Le Tour du Lac du Bourget à marche forcée !
Pour Francisco Bogalho et Ibtissam Sihapanya, ce trail mythique de 75 bornes pour 3600 m de dénivelé qui contourne le plus grand lac naturel hexagonal, par les crêtes et au fil de l’eau, aura viré, de manière impromptue, à l’équipée sauvage. In fine, la prestation n’en est que plus belle pour ces deux figures de proue de Rumilly Trail Running (RTR), qui plus est dans un décor aussi envoûtant et grandiose.
Tout avait pourtant bien démarré, Coach Francisco, en roue libre jusqu’au 22ème km, étant en avance sur ses prédictions. Hélas, une chute spectaculaire entraînera de vives douleurs à une côte, mais surtout à une cuisse, à tel point qu’il se mettra à marcher durant une dizaine de km. Il est alors à deux doigts de jeter l’éponge.
Jaillissant de l’arrière, la Marocaine, amie indéfectible du Portugais, lui procure, comme par magie, une force énorme pour qu’il n’abdique pas. Parvenu au deuxième ravitaillement, installé au km 37 à Portout, le natif de Gondomar avale un cachet avant de répandre une crème sur les parties endolories. Dès lors, cette épopée se poursuit à deux, Ibtissam se collant désormais aux basques de son mentor qui retrouve le sourire au km 52, les gémissements ayant disparu.
Pourtant, il ne cherche pas à donner un coup d’accélérateur qui lui aurait permis de rattraper le temps perdu, du moins en partie. En effet, il n’oublie pas le rôle décisif joué par sa protégée dans sa résurrection inespérée. Un juste retour des choses, en quelque sorte. Et puis, ne s’est-il pas mis en phase avec l’ADN de RTR où le sens du partage, mêlant convivialité et altruisme, l’emporte sur toute autre considération, y compris la performance ? Autre motif de ne pas prendre la poudre d’escampette, l’énorme fatigue qui assaille dorénavant la Maghrébine qui a donc besoin de soutien.
Poussé dans ses ultimes retranchements, le tandem atteint, tant bien que mal, au terme de cette éprouvante ascension, le relais de l’Aigle, perché au mont du Chat, toit de cette chevauchée à 1496 m d’altitude qui accueille le 5ème et dernier ravito. Après avoir repris des forces, le binôme entame alors l’interminable dégringolade finale qui ne sera pas une sinécure. Pour qu’elle n’ait aucune pression de sa part, le Lusitanien se détache d’Ibtissam. Du coup, Francisco retrouve son rythme habituel, et gagne ainsi quelques minutes. Hélas, la douleur resurgit et freine part-conséquent la moindre de ses velléités.
Au bout du compte, le leader de RTR boucle son odyssée à la 311ème place en 13h14’29, soit 2h30 seulement avant la barrière horaire, et 2h de plus que son objectif initial. Désormais, priorité au repos avant l’ultime échéance d’une année fructueuse menée tambour battant, prévue le 4 décembre : le Gerês Extreme Marathon et ses 1350 m de dénivellation, disputé au nord du Portugal qui n’est autre que sa région natale.
Quant à sa coéquipière, elle n’a jamais aussi bien portée son prénom Ibtissam qui a pour signification : sourire, joie !
Au final, elle franchit la ligne assez vite après Francisco, accaparant la 329ème position, et la 20ème chez les dames, en 13h30’54. Pas mal du tout pour sa première compète de course à pied, au demeurant sur un 75 bornes, ce qui est rare et détonnant !
Parallèlement, on soulignera le résultat d’un autre RTR en la personne d’Alexis Antonini qui se classe au 378ème rang en 14h09’56.