«L’engagement pour Rumilly» : un bilan mitigé à…70% ?
Philippe Hector, tête de liste d’opposition «L’engagement pour Rumilly» dresse, aux côtés d'un de ses colistiers Serge Bernard-Granger, un bilan très mitigé concernant les 18 mois de mandat de maire de Christian Heison. Les deux hommes évoquent leurs incompréhensions, leurs désaccords, leurs incertitudes et leurs attentes pour 2022 et les années qui suivront.
Cet entretien s'est déroulé après la publication dans un autre média, du bilan du Maire Christian Heison.
«On n’arrive pas à 70% d’un programme lancé ou réalisé»
Quel bilan faites-vous de ces 18 mois de mandat?
Philippe Hector : «Quand on coche «fait», «lancé» ou «pas fait», soit on manque d’informations, soit quelque chose ne nous a pas été transmis, mais on n’arrive pas à 70% d’un programme lancé ou réalisé comme l’annonce Christian Heison. Peut-être faudrait-il nous rassurer, nous élus mais aussi les Rumilliennes et Rumilliens, au travers d’une information que nous n’avons pas et qui, en terme de transparence, manque, que ce soit sur la notion de bilan ou la notion d’information tout court. Ce qui n’est pas spécifique aux minorités mais au conseil municipal dans son ensemble car nous ne sommes pas tenus au courant d’un certain nombre de choses qui font pourtant partie de la vie de la collectivité et que nous apprenons soit à travers la presse, soit au travers des pages Facebook de la majorité.
Concernant le programme, si on est réellement à 70% d’actions lancées et/ou réalisées au bout de 18 mois, on peut aussi se poser plusieurs questions :
est-ce que ce programme était suffisamment ambitieux et pas un peu creux? Est-ce que certaines actions n’étaient pas déjà lancées par l’ancienne municipalité ? Est-ce que ce n’était pas un programme en partie basé sur des actions extérieures, je pense notamment aux vélo-routes, projet piloté par la Région et le Département. Un certain nombre de sujets n’ont jamais été abordés en commission, comme celui des transports et déplacements qui pourtant est un sujet phare pour les habitants. L’équipe majoritaire avait dit, via les réseaux sociaux, qu’au lendemain de son élection, elle lancerait une étude sur le pont de contournement est, et aujourd’hui on apprend qu’elle ne s’occupe pas du contournement mais de la rocade. Nous apprenons tout ça à droite à gauche, par la presse, par de tierces personnes. Pourquoi ne pas en discuter en commission ?»
Serge Bernard-Granger : «Pour rebondir sur ces 70%, quand on reprend la liste, une grosse partie vient de l’Action Cœur de Ville qui avait été mise en place par l’ancienne municipalité. Alors d’un côté, on s’approprie ce qui va bien et puis le reste, c’est la faute des autres. L’urbanisme, c’est soi-disant à cause des anciens, mais je rappelle quand même que monsieur le Maire était autour de la table quand on a voté le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI) avec la Communauté de Communes et il aurait pu voter contre. En sachant qu’aujourd’hui, c’est lui qui signe les permis de construire, ce n’est pas l’ancien maire. Donc à un moment donné, il faut qu’il prenne ses responsabilités.
J’ai un certain vécu à la mairie de Rumilly, c’est mon 5eme mandat dont 2 en tant que maire adjoint, je connais le fonctionnement de la collectivité et aujourd’hui j’ai l’impression qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. L’avion de mairie, pour moi, il va dans le mur. On a des ordres, des contre-ordres, et c’est vraiment le désordre. Il n’y a aucun fil conducteur, et pourtant le directeur de cabinet avait été recruté pour ça.»
« On n’a toujours pas notre premier bulletin municipal »
P. H. : «Ils ne manquent pas d’idées et de sujets sur lesquels ils peuvent communiquer puisqu’un bulletin destiné au personnel a été fait, ce qui est très bien, c’est une communication interne qui se fait dans beaucoup d’institutions, ce qui en soi est intéressant pour communiquer lorsqu’il y a par exemple un recrutement, un débat. Sauf qu’ils en sont au deuxième bulletin et nous n’avons toujours pas notre premier bulletin municipal. Autre exemple, ils voulaient révolutionner la relation entre les citoyens et la collectivité ‘mairie’, en mettant en place une application ‘Appli Rumilly’. Un an et demi après, on n’en a toujours pas parlé. Alors n’était-ce pas un coup de comm’ ? On peut aussi se poser la question.
Un autre facteur qui n’avait jamais été vu jusqu’à maintenant, ce sont des démissions dans l’exécutif. Une démission dans un exécutif c’est quand même un signal fort.
Aussi, je pense qu’on a une vraie problématique de la part du maire et son mode de fonctionnement : il dit oui à tout le monde. L’exemple de l’installation d’un écran géant pour l’association de rugby, on n’a rien contre, on a voté pour, mais à l’heure actuelle, avec les problématiques sanitaires que l’on rencontre, est-ce vraiment la priorité ?
Enfin, les Rumilliennes et Rumilliens peuvent eux aussi faire leur bilan, s’ils ont conservé le programme, qu’ils pointent en fonction de ce qu’ils ont vu, entendu et qu’ils en tirent les conclusions qui en découlent.
«De temps en temps, ils savent écouter, retenir ce qu’on leur propose»
Des exemples de propositions que vous avez faites et qui ont été prises en considération ?
P. H. : «Avec la période que l’on a traversée, on avait des réunions au sein desquelles il fallait trouver des solutions, mais des réunions à 17h30 ou 18h pour des actifs, c’est compliqué. J’avais donc demandé à ce qu’on puisse les organiser à la fois en présentiel et en distanciel, selon les possibilités de chacun. Et cette proposition a été écoutée et retenue. Sur le remodelage des commissions, toutes les réunions peuvent se faire soit en étant présent soit à distance. De temps en temps, ils savent écouter, retenir ce qu’on leur propose et c’est pour l’intérêt de tous, pour avancer sur les réunions de travail et pour qu’elles soient efficientes. A ce propos, quand le directeur de cabinet a été recruté, on nous a dit que c’était pour qu’il y ait plus de communication en interne, pour faire le lien entre la Mairie et l’Intercommunalité et pour qu’il s’occupe notamment de la création d’un agenda partagé. Le nombre de fois où les réunions Mairie et Communauté de Communes se superposent, où on est obligés de choisir parce qu’on ne peut pas se dédoubler. Il était là pour apporter une plus-value, favoriser la communication, et on reste dans une attente. Je précise qu’on ne critique pas la personne en elle-même mais sa fonction.
Un dernier point. Les maires donnent habituellement leur parrainage vis-à-vis des candidats, et se positionner, c’est aussi savoir s’affirmer, que vous donniez la chance à des « petits » candidats ou que vous restiez dans votre famille politique, peu importe. Selon moi, c’est comme aller voter, c’est un devoir de le faire.»
«Il faut que les programmes aillent jusqu’au bout»
Comment percevez-vous et envisagez-vous 2022 ?
S. B-G. : « Je suis très inquiet pour la ville, car on est plus sur la parole que sur l’action».
P. H. : «Pourquoi est-ce qu’on est élu ? Premièrement, parce qu’on aime les gens. Si on n’aime pas les gens, ce n’est pas la peine d’aller vers cette fonction car c’est une fonction ingrate et où il n’y a pas de reconnaissance et si vous courez après ça, vous avez tout faux. C’est mon expérience de maire qui me fait dire ça. Deuxièmement, parce que vous êtes juste et équitable, vous faites en sorte que tout le monde soit logé à la même enseigne et vous faites en sorte que ce que vous avez annoncé, vous allez le réaliser. Et quand on reprend le programme et qu’on coche, personnellement, je reste sur ma faim.
Il faut que les programmes aillent jusqu’au bout. Aujourd’hui, les gens en ont marre des belles paroles sans réalisations derrière, et plus ça va plus on a un fossé énorme entre les citoyens et les élus quels qu’ils soient.
Notre volonté première, est qu’il se passe des choses pour les Rumilliennes et les Rumilliens. Et l’idée, c’est que ça serve au plus grand nombre.
S. B-G. : «On peut citer l’exemple de la déviation est qui aurait une utilité pour le territoire complet. Ça construit partout autour de Rumilly, à Sales, à Marcellaz, à Vallières, et beaucoup de gens ne font que traverser la ville. Je pense que ce contournement, il faut le faire avant tout pour la Communauté de Communes, pas pour les Rumilliens.»
P. H. : «On peut dire qu’il servirait quand même aux Rumilliens puisqu’il y aurait moins de trafic mais ce ne sont pas eux qui l’emprunteraient le plus. L’idée étant qu’il soit le plus petit possible, car on sait que ce genre d’ouvrage coûte énormément d’argent, et qu’il y ait un impact minimum sur l’environnement».
Qu’attendez-vous de la majorité ?
P. H. : «Qu’ils fassent ce pourquoi ils ont été élus».
Des voeux à adresser aux Rumilliens ?
P. H. : «Je leur souhaite une bonne santé, après tout ce qu’on a traversé sur ces deux dernières années, on se rend de plus en plus compte que sans ça, on ne fait rien. La prospérité, parce que si on n’arrive pas à vivre de son travail, ça veut dire que c’est compliqué au quotidien. Il y a des familles pour qui chaque fin de mois est difficile. Comme disait Coluche : «le plus dur, c’est les 30 derniers jours». Retrouver la joie et la vie sociale, aussi au travers des associations car on a la chance d’avoir un tissu associatif très riche.»
S. B-G. : «Je voudrais ajouter qu’il est important que les Rumilliens gardent le moral».
P. H. : «Et qu’on reste à leur écoute. On n’est pas aux manettes mais on peut leur apporter un certain nombre de réponses».