L’histoire de Seyssel à travers ses archives anciennes
En début de mois, la commune de Seyssel s'est vu remettre le prix "coup de cœur du jury" décerné par l'association Patrimoine Aurhalpin pour la sauvegarde et la valorisation des archives historiques (voir notre précédente édition).
La cérémonie qui s'est déroulée dans la salle de mairie archi-comble s'est poursuivie par une conférence sur l'histoire de Seyssel à travers ses archives anciennes.
Retracer ce passé historique en une heure est la mission quasi impossible tant il est riche et dense que s'est vu confier le Gessien Cédric Mottier, historien de l'université Savoie Mont-Blanc.
Après avoir rappelé l'existence de Seyssel et son importance déjà à l'époque romaine soulignée par la découverte du port de Condate, Cédric Mottier a donc survolé cinq siècles d'histoire durant lesquels Seyssel ne faisait qu'un.
À travers ce remarquable fonds d'archives anciennes, on se rend compte que dès le Haut Moyen Âge, la ville de Seyssel a joué un rôle politique et économique majeur, grâce à sa situation géographique sur le Haut-Rhône, entre Savoie et Bugey.
Elle s'est construite autour des premiers flux navigables en aval du Rhône.
Au XIIIe siècle, première construction pérenne d'un pont : c'est l'un des seuls cinq ouvrages d'art médiévaux sur le Rhône, du Léman à la Méditerranée.
Une activité économique, à échelle nationale et internationale, s'y est développée : sel, bois, épices, matériaux de construction, fromage, blés, textiles...y circulent, entre Europe du sud et Europe du nord, entre Orient et Occident.
Cet emplacement stratégique est un des points d'appui du pouvoir des comtes de Savoie : ils concèdent à la ville, en 1286, une charte de privilèges et de franchises, qui décuple le développement de la ville et sa prospérité commerciale, et fondent le siège d'une châtellenie.
L'historien a précisé quelques points notoires, comme la charte de franchises octroyée par le comte Amédée V de Savoie à la ville de Seyssel, contenant les libertés, immunités et privilèges donnés à Seyssel le samedi avant les Rameaux de l'année 1286. Il évoqua également le château de Seyssel dont on trouve trace dès 1070 et qui, après être tombé en ruine vers 1610, fut attribué, par Louis XIII en 1628, pour la construction d'un couvent : les Capucins.
Il mit aussi en avant l'importance démographique de Seyssel à la fin du XVème siècle avec quelques 660 habitants alors qu'à titre comparatif Chambéry, alors capitale du duché de Savoie, en comptait 3000.
En résumé, la châtellenie de Seyssel, territoire né au Moyen Âge de nécessité militaire puis administrative, était organisée autour et administrée depuis le château de Seyssel.
Ce territoire perdura sous cette forme, et dans son étendue géographique, de part et d'autre du Rhône jusqu'en 1760, date du traité de Turin par lequel la France cède la rive gauche seysselane à la Savoie avec le fleuve comme frontière.
La création des communes en 1790 met fin à la communauté des habitants de Seyssel après cinq siècles d'existence (1286-1790).
Cette florissante période de la très riche histoire de Seyssel ne peut être narrée en quelques lignes ; aussi nous renvoyons nos lecteurs intéressés à quelques ouvrages, notamment ceux de Félix Fenouillet, ou encore d'avoir la patience d'attendre la restauration et la numérisation de ces archives historiques de Seyssel "le plus ancien et le plus riche fonds du département de l'Ain après celui de la ville de Bourg-en-Bresse" qui s'étaleront sur trois ans avec une réalisation en huit tranches jusqu'en 2020.
Pour cette opération estimée à 78950€ HTVA et subventionnée par la Région, le Département et la DRAC, une souscription a été ouverte par la Fondation du Patrimoine après signature d'une convention avec la commune de Seyssel.
Rappelons que les dons donnent droit à déduction fiscale (66% pour les particuliers, 60% pour les entreprises). Les personnes qui souhaitent être acteurs de la préservation de ce patrimoine peuvent prendre contact avec la mairie de Seyssel, tel 04 50 56 21 55.