Menace sur le Châtelard

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En 1931, un glissement de terrain destructeur avait lieu dans les hauteurs de la commune du Châtelard, dans les Bauges. Le soir du 10 février dernier, Vincent Boulnois, maire, reçoit une alerte concernant un nouvel événement du même genre.

Le lendemain, il s’est donc rendu sur place avec les agents de l’ONF (Office National des Forêts), ne pouvant que constater un nouveau mouvement.

L’état contrôle la zone

Suite au premier glissement, en 1931, l’État avait acquis 250 hectares, qui sont maintenant confiés à l’ONF pour l’aspect forestier et les équipes de Restauration des Terrains de Montagne (RTM) pour le risque naturel.

Ce sont donc ces équipes qui ont pris en charge ce nouveau mouvement. En accord avec le maire de la commune, l’accès a donc été interdit aux alentours du site, afin de protéger les promeneurs. Il se trouve que l’itinéraire balisé passe en effet juste sous cette zone, ce qui représente un certain danger.

Le bois, secoué mais valorisé

Jérémie Cottarel, technicien forestier territorial de l’ONF en charge de la forêt domaniale du Nant des Granges, explique que le glissement concerne environ 6 hectares de terrain, sur lequel se situent entre 400 000 et 500 000m³ de matériaux en mouvement.

Or, parmi ces matériaux se trouvent des arbres, qui pourraient être perdus s’ils n’étaient pas pris en charge.

En une dizaine de jours après le constat, des exploitants issus du massif des Bauges et un acheteur ont donc été engagés pour exploiter ce bois. Cela représente 1 000m³ de bois, dont 90% sont des résineux (principalement épicéa et un peu de mélèze), les 10% restants étant constitués de feuillus, tels que du frêne, de l’érable et du hêtre.

C’est donc un bois de bonne qualité qui pourra alimenter la filière bois locale tout en étant valorisé de manière commerciale.

Cette évacuation du bois permettra de faciliter le déblaiement du terrain lorsque les mouvements auront cessé mais revêt aussi un aspect écologique.

En effet, M. Cottarel a expliqué que le bois renferme du dioxyde de carbone (CO2) qui est rejeté dans l’atmosphère quand le bois est brûlé ou du méthane quand il se décompose. L’utiliser permet donc de réduire ces rejets polluants.

Chiffrer ne sert à rien

Cette action est «essentielle pour protéger les populations et le territoire, maintenir un accès durable à cet espace et faire vivre toute une filière essentielle en termes d’activité économique» selon Juliette Part. La Secrétaire Générale de la Préfecture de la Savoie considère donc qu’il est difficile de chiffrer le coût de l’opération.

En effet, il faudrait alors évaluer les dégâts qui pourraient être causés si la forêt n’était pas présente ou ce que la valorisation du bois représente.

Les locaux demeurent inquiets

Le décalage étant d’environ 25 mètres en deux mois, il reste «plutôt lent» d’après Jérémie Cottarel, de l’ONF.

Toutefois, les habitants ne sont pas rassuré, le maire, M. Boulnois, disant du phénomène qu’il est «inquiétant». Il explique ainsi qu’une de ses voisines, dont le mari avait connu le glissement de 1931, et qui tient maintenant des valises prêtes pour pouvoir partir aussi vite que possible s’il le fallait.

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