Les agriculteurs savoyards ont ouvert leurs portes
Mardi 22 octobre, alors que, partout en France, les agriculteurs ont décidé de faire des actions coup de poing en manifestant, les savoyards ont décidé d’exprimer leur mécontentement plus calmement.
En effet, un peu partout en Savoie et Haute-Savoie, des exploitations ont ouvert leurs portes au public et aux élus afin de faire prendre conscience du travail qu’ils effectuent au quotidien et exprimer leurs craintes au plus grand nombre.
Pour l’arrondissement de Chambéry, c’est le GAEC Tochon qui a été choisi. Cette exploitation a été créée en 1903, prenant sa forme actuelle en 1998. Spécialisée dans la tomme de Savoie, l’emmental et la raclette, elle possède à l’heure actuelle 48 vaches laitières pour 45 génisses, le tout avec 100 hectares de prairie pour les pâturages et 8 hectares de champs céréaliers. Cela leur permet donc de produire 300 000 litres de lait par an, qui seront donc transformés en fromages.
Denis Gonthier, de la fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) nous a dit que le but derrière cette action est qu’ils préfèrent éviter de prendre le public en otage, préférant la discussion avec les autorités avant de lever le ton.
C’est le même son de cloche qui est suivi par Raphaël Nantois des Jeunes Agriculteurs (JA).
Il veut jouer la transparence avec le public et les élus tout en faisant comprendre l’importance d’accord comme le CETA ou le Mercosur (accords de libre-échange avec le Canada et l’Amérique du Sud respectivement) qui posent problème en ce qui concerne l’alimentation avec des farines animales, les hormones et les OGM.
En effet, alors qu’ils avaient l’espoir de voir leur situation s’améliorer avec la loi alimentation de 2018, ils se sentent maintenant pris en étau et ont l’impression qu’on leur reproche de tout faire mal. Pour eux, les coûts de revient allaient être pris en compte par le législateur, ce qui n’a pas été fait.
Malgré tout, ils continuent leurs efforts pour produire mieux mais apprennent ensuite qu’on leur impose un traité de libre-échange avec le Canada. Bien entendu, la part minoritaire de l’agriculture dans le commerce extérieur français, voire européen, et reconnu par la profession.
Cependant, ils trouvent absurde qu’on leur impose des mesures de qualité constamment plus dures tout en laissant la porte ouverte à des produits moins qualitatifs. Ils tiennent en effet à ce que le public puisse être averti et conscient de ce qu’il a dans son assiette, pour éviter des scandales sanitaires tels que celui de la viande de cheval en 2013.
Le problème est que si ces accord prévoient un contrôle strict des denrées qui entrent sur le territoire, la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations) n’aurait à l’heure actuelle pas les moyens de tout contrôler. Selon M. Nantois, le gros problème est ici la tromperie du consommateur.
Bien entendu, le loup est lui aussi un problème qui revient souvent dans la bouche des agriculteurs. Ils s’inquiètent de voir la prolifération d’un animal qui n’hésite pas à s’en prendre à des troupeaux d’ovidés, qu’ils soient protégés ou pas. Bien sûr, quand une bête est tuée, une compensation est versée, parfois largement supérieure à la valeur de la bête. Mais un sentiment existe, c’est que les autorités cherchent à acheter le silence de l’agriculteur, ne prenant aucunement son bien être en compte.