Les agriculteurs poussent un cri d’alarme sur leur situation
Alors que les accords de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada a été ratifié par la France en juillet dernier et qu’un accord avec l’Amérique du Sud est en négociations, les agriculteurs savoyards expriment leur crainte.
C’est par la voix de deux syndicats, Jeunes Agriculteurs et la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles), que les agriculteurs dénoncent un traité laissant l’entrée de viande dont on ne peut être sûr de la qualité dans le pays.
D’après eux, le Canada et le Brésil, considérés dignes de confiance par le gouvernement, sont les plus critiques au sein de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) des normes européennes trop strictes.
Ils se félicitent que certains membres de la majorité aient refusé de voter pour la ratification mais regrettent les abstentions, qui auraient pu faire peser la balance en la défaveur du CETA.
Ils insistent sur le fait que le Canada autorise les éleveurs à nourrir leur bêtes avec des farines animales (qui sont au cœur du scandale de la vache folle dans les années 1990-2000) ou du maïs OGM tout en les traitant à grands renforts d’antibiotiques.
Sans compter que le modèle d’élevage canadien est à l’opposé de ce qui se passe dans les départements savoyards avec des fermes contenant jusqu’à 30 000 animaux contre un modèle familial dans la région.
En ce qui concerne l’Amérique du Sud, les craintes se fondent sur le manque de traçabilité de la viande brésilienne.
Le système de contrôle sanitaire et de traçabilité du pays aurait déjà montré son manque de transparence et de fiabilité, laissant ainsi envisager l’arrivée de viandes à l’origine inconnue dans nos assiettes.
Ceci alors que la traçabilité en France est garantie de la naissance de l’animal jusqu’à l’arrivée dans l’assiette du consommateur. Ils veulent donc que ces derniers puissent faire leur choix en connaissance de cause, en sachant que les éleveurs savoyards ont fait le choix de la qualité.
En ce qui concerne le modèle savoyard, les représentants syndicaux se sont dits satisfaits du prix actuel du lait, plus élevé que dans le reste du pays grâce à un renforcement de la qualité et un respect du cahier des charges pour les AOP et IGP.
Ce dernier empêchant tout de même de sortir des marges plus élevées. Ils sont toutefois heureux de voir que les efforts de agriculteurs ont pu porter leurs fruits et que les exploitations sont capables de tourner sereinement.
Les produits phytosanitaires ont aussi été au cœur de la discussion. Les agriculteurs se plaignent de l’ambiance actuelle visant à les critiquer sans chercher à comprendre pourquoi ils en utilisent. Ils considèrent en effet avoir déjà beaucoup travaillé sur une réduction de leur utilisation ainsi qu’un meilleur choix des produits pour réduire les dangers.
Selon eux, l’interdiction de ces produits à 150 mètres des habitations qui est à l’étude dans plusieurs communes représente un danger.
En effet, cela pourrait faire perdre jusqu’à 15% de terrain exploitable aux propriétaires. De plus, ils indiquent que la tendance actuelle à vouloir réduire l’utilisation de ces produits localement tout en voulant importer des denrées de l’étranger, où ils sont utilisés en masse, n’a pas de sens logique.
Ils reprochent donc aux politiciens et au public d’être trop manichéens dans leur vision des choses. Ils proposent donc une concertation et estiment qu’il faudrait prendre en compte la présence d’exploitations en cas de constructions d’habitations en installant des protections autour de ces dernières.
Ils reconnaissent toutefois qu’ils ont un besoin de plus communiquer mais regrettent l’absence de vivre-ensemble dans les campagnes.
En effet, la pression permanente qu’ils subissent les démoralise et ils n’apprécient pas qu’on vienne leur donner des leçons sur la manière de faire leur métier, estimant qu’ils sont assez bien placés pour savoir ce qu’ils font. Ils insisteront d’ailleurs sur le fait que leur objectif n’est jamais que de nourrir leurs concitoyens et que pour ça, il leur faut pouvoir exploiter toutes leurs terres. Il est d’ailleurs à noter que, selon eux, l’agriculture française a fait beaucoup d’efforts pour être respectueuse et durable.
En Savoie, il y a des problèmes importants de prédation, principalement dus au loup. Dans le département de la Savoie, 400 attaques ont eu lieu et en Haute-Savoie, c’est 74. Ces attaques mettent les éleveurs sous pression en permanence. Ils se posent donc la question de ce que l’État va mettre en œuvre pour les protéger.
En effet, l’élevage extensif actuel se trouve mis à mal et les syndicats craignent que les éleveurs choisissent de redescendre dans leur bergerie. Ils disent aussi qu’on ne peut, au 21ème siècle, demander à un éleveur de rester 24 heures sur 24 en alpage pour protéger ses troupeaux, alors que ceux-ci se feront quand même attaquer. Ce qu’ils demandent, ce n’est pas que le loup soit complètement éradiquer mais qu’il soit plutôt cantonné là où il n’y a pas d’élevage et en limiter le nombre.
En effet, la solution la plus classique, qui est l’adoption d’un chien de protection pose problème dans deux cas. Le premier, c’est que c’est l’éleveur qui est mis en cause si un promeneur est attaqué alors que c’est l’État qui pousse derrière et le chien est une charge supplémentaire, surtout en hiver.