Les Enfants de la République

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En ce moment précis, où je suis devant mon clavier d’ordinateur à me demander ce que je vais bien pouvoir raconter cette semaine, personne ne sait si on va pouvoir fêter Noël en famille ou si on devra organiser des « Réveillons Skype », chacun devant sa part de bûche et sa flûte de champagne. En tout cas, moi je n’en sais rien, et je me refuse à faire des prévisions qui, sans doute, seront fausses.
Mais si les tristes mesures, que certains esprits chagrins prennent plaisir à annoncer et que la situation sanitaire risque de rendre nécessaires, se confirment, on ne va pas rigoler pour Noël et le Nouvel An. J’aime bien mes enfants et ils me le rendent bien, mais si on reste entre nous le 25 décembre, je n’aurai certainement pas l’impression d’une fête. Même si tous – parents et enfants – on va se mettre en quatre pour que l’ambiance y soit un peu. Mais… Ce sera un peu comme tous les jours.
Et, en y réfléchissant, je me rends compte que ce qui va le plus me manquer si aucune réunion de famille n’est possible pour Noël, ce sont ces fameuses discussions de fin de repas. Lorsque frères et belles-sœurs, un peu « chauffés » par un repas bien arrosé, entament un débat passionné – et toujours contradictoire ! - sur un sujet pris totalement au hasard. Le plus souvent la politique, évidemment. Même si, quelquefois, on frôle le pugilat, ce sont tout de même des moments forts, ceux durant lesquels on s’affronte sans se faire mal pour, inconsciemment sans doute, le plaisir de se réconcilier quand le café arrive. Je suis sûre que vous me comprenez.
Et je le regrette d’autant plus que, maintenant, ma fille, du haut de ses presque 15 ans, s’intéresse à tout cela et apporte son regard neuf, et vraiment intéressant, sur le monde d’aujourd’hui. 
L’autre jour, elle a voulu, avec ses copines, aller à la manifestation contre la loi « Sécurité globale », à Annecy. Avec slogans et panneaux ! Dire que j’étais enthousiaste serait excessif et, pour le dire franchement, je me suis fait tirer l’oreille pour lui donner ma permission. Mais, en même temps (comme dirait l’autre), quel bonheur de voir ma fille, à qui j’espère avoir transmis ce qu’on appelle de « vraies » valeurs, se prendre en charge et s’affirmer !
Quand j’étais étudiante, j’ai fait partie de quelques-uns de ces groupes qu’on appelait contestataires. Sans violence évidemment, simplement pour demander que les adultes réfléchissent. Je ne crois pas qu’on ait été écouté(e)s… Pourtant, certaines des idées que l’on défendait sont maintenant sur les tablettes des élus, mais avec combien d’années de retard ?
Les jeunes sont excessifs, mais la plupart non violents. Leurs idées, ils les expriment en vrac, un peu n’importe comment. Pourtant, il faut les écouter, ces « enfants de la République ». 
Parce que, très souvent ; ils ont raison, au fond.
Alors, aujourd’hui, alors que, d’état d’urgence en état d’urgence, de crise sanitaire en crise économique, plus personne ne peut faire de projet d’avenir, j’ai vraiment envie d’écouter ce que mes enfants ont à dire. 
Ne serait-ce que parce que nous, les adultes, n’avons certainement pas à « la ramener ». Ce que nous avons fait – et quand je dis « nous », cela concerne toute ma génération – de ce monde, vraiment il n’y a pas de quoi en être fiers.

Lady Marianne
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