Les filières laitières résistent plutôt bien aux crises

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L’assemblée générale annuelle de la coopérative des Fruitières de Savoie a réuni de nombreux adhérents jeudi 14 avril, à la salle de fêtes de Marigny-saint-Marcel, en présence d’Axel Retali, invité d’honneur, responsable de l’expertise « agriculture et agroalimentaire » au Crédit Agricole S.A, Thomas Dantin, président de Savoicime (Organisme de Défense et de Gestion de la Tomme, de l’Emmental et de la Raclette de Savoie) et Luc Chabert, directeur général des Fromageries Chabert. Etaient également présent des élus, Véronique Riotton, députée de la 1e circonscription de la Haute-Savoie, Marie-Luce Perdix, maire de Gruffy et François Ravoire, maire de Vallières-sur-Fier.

51,9 millions de lait travaillés

Dans un 1e temps, une présentation de la coopérative et de son activité a été proposée par Fabrice Jacquet,  président de la SCA Fruitières de Savoie.

« 51,9 millions de litres de lait ont été produits entre le 1e septembre 2020 et le 31 août 2021 avec 240 agriculteurs dont 136 sociétaires répartis sur 5 fruitières dans les 2 Savoie, avec 2 productions AOP et 3 IGP » informe Fabrice Jacquet.

L’atelier de Gruffy  (siège social de la Coopérative) fabrique 2 fromages : l’Abondance avec 3 600 000 litres de lait travaillés, environ 350 tonnes de fromage avec 14 producteurs habilités, ce qui représente 13% de la production totale d’Abondance, et la Tome des Bauges avec presque 2 000 000 de litres de lait travaillés, 200 tonnes de fromage et 7 producteur habilités, soit 21% de la production de la zone. A Hauteville-sur-Fier, c’est la Tomme de Savoie qui est produite : Tomme au lait entier, Tomme Crayeuse, Tomme maigre pour un total de 13 093 000 litres de lait travaillés, 1 500 tonnes de fromage, soit 24% de la production totale de Tomme de Savoie. La fruitière de Saint-Germain en Chambotte fabrique elle aussi de la Tomme de Savoie, avec 5 854 000 litres de lait travaillés, 600 tonnes de fromage (Tomme au lait entier et Tomme maigre) soit 10% de la production totale de la Tomme de Savoie et 34% de la production issue des Fruitières de Savoie. L’atelier fabrique également du Gruyère avec 2 183 000 litres de lait, soit 210 tonnes représentant 9% de la production de Gruyère France, et 593 000 litres de lait travaillés en Cœur de Savoie soit 50 tonnes. A Vallières-sur-Fier, la fruitière produit de l’Emmental de Savoie avec 18 759 000 litres de lait travaillés, représentant 1700 tonnes de fromage soit 60% de la production totale. Enfin, la fruitière de Sales travaille 5 874 000 litres de lait produisant 570 tonnes de Cœur de Savoie, et l’atelier « pâte molle » permet de travailler 1 784 000 litres de lait, avec une chaîne à bassine permettant de produire le Flocon de Savoie, le Vacherin, la Tommette déclinés en partie en filière bio.

Le chiffre d’affaires s’élève à 30 354 818 euros soit une augmentation de 3,4% et un résultat de l’exercice à 102 473 euros.

« La saison 2021-2022 s’est plutôt bien déroulée sur l’ensemble de nos fromages savoyards, même si nous ne sommes plus dans des croissances à 2 chiffres. Nos filières laitières résistent bien au marché malgré l’évolution de la consommation et des prix, nous sommes encore dans le positif. Le petit point négatif depuis cet automne concerne la production du lait et nous espérons entrer dans un joli printemps pour que la production reparte » commente Luc Chabert. « Concernant les prix, il existe un fossé entre par exemple l’Emmental français et l’Emmental de Savoie et il faudra trouver l’équilibre entre le prix et le volume pas toujours facile à tenir. Sur ce début de printemps, les stocks sont sains, nous sommes prêts à travailler dans de bonnes conditions. En terme de valorisation, nous connaissons les difficultés du moment, des discussions entre le gouvernement et la grande distribution ont eu lieu pour obtenir la réouverture des négociations commerciales et une meilleure valorisation de notre production de lait et de fromage, c’est un enjeu importante pour la filière, que ce soit pour nos exploitations et  nos entreprises, l’avantage étant que nos fromages de Savoie ont une très belle image » ajoute Luc Chabert.

«Une coopérative laitière se crée au service de l’humain»

Lors de son rapport moral, Fabrice Jacquet a évoqué la définition, selon lui, d’une coopérative laitière : « Une coopérative laitière se crée au service de l’humain et fonctionne grâce à l’engagement de chacun de ses membres en vue du bien collectif. Elle est une société de personnes appartenant à ses producteurs de lait, « les associés coopérateurs », dont ils ont la propriété collective et indivisible. Son but est de valoriser au mieux les activités de ses associés coopérateurs et ainsi d’ajouter  le plus de valeur possible au lait produit dans leurs exploitations. Cette définition basique doit rester notre fil conducteur ».

Début 2022, afin d’ajouter de la valeur au lait produit dans les exploitations et de le vendre le mieux possible, le prix du lait a été revalorisé de 20 à 25 euros les 1000 litres, en accord avec le partenaire fromager Chabert car les AOP et IGP sont, selon Fabrice Jacquet, de véritables atouts pour la valorisation des laits de la Coopérative. « Au lendemain du confinement, la France s’est réveillée sous le charme des produits locaux et nous devons les renforcer. Nos appellations sont gage de qualité, les marques et labels fleurissent de toute part, notre modèle fait envie ».

«Nous entrons dans un nouveau paradigme»

Axel Retali a exposé une présentation de l’évolution du contexte économique mondial en lien avec la crise Covid et les conséquences économiques et agricoles du conflit en Ukraine concernant notamment les filières de l’agriculture et l’agroalimentaire.

La conjoncture actuelle, entre le contexte post-Covid et la guerre en Ukraine, est compliquée pour la France qui a tendance à perdre des parts de marché dans les filières de l’agriculture et l’agroalimentaire et qui subit l’inflation, la hausse des prix des matières premières, des carburants et de l’énergie. « Nous entrons dans un nouveau paradigme » assure Axel Retali ajoutant que « pour finir sur une note d’optimisme, la filière lait résiste plutôt bien et est celle qui tire le mieux son épingle du jeu ».

« L’enjeu de demain sera le maintien de nos volumes de lait. Le nombre de producteurs n’a cessé de baisser d’année en année. La crise économique qui nous frappe depuis le début de l’année pourrait encore accélérer le phénomène. Nous sommes consciences du défi à relever, mais malgré tout, notre agriculture  a de véritables atouts et saura traverser cette situation après tant d’autres » conclut Fabrice Jacquet.

 

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