Ne l’appelez plus Musée Faure, mais la Villa

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La Ville d'Aix-les-Bains projette de faire entrer le Musée Faure dans l'ère du XXIe siècle, grâce à une requalification de la villa des Chimères, à la création d'une extension et à un travail paysager. La transfiguration ira jusqu'à un changement de dénomination pour attirer un public plus large et donner à l'endroit le retentissement qu'il mérite.

L'écrin est majestueux, mais peu fonctionnel. Les oeuvres à l'intérieur prestigieuses, mais mal mises en valeur. Pour leur donner le retentissement et le rayonnement qu'elles méritent, la municipalité envisage de réhabiliter le musée Faure, de changer sa scénographie et d'adjoindre une extension dans le parc paysagé.

«Le Dr Jean Faure représentera le secteur de l'industrie pharmaceutique à plusieurs expositions universelles. Il possède une maison à Aix-les-Bains, et un appartement à Paris, où il amassera une collection de premier ordre rapatriée dans la ville thermale, à qui il la léguera à sa mort, en 1942», rappelle la directrice du musée, Delphine Miège. En 1945, la Ville acquiert la villa des Chimères pour présenter cette collection. Située boulevard des Côtes, l'ancienne demeure à l'architecture italienne a été érigée en 1906 par Léon Grosse pour le maire de l'époque, Joseph Mottet.

Le pharmacien lègue 34 sculptures et 13 dessins aquarellés de Rodin, soit la deuxième plus grosse collection française de l'artiste. Sans compter des toiles signées des plus grands impressionnistes : Degas, Renoir, Pissarro, Bonnard, Vuillard... Elles sont rejointes en 1949 par les collections de Ludovic-Napoléon Lepic «qui n'ont certes pas la qualité ni le prestige de celles de Faure, mais qui constituent un beau point de départ », considère le maire, Renaud Beretti. «Le tout forme une grande harmonie autour de la femme et des paysages», note Delphine Miège.

Pas d'équivalent en Savoie

Quel héritage ! «Sur le département, il n'y a pas d'équivalent, fanfaronne le maire. Nous sommes sollicités pour des prêts d'oeuvres à travers le monde. Chaque année, il en part entre six et sept à Brême, Turin, Barcelone...» Cette qualité n'est finalement pas reconnue à sa juste valeur et le nombre de visiteurs ne dépasse jamais le seuil des 20.000 par an. Il faut reconnaître que la configuration des lieux est peu adaptée aux visites. «Ça manque de recul, de perspective, de boutique, de lieu de partage, le jardin est un peu désuet», juge M. Beretti. Le musée a déjà fait l'objet de restaurations partielles, mais pas de bouleversement tel à faire entrer le lieu dans le domaine des musées du XXIe siècle. «Nous souhaitons garder cette sensation d'entrer dans la maison d'un collectionneur et d'y admirer des oeuvres qui se répondent», explique Isabelle Moreaux-Jouannet, adjointe à la culture et au patrimoine.

La chambre de Lamartine va déménager

La future articulation de la villa tournera exclusivement autour de la présentation des oeuvres. «Le mot d'ordre sera modularité, lumière, numérique avec la présence probable d'un parcours enfant avec des applications», révèle l'élue. Le sous-sol abritera les fonctions support du musée, le rez-de-chaussée des expositions temporaires, des sculptures, une présentation du Dr Faure, de sa collection, de la manière dont il l'a constituée. Le premier étage sera consacré aux impressionnistes et le deuxième aux sculptures de Rodin, aux artistes qui l'ont influencé (Camille Claudel, Bourdelle). Chaque année, des oeuvres du musée Rodin seront exposées et le musée d'Orsay en prêtera lui aussi quelques-unes pour renouveler le parcours muséal. La chambre de Lamartine, elle, déménagera au sein du futur Ciap (centre d'interprétation d'architecture et du patrimoine), un musée consacré à l'histoire de la ville qui prendra ses quartiers dans les thermes Pellegrini.

L'extension, de facture architecturale contemporaine, ne touchera pas la villa. Elle se situera à droite du terrain et épousera la pente. On y trouvera la billetterie, la boutique, le café, une terrasse, la salle pédagogique et les locaux techniques. Le tout entouré d'un jardin de sculptures conservant un esprit XIXe siècle.

Le recours au mécénat et à la souscription publique

Cette transfiguration s'accompagne d'un changement de dénomination. Exit le Musée Faure, place à la Villa-Collection d'art, soulignant la présence de Rodin, Pissarro, Cézanne, Renoir et Degas dans son logo en forme de colline. «Nous avons fait appel à un cabinet de conseil et le lieu demeure trop méconnu avec ce nom de Musée Faure», argumente Mme Miège. Au terme de la transformation, l'équipe espère atteindre les 60.000 visiteurs annuels, attirant un public local, régional et même international.

Ce projet a un coût, 5 M€, que la Ville ne peut supporter seule. Elle compte sur les partenaires financiers habituels, que sont le Département, la Drac Auvergne- Rhône-Alpes, le ministère de la Culture. Mais aussi sur le concours des habitants et des entreprises. Le Cercle des mécènes Jean Faure, un fonds de dotation, et une souscription publique de la Fondation du patrimoine, seront lancés dans les semaines qui viennent. La Ville espère ne pas devoir revoir ses ambitions à la baisse.

Pour mener ce chantier à bien, il sera fait appel à un concours d'architectes cette année, pour une sélection programmée au printemps 2024. Suivront deux ans de travaux pour une réouverture fin 2026, début 2027.

 

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