Ma Petite Maison accompagne les projets de tiny house dans les règles de l’art
Elle est petite mais a tout d’une grande. Modulable à souhait, la tiny house possède tout le nécessaire et s’appuie sur un socle de valeurs écologiques. Si l’habitat est simple et compact, les démarches sont loin de l’être. Basée à Tresserve, la société Ma Petite Maison instruit les projets.
Sobre, nécessitant une faible emprise au sol, éco-construite, au faible impact environnemental, la tiny house (micro-maison en français) est dans l’air du temps. Aux Etats-Unis, la demande pour ces petites maisons pas chères et mobiles a littéralement explosé au moment de la crise des subprimes et du fait des nombreux ouragans qui dévastent régulièrement le pays.
Née dans les Cévennes, la société Ma Petite Maison, spécialiste du micro-habitat, a été rachetée par Côme Turrillot et Arnaud Dugelet en octobre 2020, et transférée à Tresserve. Issus de l’industrie, les lauréats 2020 du Réseau Entreprendre ont souhaité se lancer dans l’entrepreneuriat avec l’ambition de donner du sens à leur activité. Ma Petite Maison instruit les projets de micro-habitat en France et en Europe, conseille, oriente, se charge des études d’urbanisme, des installations autonomes à l’intérieur, du service après-vente. Si la moitié des porteurs de projet optent pour l’autoconstruction, l’autre moitié préfère avoir recours aux services d’un constructeur. Ma Petite Maison travaille par exemple avec Pierre-Yves Grillet, de Toc Toc Tiny à Saint-Sulpice, ou Thibaut Nobile de Tiny house Nobile à La Ravoire.
L’urbanisme, le plus gros frein
Si l’habitat est simple et compact, les démarches sont loin de l’être. La société tresservienne accompagne les projets de micro-habitat «dans les règles de l’art». Étant montées sur roues, les tiny houses sont régies par les codes de l’urbanisme et de la route. Des règles très contraignantes. D’ailleurs, 90% des projets n’aboutissent pas et l’urbanisme constitue le plus gros frein. En deux ans, une vingtaine de projets seulement se sont concrétisés... «En France, on est fermé aux nouveaux types d’habitat, constate Guillaume Gabriele, responsable marketing et accompagnateur de projet chez Ma Petite Maison. Il est plus simple de concrétiser un projet de micro-habitat en Bretagne qu’en Savoie, où il y a peu de foncier disponible, un foncier très cher et où les gens sont peu ouverts à l’habitat alternatif.»
Car une contribution extérieure est bien souvent nécessaire. Mieux vaut ne pas acheter de terrain en vue d’y installer sa tiny house mais louer une parcelle à un particulier ou à un agriculteur, à moins d’acquérir un terrain déjà construit... ce qui donne beaucoup moins de sens au projet. «Si on achète un terrain constructible, on va être plus ou moins contraint par la mairie ou par la banque de déposer un permis de construire», indique Guillaume Gabriele, qui exerce un métier passion, lui-même détenteur d’une tiny house de 13 m² au sol mais 23 m² utiles, implantée chez un agriculteur du Bourget-du-Lac. Cet apport extérieur peut se traduire par exemple par un tissage de liens intergénérationnels, en s’installant sur le terrain d’une personne âgée, et en lui rendant quelques services en contrepartie.
Sobriété à tous les étages
Plus qu’un habitat, la tiny house s’inscrit dans une philosophie de vie, s’appuyant sur un socle de valeurs écologiques qui implique sobriété à tous les étages : la consommation énergétique y est plus tangible que dans un habitat classique et l’espace restreint nécessite de ne posséder que de l’essentiel. La tiny house séduit aussi les retraités qui ont beaucoup voyagé et qui auraient l’impression d’avoir un boulet aux pieds en achetant un bien non délocalisable. C’est aussi une manière d’accéder à la propriété à moindre coût, 50.000€ environ. «La tiny house ne correspond pas à tout le monde mais peut répondre à un besoin à un moment de sa vie», soutient Guillaume Gabriele.
L’usage d’une tiny house est plutôt sédentaire. «Elle bouge environ tous les deux ans. Il faut posséder le permis BE pour la transporter mais mieux vaut faire appel à un professionnel», conseille Guillaume Gabriele.
C’est un habitat modulable, qui peut mesurer jusqu’à 30 m², chaleureux car habillé de bois. «Il diffère du mobil-home dans le sens où rien n’est en plastique ; on retrouve les mêmes éléments de cuisine et de salles de bains que dans des constructions en dur.» On peut y installer du tout-à-l’égout comme des toilettes sèches ou préférer un entre-deux, les toilettes à séparation des déchets solides et liquides. La douche peut être reliée au réseau ou alimentée par un récupérateur d’eaux de pluie. Idem pour l’électricité : on peut être connecté au réseau ou être autonomes ou semi-autonomes en plaçant des panneaux photovoltaïques. Chauffage électrique, poêle à bois ou à granulés, tout est possible.
Le micro-habitat ne se résume pas à la tiny house. Ma Petite Maison propose aussi des dômes et lodges en bois de 30 à 40 m², créneau qu’elle souhaite développer. L’absence de roues peut représenter un détail, mais fait toute la différence en matière d’urbanisme. Une réjouissance toute française.
Marie-France Sarrazin