Les étapes d’une métamorphose annoncée
La sauvegarde du patrimoine thermal aixois représente un problème récurrent pour les équipes municipales successives. Les frais annuels d’entretien et de rénovation de l’ensemble des bâtiments issus de 9 séquences historiques, des Romains au XXe siècle, sont trop élevés pour être portés par la Ville. Vendus à prix coûtant (1,2 million) et sous conditions l’an dernier au groupement Bouygues Immobilier et la Société d’Aménagement de la Savoie, les anciens Thermes doivent faire l’objet d’un projet immobilier comptant 200 logements afin de financer la sauvegarde et la valorisation des vestiges.
Les conditions
Occupés dans les parties les plus récentes Thermes Pétriaux et Tour Mabileau) par différents organismes, hébergeant les services municipaux, l’OTI, le Centre Hospitalier Spécialisé de pédopsychiatrie, l’école Peyrefitte, des associations, les locaux doivent être libérés avant mi 2020 par la municipalité. Le désamiantage des lieux, dont le chiffrage précis est encore incertain, est également à la charge de la collectivité d’ici l’an prochain. Les nouveaux propriétaires se sont engagés à s’appuyer sur le choix des aixois concernant les nouvelles structures d’habitation et valoriser les parties classées, soit les Thermes Romains et les bains de l’Aga Khan restées propriétés communales. « Pour sauver le passé, il faut construire l’avenir. Il était grand temps de décider un projet de réhabilitation et d’agir avant d’être contraints à la destruction, ce qui est impensable » déclara Mr le maire. Les institutions encadrant le projet telles que la DRAC ont-elles aussi émis des impératifs, notamment la volonté de contraster l’existant avec un style plus moderne.
Le choix aixois «L’Ecume des Ondes»
Après les présentations des 6 versions imaginées par 3 architectes, les aixois ont été invités à voter pour le projet de leurs choix. A l’issue des 15 jours ouverts au vote, 4 689 voix se sont exprimées, dont 2 949 en faveur du projet 1-B, version basse imaginée par Vincent Callebaut : L’Ecume des Ondes. « Le challenge était pour moi de magnifier le paysage entre le lac et les montagnes. Je fais partie de ces nouvelles générations qui proposons des bâtiments éco-responsables, en produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Panneaux solaires, gestion des eaux pluviales, et biodiversité peuvent entre autres, répondre aux besoins d’habitations citadines !Cette plus-value énergétique sera redistribuée à l’ensemble des anciens Thermes. C’est ce qu’on appelle la solidarité énergétique. C’est un projet inédit en France où nous proposons de créer une forêt verticale en construisant deux bâtiments végétalisés. Pour cela, nous avons analysés les espèces végétales présentes au Revard, qui seront introduites sur les larges balcons ondulants. A chaque étage, l’agriculture urbaine invite les habitants à conjuguer le meilleur de la campagne en plein centre-ville »confie l’architecte.
Les étapes à venir…
Validé par le groupement en charge de la réhabilitation des Anciens Thermes, le projet global est en cours d’élaboration du permis de construire, avant d’être examiné par les services municipaux.
La municipalité s’active à reloger les occupants des lieux et à mettre en œuvre les travaux de désamiantage des bâtiments, tout en menant l’étude des réalisations des 2 parkings souterrains. Un de 200 places sous les Thermes, puis un 2ème de même capacité sous la route entre la place de la mairie et les anciens Thermes. Des fouilles devraient être organisées en amont afin d’extraire des vestiges s’il en reste à cet endroit. De manière concomitante aux différentes études de réalisation du projet et au relogement des occupants, l’extraction et la préservation des statues et vestiges mobiles sera l’occasion d’enrichir le contenu du Musée Lapidaire. Dans un 2e temps, le désamiantage devrait être mené fin 2019 et ne devrait pas engendrer de perturbations sur la circulation. En revanche, la démolition de la tour Mabileau et la construction des 2 nouvelles structures auront plus d’impact sur la circulation en haut du centre-ville.
Et après ?
A l’issue de la réhabilitation complète des anciens Thermes nationaux, les espaces publics seront à réaménager par l’équipe municipale, qui a tenu à réserver 15 millions d’euros pour l’implantation d’une médiathèque, d’un Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine, des services municipaux, et des espaces culturels et artistiques. Une galerie marchande au niveau du rez de chaussée devrait être occupée par les commerçants locaux et équipée d’escalators pour rejoindre le niveau supérieur, sur l’actuel toit des Thermes, qui sera réaménagé en nouvel espace public : la place Georges Ier. Recréant un lien entre le haut de la ville et la place de la mairie, le bâtiment patrimonial restructuré signera une volonté dynamique de donner un nouveau visage à la commune, entre tradition et modernité…