L’efficacité de l’unité de traitement au charbon actif est confirmée
L’unité de traitement au charbon actif mise en service le 6 décembre 2023 à Rumilly pour dépolluer l’eau contaminée aux PFAS (composés perfluorés dits « polluants éternels »), semble bien fonctionner. L’installation de cette station expérimentale, jusqu’alors unique en France à l’échelle d’un territoire, a été décidée par la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie (CCRTS) suite à un plan d’actions engagé avec l’Agence Régionale de Santé (ARS) afin de trouver des solutions alternatives à moyen et long termes.
Pour rappel, à l’automne 2022, les résultats des analyses effectuées par l’ARS sur le réseau d’eau potable du territoire révélaient des concentrations anormalement élevées en PFOA (composés PFAS dont l’utilisation et la fabrication sont interdits depuis 2020 au niveau international en raison de ses effets potentiellement cancérogènes) dans deux nappes phréatiques qui alimentent plus de 10 000 habitants, soit environ deux tiers des Rumilliens. Le 14 novembre 2022, les captages de Madrid (ressource principale) et de Broise (ressource complémentaire notamment l’été) étaient donc déconnectés du réseau de la collectivité pour être reconnectés à celui du Grand Annecy. Cette solution de court terme, d’abord envisagée jusqu’à la période estivale face au risque de sècheresse, a finalement dû être prolongée, le temps de mettre en place le système de traitement retenu, de réaliser des tests puis désormais de pallier le manque d’eau supplémentaire car la capacité de traitement de l’unité est limité.
3 840 000 litres d’eau traités chaque jour
Comme l’explique Serge Déplante, vice-président de la CCRTS en charge de l’eau et de l’assainissement, « cette unité de traitement mobile, composée de deux filtres, traite l’eau du captage de Madrid. Le captage de Broise est pour l’instant mis en sommeil et compensé par d’autres sources telles que la Veïse et l’eau du Grand Annecy ». En ce mardi 2 janvier, l’élu confirme l’efficacité du traitement dont les résultats d’analyse sont positifs : « Les deux filtres fonctionnent bien. Chacun traite 80 m³ d’eau par heure donc 160 m³ sont traités par heure au total », ce qui représente 3840 m³ par jour soit 3 840 000 litres. « Le manque d’eau sera compensé par le Grand Annecy avec qui nous avons un accord pour 2024 et 2025. La collectivité voisine pourra nous fournir jusqu’à 160 000 m³ par an en cas de besoin ».
L’unité de traitement, exploitée par la Saur, devait initialement être opérationnelle mi-novembre, mais sa mise en service a été décalée car un des deux silos ne fonctionnait pas correctement. Les filtres devront être changés tous les trois mois environ. Au fur et à mesure que les polluants sont absorbés, certains d’entre eux se fixent et l’eau est de nouveau contaminée. Plus les filtres se remplissent, moins ils sont efficaces, comme l’avait expliqué Fabien Guers, chargé de mission sur la ressource en eau, lors d’une conférence de presse fin octobre, avant de préciser qu’ « une fois retirés, les filtres seront reconditionnés chez le fabricant et les charbons actifs seront régénérés par combustion dans des fours à haute température ». Concernant leur fiabilité, "des analyses seront régulièrement effectués" assure Serge Déplante.
Plus d’1 million d’euros d’investissement
Le montant de l’investissement pour cette unité de traitement est de 1 500 000 euros, avec un soutien financier de 880 000 euros (subventions du Conseil départemental et de l’Etat). Le coût de fonctionnement s’élève à 360 000 euros annuels, entièrement financés par la communauté de communes, ce qui aura vraisemblablement un impact sur le prix des factures d’eau de l’ensemble des habitants du territoire, lesquelles ont déjà augmenté (eau potable+assainissement) en 2023 de près de 6%, « au gré de l’inflation » précise le vice-président en charge de l’eau et de l’assainissement, confirmant qu’il faudra également payer l’eau achetée au Grand Annecy.
En parallèle, une troisième réunion du comité des élus s’est déroulée le 18 novembre (après le 24 février et le 30 juin), au cours de laquelle les services de l’Etat ont présenté les résultats et les perspectives d’investigations menées par la cellule interministérielle départementale dédiée à la gestion de la présence de PFAS. « Nous continuons les recherches concernant cette pollution avec la réalisation d’une étude environnementale pilotée par la communauté de communes sur la surveillance des sites, la qualité et la quantité des ressources de l’intercommunalité. Nous travaillons avec le BRGM Auvergne Rhône Alpes (Bureau de Recherches Géologiques et Minières, NDLR), en associant la Ville de Rumilly, le SMIAC et les services de l’Etat » informe Serge Déplante.
Entre les problématiques de pollution et de sécheresse de plus en plus fréquente, bien que ces derniers temps la météo ait été pluvieuse, l’élu rappelle l’importance d’être vigilant quant à la consommation d’eau, qu’il s’agisse de la population, des industriels (qui consomment 40% de l’eau distribuée) ou des collectivités.