Lisa Bourbon est candidate à Miss Handi France 2024

Lisa Bourbon, 23 ans, professeur d’anglais à Grenoble, représentera la Région Auvergne Rhône-Alpes à l’élection de Miss et Mister Handi France 2024 qui se déroulera le 11 mai prochain dans le Pas-de-Calais. Cette Annécienne de naissance, qui a passé toute son adolescence à Rumilly, est atteinte d’une maladie rare, le HSD (Hypermobility Syndrom Desorder, NDLR) ou trouble du spectre de l’hypermobilité, et est autiste Asperger. Dans son quotidien et à travers ce concours, Lisa souhaite sensibiliser au handicap, notamment invisible, et le mettre en lumière.

Trouble de l’hypermobilité articulaire

Lisa se livre sur son parcours de vie et sur la force qui la guide chaque jour, pour faire face à sa ou plutôt ses différences et pour apprendre à vivre avec. Son trouble de l’hypermobilité articulaire «provoque plein de douleurs, une grande fatigue, des troubles du sommeil, une mauvaise régulation du système nerveux végétatif, et beaucoup d’autres symptômes comme des luxations, des entorses, des déchirures musculaires, avec une tendance à faire des malaises». Ses tout premiers symptômes sont apparus à l’âge de huit ans, dans les chevilles. «Ensuite c’est littéralement remonté dans mon corps, et mes derniers symptômes sont des acouphènes pulsatiles». Parfois debout, parfois en fauteuil pour calmer la douleur, éviter d’avoir la tête qui tourne ou reposer ses jambes qui ne fonctionnent plus très bien, cette jeune femme pétillante essaie de profiter au mieux de la vie et des passions qui l’anime.

Trouble du spectre de l’autisme

Également atteinte du syndrome d’Asperger (trouble du spectre de l’autisme), Lisa, qui a été diagnostiquée à 20 ans, constate que «c’est presque plus handicapant pour les autres que pour moi, dans le sens où une personne autiste vit dans sa bulle». Elle précise toutefois que «socialement ce n’est pas toujours facile car il y a des codes que je ne comprends pas. Des choses qui sont évidentes pour tout le monde, pas pour moi, et j’ai juste besoin qu’on me les explique » et souligne son hypersensibilité avec une «gestion des émotions pas toujours facile».

Lisa se définit comme une personne engagée, déterminée et intense. «Intense parce que mes émotions, c’est tout ou rien». Sa philosophie ? La bienveillance, «car c’est ça qui change tout et qui fait du bien au monde» et prendre la vie du bon côté, se laisser porter en faisant des choses qui lui plaisent et lui apportent du bien-être. «Certains moments sont plus durs que d’autres, mais d’une manière générale, moralement je vais bien et ce malgré la douleur physique. Je pars du principe que concernant mon chemin de vie, rien n’est trop grave ni une fatalité».

«Enseigner, c’est vraiment ma passion»

Professeur en collège et lycée à temps partiel «après un long combat pour faire reconnaître mon handicap», Lisa Bourbon s’épanouit dans son métier : «Enseigner, c’est vraiment ma passion. Cela me motive et me booste». Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est transmettre et «adapter son cours en fonction des différences des élèves. J’aimerais peut-être travailler dans l’enseignement spécialisé dans l’autisme». Elle se décrit comme une personne «un peu touche-à-tout», qui aime beaucoup les activités créatives, «je fais pas mal de couture et d’ailleurs j’ai moi-même conçu et cousu ma robe de soirée pour le concours» précisant que «pour éviter les douleurs dans les mains, il faut trouver des adaptations, mettre des gants, des coussins sous chaque bras et aller à son rythme» et qui aime pratiquer le renforcement musculaire, « cela me permet de travailler indépendamment chaque groupe musculaire, en fonction de là où j’ai mal. C’est un sport relativement bien adapté».

Saskie, une complice essentielle

Lisa vit avec ses deux lapins, Yaourt et Alba, et sa chienne Saskie, âgée de deux ans et demi qui est en formation de chien d’assistance en owner-training (formation pour le bénéficiaire par le bénéficiaire) grâce à l’association dijonnaise Une Patte en Or «qui prend notamment en charge l’autisme et la fibromyalgie, sachant qu’avec le HSD j’ai des caractéristiques douloureuses communes à cette pathologie». La jeune femme apprend donc elle-même à former sa complice sur pattes à divers comportements et gestes dont la pressothérapie : «elle va s’allonger sur mes jambes, ce qui permet de faire baisser la charge d’anxiété et de diminuer le rythme cardiaque. Donc quand je fais des malaises, cela m’évite d’être trop mal. Je suis si fière de ce qu’elle a entrepris en peu de temps». Lisa prépare une chorégraphie en duo pour le concours, «je sens que ça va être un fiasco mais ce n’est pas grave, l’essentiel c’est de montrer le lien qui nous unit».

«Le handicap, c’est aussi la diversité»

Elle partage cette aventure du concours avec son meilleur ami, Rémi, qui est son photographe attitré. «Cette amitié, c’est la relation d’une vie». Lui aussi a grandi dans l’Albanais, à Sales, où ses parents vivent toujours. «On est très proches, on a traversé beaucoup de choses, il m’a beaucoup épaulée et aidée, notamment dans l’autisme». En tant que Miss Aura 2023, Lisa a déjà participé à divers évènements autour du handicap, «je fais de belles rencontres, de gens avec des histoires et des bagages différents». Bien que participer à un concours de Miss soit un rêve de petite fille, elle précise que «ce n’est pas un concours de beauté car ce n’est pas la beauté physique qui prime, même si c’est l’occasion de montrer que le handicap peut aussi être glamour. L’objectif est vraiment d’élever la voix du handicap qui est tabou et fait peur aux gens. Le handicap, c’est aussi la diversité, l’importance et le respect qu’on s’accorde les uns aux autres. Et c’est vraiment un concours axé sur l’engagement et le dépassement de soi». Cette élection, qui rime avec «inclusion», permet de mettre à l’honneur la différence dans son humanité, son originalité et dans toute sa beauté.

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Belle complicité avec son chien d’assistance Saskie. (© dream_pix_38)