Les employés de l’Ehpad Au Fil du temps en grève

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Depuis plusieurs mois, le salaire des personnels de l'Ehpad géré par l'ADMR est amputé de 183€ mensuels, car l'Agence régionale de santé refuse de financer leur revalorisation salariale... malgré une circulaire interministérielle leur reconnaissant ce droit. Face à cette injustice, les salariés poursuivent leur mobilisation en faisant grève ce mercredi 29 juin.

Quatre mois après, rien n'a bougé. Les salariés de l'Ehpad d'Entrelacs, Au Fil du temps, géré par l'ADMR, ne lâcheront pas le morceau pour obtenir leur dû, les 183€ mensuels amputés de leur revenu. Cette prime Ségur, revalorisant les salaires des personnels des Ehpad, leur échappe depuis plusieurs mois maintenant.

Après 12 ans de statu quo (les salariés de l'ADMR touchant entre 400€ et 500€ de moins que leurs homologues des secteurs public et privé), l'avenant 43 à la convention collective de la branche associative de l'aide à domicile a procédé à une revalorisation des salaires, le 1er octobre 2021, soit une augmentation comprise entre 250€ et 500€ selon le diplôme et l'ancienneté.

L'Etat refusant de cumuler ces deux mesures financières, versant simplement la prime Ségur par le biais de l'Agence régionale de santé (ARS), le président de l'ADMR d'Entrelacs, Dominique Clément, avait dû faire un choix. Il avait préféré arrêter de reverser aux employés la prime Ségur pour pouvoir financer l'avenant 43 qui leur est plus favorable, tout en piochant dans les fonds propres de l'association pour assurer le différentiel. Une situation intenable sur la durée pour l'association.

Après moult courriers aux pouvoirs publics et démarches avec les parlementaires, Dominique Clément et les députées de Savoie, Emilie Bonnivard et Typhanie Degois, ont été reçus au printemps dernier par la ministre déléguée à l'Autonomie de l'époque, Brigitte Bourguignon. Cette rencontre a donné lieu à une circulaire en date du 12 avril 2022 confirmant que les salariés des Ehpad gérés par l'ADMR étaient bien éligibles à la revalorisation de l'avenant 43. « L'ARS refuse d'appliquer cette instruction ministérielle lui intimant de financer les deux dispositifs, sous prétexte qu'elle n'a pas l'argent pour payer. La CNSA (caisse nationale de solidarité pour l'autonomie) n'a pas débloqué les fonds correspondants. Le financement de l'avenant 43 pour les Ehpad gérés par des ADMR s'élève à 160.000€ pour les deux établissements savoyards, et à 500.000€ au niveau national », précise M. Clément.

 

Le risque de voir les employés partir

Ce mercredi, Dominique Clément se rend à Paris pour rencontrer la CNSA et doit effectuer un point de situation avec les députées savoyardes et les salariés ce vendredi. De leur côté, après avoir manifesté au printemps, les salariés de l'Ehpad ont décidé de se mettre en grève ce mercredi pour dénoncer cette situation profondément injuste. Malgré tout, un service minimum sera assuré pour le confort, les soins, et la sécurité des résidents, avec l'intervention des bénévoles ce jour-là.

Pour défendre ses intérêts et ceux de ses collègues, Patricia Falcoz s'est syndiquée. « Nous effectuons le même travail que dans le public. L'Etat ne tient pas ses promesses et nous sommes aujourd'hui face à un mur », déplore-t-elle. Elle cite l'exemple de cette employée à temps plein, qui, en travaillant également deux week-ends tous les mois, perçoit seulement 1300€. « Il se peut que certaines filles décident de partir. Ce serait dommage pour cet établissement à taille humaine où règne la bienveillance. Des salariées ont du mal à boucler leurs fins de mois et prennent des ménages en plus de leur travail. Elles préféreraient passer ce temps avec leurs enfants... Il est plus avantageux de travailler à l'usine, où les week-ends sont chômés et les chèques vacances distribués », remarque Mme Falcoz.

Deux aides-soignantes ont déjà décidé de quitter l'établissement, trouvant des conditions financières plus favorables ailleurs. Dominique Clément regrette cette «  concurrence déloyale de la part des Ehpad de la fonction publique qui rémunèrent 250€ de plus ». Pour remplacer ces deux aides-soignantes, l'ADMR a dû embaucher deux intérimaires « qui coûtent le double ! »...

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