Le Solarium à jamais source d’inspirations
Depuis sa première exposition «Solarium - Arrère plan» présentée à l'automne 2016 et pour laquelle une vingtaine d'artistes ont collaboré, l'association Solarium Tournant créée par Anthony Lenoir et Émilien Adage, le premier artiste plasticien et le second historien de l'art, critique d'art et enseignant en arts plastiques, a trouvé avec les anciens Thermes nationaux un terrain de jeu privilégié pour la mise en place de résidences et d'expositions. Leur point de départ, l'ancien Solarium qui est resté visible sur les hauteurs de la cité thermale de 1930 à 1967 et les recherches en actinothérapie (traitement par des rayons lumineux produits artificiellement)du Docteur Jean Saidman.
Une nouvelle exposition collective à découvrir
Après un premier cycle de résidences ayant pris en 2017 leurs quartiers d'une part au fumoir du Grand Hôtel et au jardin vagabond (Rémi Tamburini) et d'autre part au boulodrome Gabriel Dufour (Maxime Lamarche), trois nouveaux artistes ont en effet été invités à travailler durant l'été au coeur des Thermes Pétriaux (au sud du bâtiment des anciens Thermes) en vue de l'exposition qui a débuté le 2 septembre dernier dans la piscine Pétriaux, ancien bassin de soins thermaux, et se poursuivra jusqu'au 14 octobre prochain. Ces artistes, ce sont Sarah Feuillas, Laurent Millet et Mengzhi Zheng, respectivement originaires de Lille, La Rochelle et Lyon. Comme le rappelle Émilien Adage, «le but de cette exposition est de montrer comment faire exister le lieu à travers des oeuvres pour lesquelles les artistes se sont employés par leurs gestes et leurs techniques à comprendre et à utiliser l'espace les entourant». À noter que l'exposition est ouverte du vendredi au dimanche de 14h à 18h, y compris durant les Journées européennes du patrimoine, et que l'entrée est totalement gratuite.
Trois visions différentes toutes fascinantes
Pour les trois plasticiens, l'architecture a occupé une place centrale dans leur démarche. Le premier à effectuer sa résidence a été Laurent Millet sur une dizaine de jours au mois de juillet. Son atelier temporaire s'est orienté vers la photographie et plus particulièrement la mise au point d'une série de cyanotypes, grâce à ce procédé de reproduction monochrome en négatif dans les tons de bleu. Après l'insolation en une minute de 5 toiles grand format enduites d'une préparation photosensible, l'une après l'autre tous les quarts d'heure au même endroit au 7e étage des anciens Thermes, l'artiste a livré une interprétation originale de la course du soleil dans cette partie du bâtiment devant prochainement disparaître dans le cadre de sa réhabilitation.
Au cours du mois d'août, le sculpteur Mengzhi Zheng est lui aussi intervenu selon ses propres envies du moment. Suite à deux reconnaissances du bâtiment dans son ensemble en février puis début juillet, il a été interpellé par plusieurs objets dont de petites boîtes abandonnées dans l'ancien magasin probablement destinées autrefois au rangement d'effets personnels. Il a donc eu l'idée de les mettre de côté pour s'en servir ensuite et faire naître «Contexture», contraction en quelque sorte des mots «contexte» et «texture», une série de 8 petits volumes en bois rappelant l'aspect du Solarium mais sans vraie fonctionnalité, ayant pris forme après plusieurs découpes, collages, vissages et autres assemblages. Ces volumes, il a décidé de les dévoiler soigneusement sur un support lui aussi en bois épousant les formes de l'un des petits bassins de la piscine Pétriaux. À une échelle plus grande, Mengzhi Zheng a représenté l'un de ses petits volumes en s'appuyant cette fois-ci sur les portes de cabines sur lesquelles il a poncé les extérieurs et laissé les peintures au centre. De quoi piquer la curiosité de tous les visiteurs, pouvant déambuler facilement autour de la structure, et faire apparaître une ambivalence par exemple sur l'extérieur et l'intérieur. Son orientation vers le puits central de lumière n'est elle aussi pas anodine. Enfin, Sarah Feuillas s'est déplacée avec le souhait de travailler le verre dans des moules pour la première fois en métal et a surtout été inspirée à son arrivée par les motifs géométriques Art Déco des anciens Thermes nationaux. Elle a notamment réalisé 6 moules distincts, avec un jeu volontaire entre zones vides et pleines, au centre desquels le verre a été soufflé par l'artiste verrier Vincent Breed basé à Brussieu dans le Rhône (Atelier Le Cercle Verre). En refroidissant le verre s'y est légèrement affaissé ne permettant ainsi plus la fermeture des moules. La subtilité de ce projet baptisé «Solar shuttle» réside dans les nombreux reflets se multipliant dans le verre traversé de toute part par la lumière.
Autre de ses œuvres à observer, résultant de la récupération de certains matériaux (bandes de protection en caoutchouc, plaques de métal, couverture de survie, miroirs, etc.), l'installation «Lunar panels» qui fait référence à l'activité passée de la piscine.
Infos : site Internet www.solariumtournant.com et page Facebook «Solarium Tournant»