Les élèves de terminale aux archives départementales, à la maison d’Izieu et au mémorial de la prison de Montluc
Alors qu'il y a quelques semaines, nous vous présentions le projet interdisciplinaire Levi-Joffo associant les spécialités HLP (Humanités-Littérature-Philosophie) et HGGSP (histoire-géographie-géopolitique-sciences politiques) ainsi que les disciplines d'histoire et d'italien, à l'occasion d'un parcours guidé par le musée de Rumilly sur les traces de Joseph Joffo dans les rues de la ville, le projet des élèves de terminale du lycée Démotz s'est poursuivi par deux sorties.
Ils se sont rendus une matinée aux archives départementales de Haute-Savoie pour travailler sur des documents de la seconde guerre mondiale avec le médiateur des archives, Denis Martin. Ils ont visité le site, faisant connaissance avec cette réserve d'histoire nationale et ses missions : collecter, classer, conserver et communiquer. Ils ont ensuite travaillé sur des documents source sélectionnés par l'archiviste. Par leur confrontation, ils ont ainsi découvert les réalités de la vie pendant la seconde guerre mondiale et les choix différents de citoyens. Tandis qu'un habitant de Megève s'indignait des discriminations faites aux juifs «interdits de bancs publics» ; un autre, membre d'un groupe pétainiste et antisémite, interpelait le préfet sur «pain, beurre ...et jambon» que les juifs voleraient aux Français, ignorant visiblement que les adeptes du judaïsme ne mangent pas de porc ! La diversité des documents soumis a permis de donner un panorama complet de la particularité de notre département qui a connu l'administration du régime de Vichy, l'occupation italienne puis l'occupation allemande entre 1940 et 1944.
Mardi 12 novembre, ces mêmes élèves sont d'abord partis vers la maison d'Izieu. Lieu de la rafle du 6 avril 1944, où 44 enfants et 7 adultes ont été arrêtés sur ordre de Klaus Barbie, chef de la gestapo de Lyon, parce qu'ils étaient juifs et envoyés en déportation. Seule l'une d'entre eux a survécu. Les terminales ont bénéficié d'une présentation de l'histoire de la maison d'Izieu, du contexte territorial et historique mais aussi des procès au cours desquels les nazis ont été jugés pour leurs crimes contre l'humanité.
L'après-midi, le car les a emmenés à Lyon, au mémorial de la prison de Montluc où étaient internés les résistants et les juifs que Klaus Barbie, surnommé «le boucher de Lyon», torturait. En effet la prison française, d'abord militaire puis civile qui avait ouvert ses portes en 1921, avait été, pendant la guerre, réquisitionnée par l'armée allemande. Quelle ne fut pas la surprise des élèves d'apprendre que c'est dans cette même prison que Barbie fut enfermé après son extradition vers la France et son procès en 1987 ! Prison qui a continué à servir l'administration carcérale jusqu'en 2009, date à laquelle elle a été rachetée par le ministère des armées et transformée en mémorial.
Après ces 3 temps forts et le travail de recherche des élèves à raison de 2 heures par quinzaine depuis le début de l'année, le point d'orgue de ce projet sera le déplacement en Pologne en février 2025 où les élèves découvriront les lieux du génocide d'hier et comment aujourd'hui la Pologne le fait vivre dans la mémoire collective.
Elèves et professeurs espèrent que leur engagement sera récompensé par l'accompagnement des différents organismes sollicités: région Auvergne-Rhône-Alpes, FMS (fondation pour la mémoire de la Shoah), FNAM (fédération nationale André Maginot), Souvenir français et CICP (commission interministérielle de coopération pédagogique), tous acteurs de la mémoire.
