Les stations de ski, entre incertitudes et adaptation

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Avec la non ouverture des remontées mécaniques dans les stations de ski, chaque acteur a dû s’adapter. C’est en effet sur une période assez courte de quatre mois que se joue le chiffre d’affaire annuel pour beaucoup. Il a donc fallu innover pour que les clients veuillent quand même venir malgré la limitation des activités.

Quelle situation pour les acteurs ?
Au niveau des hébergements, Antoine Journiat, directeur marketing et communication chez Vacancéole, explique que différentes actions ont été mises en place.
Ainsi, un certain nombre de résidences de montagne ont été fermées pendant les vacances de Noël, et les prix ont été revus à la baisse.
Au vu des demandes des clients, une grande partie des acteurs ont aussi mis en place la possibilité d’annuler son séjour gratuitement pour cause de covid.
Les taux d’occupation sont toutefois bien entendu en deçà des années précédentes. Pour l’agence de location d’appartements savoyarde, le taux d’occupation la semaine de Noël était de 36% et pendant celle du nouvel an, de 23%.
Au Grand Bornand, Isabelle Pochat-Cottilloux, directrice de l’office de tourisme, indique un taux de remplissage moyen de 44% sur les 15 jours, qui est moitié moins élevé que les années précédentes.
La directrice estime que la station du Grand Bornand s’en est bien sortie par rapport aux autres (moyenne nationale : 24% d’occupation) grâce à sa situation de station village et au fait que beaucoup de résidents secondaires se sont déplacés.
Aux Aillons-Margériaz, le bilan des vacances de Noël est plutôt négatif. En effet, les calculs se basant sur une ouverture au 7 janvier prévoyaient une chute du chiffre d’affaire de 30% sur la saison, avec n manque à gagner d’1M€. Maintenant que l’ouverture est reculée jusqu’à une date encore indéterminée, cette chute ne pourra qu’augmenter. Damien Grange, directeur de la SEM des Bauges, s’attend à une chute de près de 50% du chiffre si les remontées pouvaient ouvrir début février.
La station a tout de même embauché tout son personnel saisonnier, le plaçant en activité partielle. Seuls quelques une ne l’ont pas été, afin de pouvoir ouvrir le Pays Suspendu des Géants, les tyroliennes et l’airbag. Malgré ces activités, le domaine n’est donc pas parvenu à l’équilibre financier.

Stratégie et activités
Vacancéole avait déjà mis en place une stratégie puisque la crise sanitaire n’a fait qu’accélérer une tendance qui était déjà observable. En effet, une observation pouvait être faite depuis un an ou deux, c’est que les consommateurs effectuent de plus en plus des réservations de dernière minute et de plus en plus courtes en termes de durées.
L’agence a donc mis en place un système permettant de raccourcir les séjours en fragmentant les semaines. Chose normalement rare, voir impossible, des séjours de deux ou trois nuits ont été vendus pendant les vacances de Noël.
Cette stratégie s’est avérée payante puisque le prix moyen par nuitée a augmenté de 3%, permettant ainsi à l’entreprise de faire rentrer de la trésorerie malgré la conjoncture.
Du côté de l’office de tourisme du Grand Bornand, Isabelle Pochat-Cottilloux explique que c’est l’adaptation qui a primé. Elle explique que la fermeture des remontées mécaniques n’a pas généré moins d’organisation, au contraire. Il a en effet fallu créer de nouvelles activités afin que les clients soient satisfaits de leurs séjours.
C’est par exemple le ski nordique qui a profité d’un revirement puisqu’il a pu connaître un grand succès, avec un domaine entièrement ouvert et des conditions idéales. Les zones d’apprentissage ont été élargies, les cours multipliés et les vacanciers ont pu découvrir le biathlon.
D’un autre côté, des parcours balisés et sécurisés pour le ski de randonnée ont été mis en place avec la possibilité de redescendre sur une piste damée. C’est d’ailleurs la même solution qui a été retenue aux Aillons-Margériaz puisqu’en plus des deux itinéraires connus et contournant le domaine skiable, un nouvel itinéraire a été mis en place directement sur les pistes. Cela devant permettre au plus grand nombre d’accéder à un sport réputé plus dangereux que le ski de piste.
Damien Grange, est d’ailleurs plutôt satisfait de la manière dont le ski de randonnée a été géré puisque très peu d’accidents ont été à déplorer sur les domaines skiables.
La station des Bauges a malgré tout pu ouvrir deux tapis, qui ne sont pas considérés comme des remontées mécaniques, permettant au débutants de pratiquer. Mais, comme indiqué par le directeur, ce produit ne permet pas de compenser les pertes.

Quelles perspectives ?
Du côté de Vacancéole, on reste en lien avec les offices de tourisme pour prendre en compte les remarques qui sont faites. M. Journiat insiste d’ailleurs sur le fait que l’annulation à J-1 prend en compte tous les aléas dus à la covid, que ce soit un client malade ou une fermeture de station.
Pour Mme Pochat-Cottilloux, il est difficile de se projeter tant qu’une date n’est pas clairement définie. En effet, il est difficile d’accompagner les clients en n’ayant aucune visibilité. Plusieurs scénarios ont donc été prévus, grâce auxquels la directrice de l’office de tourisme du Grand Bornand espère pouvoir être réactive dès que des nouvelles sortiront.
Aux Aillons-Margériaz, la décision d’ouvrir un télésiège pour le ski-club a été prise. Cela permet à une centaine d’enfants de pouvoir skier «à domicile» en attendant que tout puisse rouvrir.
 

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