Le Tour d’Horizon à Nantua

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Le 21 juin 2020, nous avions organisé une randonnée sur les Monts d' Ain au-dessus de NANTUA. Lors de cette randonnée, nos regards étaient attirés par le massif d'en face de l'autre côté du lac présentant de belles falaises. A ce moment-là, nous avions envisagé d'y effectuer une randonnée.

Ce 27 Novembre 2022, c'est chose faite. Après étude sur carte et topos de l'itinéraire, nous avons pu définir un circuit. Nous nous sommes donc rendus à 4 randonneurs sur le parking du lac à NANTUA. La météo reste favorable même si le soleil joue à cache-cache la plupart du temps. L'itinéraire commence donc par une progression le long du lac sur la voie verte en direction de MONTREAL LA CLUSE jusqu'au restaurant Belle Rive. Enfin nous quittons cette voie pour nous élever en direction du plateau de Don. Le sentier très agréable nous permet de progresser dans une végétation style un peu méditerranéenne constituée essentiellement de pins assez espacés. Lors de notre montée, nous avions le lac de NANTUA en vue permanente. Une fois rétablis sur le plateau de Don, nous prenons la direction de la barre des Fècles. Le sentier longe le haut des falaises présentant des vues inoubliables sur le lac de NANTUA et les Monts d' Ain. Sur une longueur de plus de 500 mètres, le sentier longe la Barre des Fècles, un vaste pan de falaise séparé du sentier par une profonde faille. Cette falaise est sous haute surveillance (plots en béton qui surveillent sa stabilité). Il est interdit (car très dangereux) de s'y aventurer. Elle laisse une faille béante visible depuis notre sentier. Nous continuons notre marche jusqu'au lieu-dit La colonne. Ce site a une histoire :

Monolithe de calcaire d'une hauteur de 36 mètres, d'un volume de 500 m3 et d'une surface moyenne à la base de 100 m3, la fameuse Colonne a longtemps menacé de tomber sur la capitale du Haut-Bugey. L' Abeille du Bugey et du Pays de Gex du 28 juin 1860 évoque déjà «un bloc énorme de pierre qui est pour Nantua la menace continuelle d'une catastrophe terrible». Il faut attendre février 1973 pour que la mairie demande au Bureau de Recherches Géologiques et Minières* (BRGM) d'intervenir. L'étude montre que la position verticale de la Colonne repose en équilibre sur sa base avec un léger basculement vers l'ouest. Par contre, le monolithe est, en lui-même, peu fissuré sauf dans son tiers inférieur. Il apparaît alors que cette masse rocheuse présente un découpage naturel à la faveur duquel on peut obtenir des blocs de 2 à 3 mètres d'arête environ. La méthode du dynamitage par tir unique est donc décidée ainsi qu'une date de destruction : le 4 septembre. A partir du 18 juillet, douze trous sont forés pour mettre les explosifs pour que la roche se fracture correctement. Les forages les plus profonds mesurent 32 mètres. Neuf jours après le début des travaux, la vitesse de déplacement du monolithe passe de 0,04 cm/h à 0,42 cm/h. Le 8 août à 14h30, l'ingénieur des Eaux et Forêts Daniel Donzel qui dirige les opérations constate que le déplacement total de la colonne atteint 25 cm. Décision est alors prise de la faire exploser au plus vite ... Deux trous supplémentaires du côté de l'inclinaison sont réalisés et sont bourrés d'explosifs. 300 gendarmes sont mis en état d'alerte ainsi que 10 ambulanciers et 3 médecins. Les hôpitaux du secteur sont réquisitionnés et les centres d'accueil pour la population sont ouverts. Le 9 août 1973 à 1 heure du matin, l'ordre d'évacuer 1 500 personnes est décidé. A 1h40, le personnel de la Colonne quitte les alentours du monolithe. A partir de ce moment, la Colonne se déplace à l'œil nu ... A 2h05, elle explose dans un grand fracas, sans dégâts ni victimes. A 4h du matin, tout est fini.

Notre sentier prend ensuite une direction plein nord en direction du lieu-dit la Tour. Nous connaissons de belles rafales de vent nous déséquilibrant parfois. Nous traversons une belle forêt quoiqu'un peu lugubre à certains moments laissant libres imaginations dans nos esprits. Nous retrouvons une petite goudronnée qui nous permet ensuite de rejoindre le hameau du Montaux. Nous profitons de ce lieu pour nous restaurer de nos casse croutes tirés du sac. Nous nous trouvons à l'abri du vent, mais il fait frais, nous empêchant de nous adonner à la sieste. Nous décidons alors de reprendre notre progression pour rejoindre un nouveau belvédère sur la Roche de Cern après une courte mais raide montée. Nous découvrons alors que nous nous trouvons juste au-dessus du lac de Sylans en surplombant la bretelle de sortie d'autoroute de NANTUA. Au loin, nous pouvons constater la présence des crêtes du Haut Jura avec en premier plan le grand crêt d'eau et son crêt de la Goutte qui culmine à 1621 mètres. Les sommets sont enneigés. Le lac de Sylan est connu par la présence des glaciaires exploitées au 19e siècle.

Les glacières de Sylans était le nom de l'un des plus importants chantiers de glace français. Les bâtiments de cette société, dont d'imposantes glacières, étaient construits au bord du lac de Sylans qui est un lac naturel situé sur les communes du Poizat et des Neyrolles, dans le département de l'Ain. Un peu d'histoire sur ce site :

Limonadier à Nantua et entrepreneur visionnaire, Joachim Moinat quitta son café d'Austerlitz le 1er janvier 1864 pour prendre le café du Paradis, situé rue Impériale, à Nantua. Il revendra cette entreprise un an plus tard, en novembre 1864, pour se consacrer au commerce de la glace de 1864 à 1885, date de la reprise de l'activité par la Société des Glacières de Paris. Entrepreneur dans l'âme, l'exploitation du lac de Sylans ne l'empêche pas de se lancer dans d'autres projets. En avril 1866, il propose le café Moinat, «composé de substances provenant des montagnes de Cerdon», «généralement employé comme calmant» et conseillé en cas d' «irritations de poitrines», puis dépose un brevet pour une carafe munie d'une cavité à glaçons. Projetant un moment de faire construire un téléphérique reliant Nantua aux Monts d' Ain, on le retrouve en 1872 directeur du buffet de la gare de Bourg-en-Bresse, à Sylans en 1884, puis à Nantua en 1888 où la maladie le terrassa en 1890, à l'âge de 60 ans. À ses débuts, Joachim Moinat livrait les restaurants et cafés des alentours en voiture à cheval et ce service local continua par la suite à se faire par diligence. L'ouverture de la ligne ferroviaire des Carpates en 1882 permit le raccordement des glacières de Sylans au réseau de voie ferrée de la compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée. L'entreprise possédait un quai de chargement et un transbordeur de wagons. Plusieurs voies permettaient aux trains d'accéder à l'intérieur des bâtiments. Deux petites dragues, situées sur des rails de chaque côté de la voie principale, permettaient le chargement des wagons. Ceux-ci étaient couverts d'une toile de jute, puis de 20 cm de paille fraîche, puis de deux autres bâches, l'une à l'effigie des Glacières de Paris, et l'autre marquée de l'inscription «Ne pas différer». Trente à quarante wagons transportant 10 tonnes de glace chacun partaient chaque jour d'été pour alimenter Lyon, Paris, Toulon, Marseille, Genève ou Alger. La tonne de glace était vendue 10 francs. On estime que sur dix tonnes partant de Sylans, huit tonnes arrivaient à Paris.

Après quelques minutes d'arrêt sur ce belvédère et une petite lecture de paysage, nous poursuivons notre escapade en direction de la Roche Merveilleuse. Le sentier est moins agréable car très gras, conséquence des dernières intempéries. Juste avant ce nouveau site, nous observons à nouveau une vue sur les contreforts du plateau du retord, le lac de sylans, les Monts d' Ain et les crêtes du Haut Jura. Arrivés à la Roche Merveilleuse, quelle déception. Nous nous attendions à un nouveau panorama notamment sur NANTUA et son lac. Il n'en est rien en raison d'une végétation abondante autour de nous. Lors de la descente sur NANTUA, deux chamois nous font grâce de leur présence.

Cette superbe randonnée qui présente un paysage très varié tout au long de notre progression est longue de 16,400 kilomètres. Sa dénivelée positive est de 700 mètres. Le balisage en jaune nous a permis de suivre l'itinéraire sans difficulté.

Si vous désirez participer à des randonnées organisées par notre association, vous pouvez nous retrouver aux permanences qui se déroulent tous les jeudis des semaines paires à la maison des associations de RUMILLY au 1er étage salle 3. Randonner dans notre club, c'est l'assurance de trouver une bonne ambiance et un bon esprit de cohésion, découvrir des secteurs tous aussi merveilleux les uns, les autres en toute sécurité. N'hésitez pas à prendre contact par mail avec le président :
jean.rouillon.jr.jr@gmail.com.

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