Le «train thérapeutique» pour les personnes atteintes d’Alzheimer a été inauguré

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C’est avec beaucoup d’émotion que s’est déroulée l’inauguration du train thérapeutique «Coq’ Express», ce mardi 6 juin à l’EHPAD Les Coquelicots, en présence des porteurs du projet et des divers partenaires. Grâce à l’implication, à l’enthousiasme, au dynamisme et à la solidarité de chacun, ce projet de «thérapie par le voyage», 100% local et intergénérationnel, a pu voir le jour en seulement un an.

Un voyage virtuel pour apaiser, rassurer et stimuler les résidants

Les équipes de soignants de la résidence Les Coquelicots, qui accueille des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou maladies apparentées (MAMA), ont souhaité créer un espace de thérapie par le voyage à travers la reconstitution d’un compartiment de train au sein de l’établissement. Ils ont pour cela fédéré de nombreuses forces vives du territoire qui ont contribué à la création d’un véritable décor immersif et thérapeutique, avec notamment un écran de télévision en guise de fenêtre sur lequel sera projeté un défilement de paysages de l’Albanais et de lieux emblématiques de Rumilly (église, grenette, presbytère…). Le but de ce voyage virtuel, à travers des endroits qu’ils connaissent, est à la fois d’apaiser, de rassurer et de stimuler les résidents en ravivant en eux des souvenirs et des émotions. Conçue par des chercheurs italiens, cette thérapie non médicamenteuse aux résultats probants permet une diminution des troubles du comportement, du stress et de l’agitation, en faisant notamment appel à la mémoire sensitive. Une étude lancée en Italie a d’ailleurs permis d’observer une diminution de 30% des déambulations et de 40% des traitements médicamenteux.

«Un véritable projet porteur de sens»

Lors de l’inauguration, où la voiture de train a été dévoilée, suscitant beaucoup d’admiration, diverses prises de paroles ont permis d’en apprendre un peu plus sur ce beau projet. Véronique Robin, directrice de l’hôpital Gabriel Déplante auquel l’EHPAD est rattaché, a fait part de sa grande fierté envers l’équipe des Coquelicots qui a su la convaincre de se lancer dans cette grande aventure avant tout humaine. «Ils sont partis avec une page blanche, un chiffre, une idée et ils ont construit ce projet par la seule force de leur dynamisme et du travail collectif qui a rapidement pris de l’ampleur». L’équipe des Coquelicots a décidé de créer cet espace en impliquant les familles et divers acteurs locaux (collectivités, associations, lycéens, entreprises…). «Au-delà du bénéfice pour les résidents, ce choix permet d’ouvrir l’EHPAD sur la ville, le territoire. C’est un véritable projet porteur de sens». De nombreux partenaires publics et privés se sont associés au projet qui a pu être autofinancé grâce à la générosité de l’ensemble des bénévoles et donateurs. Le maire Christian Heison, président du Conseil de surveillance de l’hôpital, a salué une « belle boucle de solidarité territoriale pour une idée pouvant paraître un peu folle et décalée au début mais qui nous a tous séduits».

Développer des thérapies non médicamenteuses

A noter que le concept de «thérapie du voyage» existe déjà en France avec un module clé en main… A Rumilly, les initiateurs ont choisi d’en faire un projet territorial de A à Z. Cette démarche s’inscrit également dans le projet d’établissement du centre hospitalier, validé en juin 2021, qui vise à développer en gérontologie des approches thérapeutiques non médicamenteuses. Selon la directrice, cette mobilisation démontre une sensibilité aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées «extrêmement présentes dans nos sociétés et qui vont sûrement l’être de plus en plus. Nous devons les accompagner dans les soins mais aussi dans leur lieu de vie».

«Un chef-d’oeuvre humaniste»

Les élèves de 1ère Bac pro Technicien Constructeur Bois (TCB) et de 1ère et terminale CAP Peintre Applicateur de Revêtements (PAR) ont participé au projet dans le cadre de leur formation visant à réaliser un chef-d’oeuvre. Cette expérience les a motivés et ils se sont fortement impliqués pour leurs aînés. «Lorsqu’on le fait pour une association ou une collectivité territoriale, le chef-d’oeuvre est qualifié de républicain. N’étant pas dans ce cadre, j’avais envie de lui trouver un mot et j’ai choisi de le nommer chef-d’oeuvre humaniste» a expliqué Serge Billard, proviseur de l’établissement, saluant l’enthousiasme des élèves et l’implication de leurs professeurs. Les élèves TCB ont réalisé l’ossature et l’habillage du compartiment, les élèves PAR la peinture, la pose du papier peint et du sol. «Ils ont pour l’occasion vécu de véritables situations d’examens, les CCF, contrôles en cours de formation» a précisé Olivier Guétard, directeur des formations, qui a collaboré de près avec Sylvie Thenery, l’initiatrice et cheffe du projet. Cette dernière, très émue par l’élan de solidarité territoriale et par le résultat à la hauteur de ses attentes, a tenu à remercier l’ensemble des acteurs qui se sont investis quelle qu’en soit la manière et a rappelé la genèse du projet.

«Nous croyons fermement au pouvoir des souvenirs et des émotions»

«Il y a près de deux ans, lors des premiers confinements, nous avons été témoins de l’épuisement des soignants, de l’isolement de nos aînés et du désespoir de leurs proches qui ne pouvaient les voir qu’à travers une bulle de visite. Alors cette bulle de visite, nous avons voulu la transformer en bulle de rêve. C’est dans ce contexte que l’idée de la thérapie du voyage a germé dans nos esprits. Pourquoi ? Car nous croyons fermement au pouvoir des souvenirs et des émotions pour améliorer la qualité de vie des patients Alzheimer. A bord du Coq’ Express, nos résidents pourront profiter d’un voyage enchanteur à travers de magnifiques paysages filmés, des effets sonores et des odeurs. Ils vont vivre une véritable expérience immersive. La micheline est vraiment dans l’inconscient collectif de nos aînés le train qu’ils prenaient. Quelques aménagements restent à effectuer : un quai de gare, un deuxième film et plein de projets dans nos valises». Selon Jean-Pierre Anchisi, qui a réalisé la vidéo, avant de proposer une version définitive de film, une phase de test va être effectuée avec la version bêta projetée ce mardi, car «on ne sait pas comment les résidents vont réagir et c’est donc à l’issue d’un certain nombre de semaines ou de mois, que les soignants pourront faire remonter leurs avis. Peut-être devrons-nous modifier les couleurs, la vitesse de défilement… Le but étant d’apporter du bien-être».

Bon voyage à Coq’ Express et à tous les résidents !

 

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