Les communes s’engagent à limiter leur consommation en eau
Quatorze communes de Grand Lac et de Grand Chambéry ont signé une convention pour économiser la ressource en eau, qui tend à se tarir du fait du dérèglement climatique. Elles mettront en œuvre des opérations simples mais efficaces, impliquant la population pour certaines.
Les chiffres et les faits sont affolants. Dans les Alpes du Nord, les températures ont augmenté de 2,25° par rapport à la période 1961-1990. La température annuelle moyenne des eaux de surface du lac du Bourget suit la même tendance, s'élevant de près de 1,2° sur les 30 dernières années et jusqu’à 2,1° entre avril et juin, en écho à la hausse des températures des rivières du bassin versant. En parallèle, le manteau neigeux a diminué de près de 40% ces 20 dernières années, ce qui induit une baisse de la recharge en eau printanière. Les périodes de sécheresse deviennent plus longues, plus intenses et s’étendent jusqu’en fin d’automne. Elles ont d'ailleurs commencé très tôt cette année.
Les conséquences, bien tangibles, se font immédiatement ressentir. Les sols s’assèchent alors plus rapidement et les besoins en eau des végétaux augmentent. La Leysse, l’Hyères, le Sierroz et la Deysse, principales artères hydrauliques du lac du Bourget, ont vu leur débit minimum mensuel chuter de 30 à 40% entre la fin des années 90 et 2020.
Cette diminution des débits des sources produit une cascade d'effets néfastes en termes de biodiversité aquatique et terrestre, de faune et de flore et impacte les usages en eau des communes et des agriculteurs. Preuve est est la multiplication des arrêtés préfectoraux de limitation et de restriction des usages de l’eau non prioritaire, au moment où les besoins sont les plus forts...
Face à ce constat, des actions ont déjà été entreprises. « Les industriels se sont impliqués en installant des récupérateurs d'eau, les agglomérations ont accompagné les agriculteurs en construisant des retenues collinaires et en leur prodiguant des formations pour utiliser l'eau plus chichement. Les agglomérations se sont aussi investies à travers la lutte contre les fuites sur leurs réseaux d'eau potable et en réalisant des aménagements sécurisant l'approvisionnement en eau pour éviter de pomper dans les cours d'eau », énumère Marie-Claire Barbier, maire de Chindrieux, présidente du Cisalb, vice-présidente du Département et de Grand Lac. Manquait un échelon : les communes.
Des règles de bon sens
L'opération « Eau climat, on agit ! », instaurée par le Cisalb, en partenariat avec les communautés d'agglomération de Grand Lac et de Grand Chambéry, et l'Agence de l'eau vise à accompagner les communes dans le but de limiter leur consommations en eau. Si 77 communes sont ciblées, 14 _dont Aix-les-Bains, Grésy-sur-Aix, Ruffieux, Chindrieux, Viviers-du-Lac, Le Bourget-du-Lac, Serrières-en-Chautagne, La Motte-Servolex_ ont déjà signé l'engagement. « Certaines actions sont obligatoires, d'autres à tiroir. Il n'y a rien d'innovant là-dedans, mais il s'agit d'une démarche collective. La population est consciente de ces problèmes, mais l'eau coule toujours au robinet. Nous devons lui faire prendre conscience de la nécessité d'agir collectivement, en commençant par être exemplaire au niveau communal », estime Marie-Claire Barbier. « Ce n'est pas de l'écologie punitive mais incitative », complète Renaud Beretti, maire d'Aix-les-Bains et président de Grand Lac.
Quelques initiatives ont déjà été entreprises et pourraient faire tâche d'huile. « A Chindrieux, nous avons ôté un certain nombre de massifs de fleurs. Une action pragmatique. Il ne faut plus regarder sous le prime esthétique mais sous celui de l'eau. Arrêtons de tondre aussi souvent, ou transformons les espaces pour en faire des cultures de plein champ. Plantons des espèces qui consomment peu d'eau, oublions les fleurs annuelles, minéralisons les espaces », propose la maire de Chindrieux. Aix-les-Bains, reconnue pour la qualité de ses espaces verts, fleur d'or du concours des villes et villages fleuris, déploie déjà des efforts : « L'obtention de la fleur d'or est conditionnée par le respect de critères environnementaux. Nous veillons au choix des espèces, à la sobriété des usages en eau, au bannissement des produits phytosanitaires, à la suppression de fontaines ou leur mise en circuit fermé. Depuis deux étés également, nous désimperméabilisons et ombrons les cours d'écoles », détaille M. Beretti. Des règles de bon sens, en somme.
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Réduire la pollution des rivières en customisant les grilles d'eaux pluviales fait partie des actions proposées.