Les Fruitières de Savoie font face à de nouveaux défis

Lecture 4 minute(s)

L’Assemblée générale de la société coopérative agricole (SCA) les Fruitières de Savoie s’est tenue vendredi 24 février, à la salle des fêtes de Marigny-Saint-Marcel. La SCA, qui compte 135 sociétaires soit 230 agriculteurs, regroupe cinq fruitières réparties en Savoie et Haute-Savoie (Saint-Germain-la-Chambotte, Gruffy, Sales, Vallières-sur-Fier, Hauteville-sur-Fier) et produit, dans ses ateliers de fabrication et ses caves d’affinage, deux fromages AOP (Tome des Bauges, Abondance) et 3 IGP (Tomme de Savoie, Emmental de Savoie, Gruyère de France).

Le président du conseil d’administration de la coopérative, Fabrice Jacquet, a dressé le bilan de l’année écoulée et évoqué les perspectives pour l’année en cours, dans un monde touché par différentes crises dont l’inflation et la sècheresse qui engendrent de nouveaux défis et enjeux. Un tour d’horizon de chaque fruitière a été effectué, avant l’intervention de Luc Chabert autour du contexte fromager puis de Christophe Lafougère, expert de l’économie laitière (PDG du cabinet d’études GIRA) autour du thème «Sommes-nous dans un nouveau monde ? Production, économie, attentes sociétales, les nouveaux challenges pour l'industrie laitière». De nombreux acteurs de la filière du lait étaient présents aux côtés d’élus du territoire.

4 942 tonnes de fromages produits

Au total sur une année, les Fruitières de Savoie ont transformé 49 millions de litres de lait et produit 2074 tonnes de Tomme de Savoie, soit 36% de la production, 1650 tonnes d’Emmental de Savoie, soit 60% de la production, 330 tonnes d’Abondance, soit 13% de la production, 170 tonnes de Gruyère de France, soit 9% de la production, 150 tonnes de Tome des Bauges, soit 18% de la production et 568 tonnes de Cœur de Savoie.  La coopérative génère un chiffre d’affaires de 30 542 511 €.

Revalorisation du prix du lait : + 100 € en un an

Depuis le début de la guerre en Ukraine il y a un an et face à la hausse des charges pour les exploitations, la coopérative et le fromager partenaire Chabert, «nous sommes entrés dans un flou économique qui semble sans limite» s’inquiète le président de la SCA. Après plusieurs revalorisations du prix du lait (+25 € en janvier 2022 pour 1000 litres, +25 € en juillet 2022 et +50€ en janvier 2023, soit + 100 € en un an), «le consommateur répond pour le moment positivement à ces augmentations, mais il serait dommage demain de voir une partie de nos consommateurs ne plus pouvoir se payer nos produits AOP ou IGP». Quant à la sècheresse, elle a fortement épuisé les stocks fourragers : «L’automne et le début d’hiver printanier ont permis de rattraper en partie le manque, mais nous devons réinventer notre façon de travailler face à ces aléas climatiques pour constituer des stocks quand ils sont là».

Crise économique et dérèglement climatique

Après l’impact des excédents de lait, de la crise sanitaire et la mise en place de la gestion des laits non conformes, les défis actuels face à la crise économique et au dérèglement climatique semblent nombreux à relever. Le président a souligné un des enjeux pour l’avenir : «la construction de l’AOP afin de conserver notre place dans les rayons, et le débat autour du cahier des charges qui se doit d’être vecteur de qualité, mais pas de devenir un fardeau pour les producteurs. Nous devons rallier le consommateur, sans qui tout ce que l’on fait n’a aucun sens. La PAC a permis aux Européens de manger à moindre coût. Toutes ces tempêtes économiques rappellent la souffrance de l’agriculture qui nourrit les Hommes. La qualité et le respect des normes ont un prix».

«Des atouts pour résister»

Face à ces défis et enjeux, le président Fabrice Jacquet veut rester optimiste : «Notre filière, notre coopérative, notre agriculture ont des forces et des atouts pour résister». Il a pour cela rappelé la belle ascension des fruitières ces dernières années, à travers divers projets, innovations, recherches de valeurs ajoutées et une capacité d’autonomie, aux côtés de la famille Chabert. Parmi les derniers projets, l’extension des caves d’affinage à la fruitière d’Hauteville-sur-Fier, avec la construction d’une cave à tommes de 120 000 places et une ligne de soins robotisée pour un coût d’environ 5 millions d’euros financé par un prêt bancaire de 2 300 000 € et soutenu à hauteur de 600 000€ par le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural),  la Région Auvergne Rhône Alpes et le Conseil Savoie Mont Blanc.

Publicité
Icone

Hebdo des Savoie

www.hebdo-des-savoie.fr

Ajouter à l'accueil