Le tourisme à Aix-les-Bains explose en 2024 : ce que révèle le dernier bilan
Michel Frugier, enfant du lac du Bourget et passionné par son territoire, occupe depuis plus de 20 ans des fonctions clés dans le développement du tourisme à Aix-les-Bains. Président de l'Office de Tourisme d'Aix-les-Bains Riviera des Alpes, il nous dresse un bilan de la saison estivale 2024, marquée par une hausse de 3 % des nuitées malgré un début de saison difficile, et revient sur les défis à venir pour le secteur thermal. Entretien.
Vous êtes depuis longtemps un acteur central du développement touristique à Aix-les-Bains. Pouvez-vous nous rappeler votre parcours et ce qui vous motive dans votre engagement ?
Oui, je suis très attaché à ce territoire car je suis né au bord du lac du Bourget, il y a plus de 60 ans. J'ai grandi ici, à Aix-les-Bains, et j'ai développé très tôt une passion pour le lac et les activités nautiques. J’ai commencé par m’investir dans le sport, notamment au sein du club de voile, avant de m’orienter vers le tourisme. Je suis élu depuis 2001, d’abord en charge du sport, puis du tourisme. Aujourd'hui, cela fait huit ans que je préside l'Office de Tourisme d'Aix-les-Bains Riviera des Alpes. Date à laquelle nous avons créé notre marque labellisée. Mon objectif est toujours resté le même : valoriser notre territoire et le faire découvrir sous toutes ses facettes, qu'il s'agisse du lac, des montagnes ou de notre patrimoine thermal.
Un succès malgré
les aléas climatiques
En ce qui concerne la saison estivale 2024, quels sont les points marquants que vous retenez ?
Cette année, nous avons réussi à maintenir une dynamique positive malgré un début de saison perturbé par une météo peu favorable. Jusqu’au 17 juillet, les conditions étaient loin d’être idéales avec beaucoup de pluie, ce qui a légèrement retardé l’arrivée des touristes. Mais à partir de la deuxième quinzaine de juillet, et surtout en août, nous avons enregistré une forte reprise, avec un pic de fréquentation en août. En fin de compte, nous terminons la saison avec une progression de 3% par rapport à 2023, atteignant 1,74 million de nuitées touristiques. C'est une très belle performance dans le contexte actuel.
Quels types d’hébergements ont le plus bénéficié de cette affluence touristique ?
Nous observons une augmentation notable des réservations via les plateformes numériques qui affichent une croissance de 6,8% cette année. Cela montre que de plus en plus de touristes optent pour des hébergements alternatifs, qu’ils soient meublés ou chez l’habitant. Toutefois, les hôtels et les campings n’ont pas été en reste, avec de très bons résultats. Plusieurs établissements hôteliers ont même ouvert ou été rénovés récemment, comme le Grand Hôtel du Parc et le Château Brachet. Cela prouve que notre territoire attire toujours les investissements dans l’hôtellerie. Autre secteur en développement, la location de particulier à particuliers (Airbnb) qui est en augmentation, mais on s’adresse à une autre clientèle plus de passage ou d court séjour.
Le thermalisme en difficulté : une relance nécessaire
Si le bilan général est positif, vous avez mentionné des difficultés pour le secteur thermal. Que se passe-t-il exactement ?
Le thermalisme, qui est l'une des identités historiques de notre région, traverse une phase délicate depuis la crise du COVID. Avant la pandémie, nous accueillions environ 28 000 curistes par an. En 2023, nous n’en comptabilisons plus que 20 000. Cette baisse est préoccupante, surtout pour les hôtels et les hébergements qui s’appuient sur cette clientèle spécifique. Il y a une vraie réflexion à mener pour relancer ce secteur, non seulement au niveau local, mais aussi à l’échelle nationale. Nous devons trouver des moyens d’attirer de nouveau les curistes, tout en continuant à diversifier notre offre touristique.
Vers une diversification pour éviter la surcharge estivale
Vous parlez de diversification. Quelle est votre stratégie pour répartir l'affluence touristique tout au long de l'année ?
L'idée est d'éviter que tout se concentre en août, qui est déjà notre mois le plus chargé. Nous cherchons à attirer plus de visiteurs en dehors de la haute saison, notamment en mai, juin et septembre. Nous voulons allonger la saison touristique afin de limiter la surcharge en plein été, qui peut nuire à la qualité de l'expérience des visiteurs et à la qualité de vie des habitants. Cela passe par la promotion d'événements sportifs et culturels tout au long de l'année. En 2025, nous accueillerons par exemple un championnat du monde de voile, et en 2026, une grande compétition de Dragon Boat avec plus de 4 800 participants. Ces événements aideront à renforcer notre attractivité hors saison.
Le tourisme, un levier économique majeur
pour Aix-les-Bains
Quelle est la place du tourisme dans l'économie locale ?
Le tourisme est un pilier fondamental de notre économie. Il représente 165 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel et emploie directement environ 2 000 personnes sur notre territoire. C'est un moteur essentiel pour de nombreuses entreprises locales, que ce soit dans l'hôtellerie, la restauration ou les activités de loisirs. Nous devons donc continuer à investir dans ce secteur pour soutenir notre développement économique, tout en préservant notre cadre de vie.
Vous avez évoqué le tourisme durable et l’importance des mobilités douces. Quels sont les projets en ce sens ?
Nous faisons de gros efforts pour promouvoir les mobilités douces, en particulier autour du lac du Bourget. Nous avons presque achevé la piste cyclable qui fait le tour du lac, et nous mettons à disposition des vélos en libre-service, ce qui encourage les visiteurs à découvrir la région à deux roues. En ce qui concerne la navigation sur le lac, nous sommes également pionniers dans la transition vers une mobilité décarbonée. Cet été, nous avons mis en service un bateau 100 % électrique pour l’entretien du port, et nous espérons voir cette initiative se développer avec d'autres bateaux publics et privés à l’avenir.
«Aix-les-Bains Riviera
des Alpes» la marque
incontournable
En 2016, vous avez participé au lancement de la marque "Aix-les-Bains Riviera des Alpes". Pouvez-vous nous expliquer la genèse de cette initiative ?
L’idée de créer la marque "Aix-les-Bains Riviera des Alpes" est née de notre volonté de renforcer l'identité et l’attractivité de notre territoire. Nous avons un cadre naturel exceptionnel avec le lac du Bourget, la montagne et une riche histoire liée au thermalisme. Toutefois, il nous manquait un positionnement clair pour nous distinguer des autres destinations. En s’inspirant de ce concept de "Riviera", qui fait référence à un art de vivre entre lac et montagne, nous avons voulu associer le bien-être, la nature et la douceur de vivre propres à notre région. Le mot "Riviera" évoque cette alliance entre l’élégance et la nature, tout en restant accessible.
Quels sont les retours de cette initiative ? La marque a-t-elle su fédérer les acteurs locaux ?
Absolument. Dès le début, notre succès dépendait de l’adhésion des acteurs locaux. Nous avions fixé un objectif de 300 partenaires pour porter la marque. Aujourd'hui, nous comptons 1 400 socioprofessionnels qui utilisent la marque dans leur communication. Cela va des hôteliers aux restaurateurs, en passant par des producteurs locaux, des artisans ou encore des entreprises touristiques. Ils ont compris l’importance de cette marque pour valoriser leurs activités. C’est vraiment une réussite collective. Grâce à cette dynamique, la marque s’est imposée dans le paysage touristique et contribue fortement à l’attractivité de la région.
Comment la marque se traduit-elle concrètement sur le terrain pour les visiteurs ?
Concrètement, la marque "Aix-les-Bains Riviera des Alpes" est présente partout : dans les brochures, sur les sites web, et même sur les enseignes et produits des partenaires. Cela crée une cohérence et une identité visuelle forte pour les visiteurs. Nous avons aussi mis en place des panneaux signalétiques, y compris sur les autoroutes, ce qui renforce la visibilité de la marque dès l’entrée dans la région. Cela contribue à ancrer cette image de Riviera au cœur des Alpes dans l’esprit des visiteurs. L’important, c’est que les touristes associent leur expérience ici à un moment de détente, de bien-être et de découverte, dans un cadre naturel et préservé.
Quels sont les partenaires les plus emblématiques qui ont adhéré à la marque ?
Parmi les partenaires les plus emblématiques, je citerais des établissements comme le Grand Hôtel du Parc, Château Brachet, ou encore l’hôtel du Cervolan, récemment rénové. Des institutions locales, comme les thermes Chevalley, sont également des acteurs majeurs. Mais nous avons aussi des partenaires plus atypiques, comme des vignobles et des producteurs locaux. L’un de mes rêves serait de voir Opinel, qui est un symbole mondial du savoir-faire savoyard, créer un couteau "Aix-les-Bains Riviera des Alpes". Cela montrerait encore plus l’attachement à notre territoire.
Perspectives d’avenir
et grands événements à venir
Quels sont les projets futurs qui marqueront la région dans les prochaines années ?
Comme je l’ai mentionné, nous avons plusieurs grands événements sportifs à venir, notamment le championnat du monde de voile en 2025 et une compétition de dragon Boat féminin en 2026. Ces événements internationaux renforcent l'image d'Aix-les-Bains comme une destination dynamique et attrayante, même en dehors des mois d'été. Nous continuerons à travailler sur l’allongement de la saison touristique, et à améliorer nos infrastructures pour accueillir au mieux les visiteurs tout au long de l'année.