauvres qu’avant»
Ce titre, emprunté au dernier communiqué des Restos du Cœur, illustre bien l’état d’esprit des milliers de bénévoles qui, à Rumilly comme dans la France entière, ont ouvert les portes des « Restos » pour la 36ème campagne de distribution engagée par l’association solidaire créée par Coluche en 1985.
Dans un contexte sanitaire inédit et, dans un « monde d’après » qui ressemble, pour les plus précaires et les plus fragilisés par cette crise, « au monde d’avant, en pire », la crise a accentué les inégalités, mettant en lumière la précarité alimentaire, « alors que plus de 5 millions de personnes avaient déjà recours à l’aide alimentaire en France ».
L’an dernier, en France, quelque 875 000 personnes ont été accueillies dans les centres des Restos, et des dizaines de milliers d’autres ont été aidées dans les activités de rue. Près de 140 millions de repas ont été servis aux personnes les plus démunies. Aujourd’hui, aux « Restos », on veut « continuer à faire face ». Mais pas seulement dans l’urgence, également sur le long terme, « car des milliers de personnes risquent de basculer durablement dans la pauvreté ». D’autant plus que les jeunes sont également touchés : une personne sur deux accueillie aux Restos a moins de 25 ans, 10 % ont entre 18 et 25 ans !
Il s’agit, en parallèle et au-delà de l’aide alimentaire, de développer des actions d’accompagnement afin, en particulier dans le contexte de la pandémie actuelle, de faire face aux conditions sociales « Que l’urgence alimentaire puisse aussi rester un levier d’inclusion sociale ».
Et cela avec la mobilisation, espérée, des pouvoirs publics, des instances européennes aux collectivités locales.
A Rumilly, on s’adapte !
« Les Restos, c’est toute ma vie ! ». Eliane, bénévole fidèle depuis près de vingt ans, se démène entre les différentes étagères pour préparer un colis.
C’est le premier jour de cette campagne d’hiver 2020-2021, et il faut, à nouveau, se mobiliser, à Rumilly. Le groupe des bénévoles prépare, depuis plusieurs semaines, cette 36ème édition, après une autre campagne, d’été, qui a permis de porter aide aux plus démunis des démunis.
« On démarre sur les chapeaux de roues ! », s’exclame Jean-Pierre, le responsable de l’antenne rumillienne. Au local de l’avenue Edouard André, tout a été préparé pour que les bénéficiaires soient accueillis, malgré les contraintes sanitaires, de la meilleure façon possible.
Et les contraintes ne sont pas minces. Aucun des bénéficiaires ne peut pénétrer dans le local, tous attendent à l’extérieur, sous une tente prêtée par la mairie. Ils ont été « convoqués » à une heure précise afin d’étaler les arrivées et d’éviter les rassemblements, et leurs colis de produits qui, eux, sont vraiment de première nécessité, leur sont remis à l’entrée par les bénévoles. Certes, et tous en sont conscients, l’accueil est moins chaleureux que d’ordinaire, mais la sécurité sanitaire passe d’abord. Et le sourire accueillant des trente bénévoles, qui ont quasiment tous répondu présent malgré la pandémie, compense cette organisation contraignante et évite les quelques tensions que le froid de cette fin d’automne peut entrainer pour des personnes obligées d’attendre dehors.
« Rumilly s’agrandit », constatent les responsables qui voient s’accroitre les demandes d’aide. « On s’attend à ce qu’au moins 300 familles rumilliennes soient concernées ».
En ne parlant que de celles qui répondent aux critères imposés pour pouvoir bénéficier des distributions des « Restos » qui ne sont pas seuls sur le front de la solidarité. Les contacts sont permanents avec le CCAS de Rumilly et l’épicerie solidaire Jeanne Burdin.
Et tous les services se mobilisent, y compris la municipalité de Rumilly et le département de la Haute-Savoie.
Pour ne laisser personne sur le carreau.