L’EAU s’est invitée au 15eme congrès de l’économie alpestre

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Le congrès annuel de la SEA 74 (Société d’économie alpestre) présidé par Fabienne DULIÈGE était onsacré au sujet de l’EAU en alpage.

Plus de 160 participants dont de nombreux alpagistes, maires, élus locaux, conseillers départementaux, régionaux, députés et sénateurs ont pu profiter des riches échanges autour de ce sujet primordial, pour préparer l’avenir et assurer la pérennité du pastoralisme.

Martial SADDIER, en ses qualités de président du Conseil Départemental mais aussi du comité de bassin Rhône-méditerranée, a rappelé le soutien sans faille du département à l’agriculture et l’élevage de montagne. Il a dressé un tableau de l’évolution des débits du Rhône à l’horizon 2055 dans un contexte de changement climatique accéléré. Les préconisations sont : économiser l’eau – ralentir les écoulements en désimperméabilisant et redonnant de l’espace de liberté aux cours d’eau – mobiliser des ressources de substitution – et stocker au printemps les réserves qui seront consommées l’été, notamment par le pastoralisme et la défense incendie.

Les besoins en eau pour les alpages sont modestes et diffus, si on les compare aux autres usages et aux volumes circulants dans le bassin du Rhône : c’est une goutte d’eau, mais qui doit être mobilisée au bon moment et au bon endroit pour assurer l’alimentation en eau des troupeaux.

Lors d’une première table ronde, le service pastoral de la Drôme a présenté des modalités de stockage innovantes pour limiter l’évaporation, les pollutions par la faune sauvage ou encore produire des ouvrages parfaitement intégrés dans des espaces à grande valeur paysagère. Côté Suisse, Kim FIAUX du bureau Montanum, a évoqué les avantages et limites des étangs agroécologiques développés dans le Jura Suisse, dans un contexte réglementaire imposant une très forte intégration paysagère.

Pour autant il est rappelé que les systèmes classiques (citerne, impluvium, retenues) ont prouvé leur faisabilité et leur robustesse et restent à ce jour majoritaires.

La deuxième table ronde était consacrée aux questions de qualité de l’eau : qualité des zones humides, d’abord, milieux sensibles mais qui ont de tout temps interagit avec le pastoralisme. L’exemple de Praz sur Arly a montré comment concilier préservation de ces milieux multifonctionnels au rôle avéré en matière de stockage et de purification de l’eau, pâturage et abreuvement des troupeaux. La qualité des eaux de process et d’abreuvement a ensuite été au coeur des débats entre volonté de maitrise du risque sanitaire en contexte de production fromagère au lait cru et réalité des conditions de l’alpage.

Jusqu’où faut-il aller sans perdre ce qui fait la typicité des fromages locaux ? Avant le traitement de l’eau, les préconisations pratiques sur l’entretien des ouvrages, font quant à elles l’unanimité. Enfin, l’exemple du Plan de gestion de l’eau du Salève a montré comment les acteurs pastoraux maîtrisent leurs impacts dans un massif karstique très sensible aux contaminations.

En conclusion, Antoine Armand, député de la deuxième circonscription et co-président du groupe pastoralisme à l’Assemblée nationale, a présenté son travail sur les sujets de la prédation. Il a appelé à ne pas opposer agriculture et écologie et salue en cela le travail de médiation effectué par la SEA de Haute-Savoie et à s’appuyer sur des faits objectifs pour faire évoluer le cadre de gestion du loup et d’appui aux éleveurs.

Le mot de la fin a été donné à Raphaël Guillet, DDT adjoint et représentant M. Le Préfet, qui a conclu sur les questions de partage de l’eau, de gestion de la fréquentation des alpages aggravé par la problématique du loup et des chiens de protection , et invitant à ne pas tirer de conclusions hâtives de la légère baisse du nombre d’attaques déclarées en 2023: les conditions de travail des alpagistes restent difficiles humainement et techniquement : le futur plan national loup devra être à la hauteur des attentes!

Protéger le pastoralisme et accompagner ceux qui défendent une agriculture de montagne vivante, une économie agricole dynamique a été le mot de la fin de ce congrès. Pour cela, stocker l'eau quand elle est disponible, afin de la restituer à l’endroit et à la période où elle est nécessaire, devient incontournable.

Le congrès s’est conclu par une remise des armoises d’or, illustrant la diversité des acteurs ayant oeuvré pour le pastoralisme avant de prendre une retraite bien méritée.

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