L’éco-hameau des Granges : la nature d’abord, l’urbanisation ensuite

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Depuis une dizaine d'années, la commune de La Motte-Servolex travaille à la requalification d'une friche industrielle de 17 ha, qui comprend une zone humide asséchée. Cet éco-hameau des Granges vise à renaturer ce site abîmé et à construire 550 logements, en respectant le principe de durabilité et en favorisant le lien social.

Urbaniser intelligemment, c'est le principe que s'est donné Luc Berthoud en devenant maire de La Motte-Servolex en 2008. Depuis cette date, il travaille à la requalification de l'ancienne carrière de granulats des Granges, un site de 17 ha limitrophe du Bourget-du-Lac et de Savoie Technolac, dont l'exploitation a impacté l'environnement alentour, avec la présence d'une topographie accidentée et d'une zone humide diminuée. Cette friche industrielle avait été classée en 2005 zone à urbaniser par le Plan local d'urbanisme et le Schéma de cohérence territoriale. « Une deuxième zone à urbaniser avait émergé, celle de Barby dessous, mais je n'ai pas voulu prendre ce site à l'agriculture », confie l'élu.

Au-delà de la volonté de nettoyer cette cicatrice industrielle, l'enjeu consistait à produire du logement, tout en préservant voire en enrichissant la biodiversité du site, avec la restauration de la la zone humide des Janons et la mise en place de corridors pour la faune. «Une mare existait. Autour, il y avait un sanctuaire de végétation avec la présence de zones de tuf exceptionnelles et même d'une mousse champignon unique en Europe. Nous avons d'abord défini la partie du site consacrée à la végétation, à l'eau et au parc avant de nous attaquer à l'urbanisation», insiste le maire. A terme, cette mare sera protégée, accessible simplement par une passerelle. Un parc de 2,5 ha rappellera l'histoire du site avec l'implantation de jeux d'enfants thématiques et une partie boisée constituera le troisième espace naturel de ce futur éco-hameau.

Début de la construction des premiers logements au troisième trimestre 2022

Cet aspect a séduit les organisateurs du concours «Capitale française de la biodiversité». L'une des raisons pour laquelle La Motte-Servolex a remporté le titre de «Meilleure petite ville pour la biodiversité» en 2021. «Préférer urbaniser une friche industrielle à l'étalement urbain sur un terrain agricole est une démarche à saluer», observe Gilles Lecuir, organisateur du concours. Le travail de renaturation du site, de reconstitution de l'alimentation en eau de la zone humide en est aussi à l'origine : «La mare possède une valeur paysagère et d'usage. Le projet fait une grande place à l'eau de pluie, déconnectée des eaux d'assainissement, évitant ainsi de surcharger les stations d'épuration avec un risque de pollution associé», décrit M. Lecuir.

L'urbanisation intervient donc en second. Une Zone d'aménagement concertée (Zac) est constituée et définit trois zones, qui comprendront au total 550 logements, répartis en habitat individuel, petits collectifs et collectifs intermédiaires, dont 160 logements sociaux, mais aussi du commerce et des activités. Les travaux dans la première zone devraient commencer au troisième trimestre 2022 : trois permis ont été attribués à l'Opac, à Savoisienne Habitat et à Bouygues Immobilier pour la construction de 210 logements. Sur la deuxième zone, 45 logements seront réalisés par l'Opac et il reste à confier les 45 autres à un promoteur dont le nom sera connu en mars prochain. Quant à l'attribution des logements de la troisième zone, elle devrait intervenir dans un an.

Cet éco-hameau, sous-tendu par une démarche de durabilité, fera la part belle aux énergies renouvelables, aux bâtiments basse consommation, au travail sur la lumière naturelle et la bonne orientation des logements, au compostage collectif. Cette labellisation vise aussi le vivre-ensemble, favorisé par les parties communes, jardins partagés et espaces naturels.

La Ville multiplie les actions en faveur de la biodiversité

Depuis 12 ans, la municipalité de La Motte-Servolex mène une politique poussée en matière environnementale et a été primée pour ses efforts, récemment encore en recevant les labellisations «Territoire engagé pour la nature » et « Meilleure petite ville pour la biodiversité 2021».

La Motte-Servolex est récompensée «pour son accompagnement du monde agricole à travers des diagnostics agronomiques et écologiques, pour la renaturation de ses cours d'eau en centre urbain, pour ses efforts en termes de pollution lumineuse sur les zones à enjeux et le lancement de son atlas de la biodiversité communale», énumère Martin Bé, chargé de projets à l'association Rivière Rhône-Alpes Auvergne. La plantation de haies vives, l'installation de nichoirs adaptés aux espèces et d'écuroducs (permettant aux écureuils de franchir des obstacles en toute sécurité), les îlots de sénescence en forêt communale, les 13.000 m² de prairies fleuries et les actions en faveur des insectes pollinisateurs complètent la démarche.

En parallèle, «nous avons développé dans nos gymnases, et maintenant dans nos écoles, une utilisation raisonnée des produits chimiques. Pour le nettoyage, nous utilisons du savon noir, du bicarbonate et du vinaigre blanc. Nos agents ne se cassent plus le dos, ne stockent plus des produits parfois incompatibles entre eux et nos locaux ne sont plus pollués par les produits chimiques», ajoute le maire, Luc Berthoud.

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