Neige artificielle : le Semnoz aussi ?

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Paru sur le site du « Grand Annecy », un avis d’appel à la concurrence a fait bondir les défenseurs de la nature en général, et du Semnoz en particulier. En date du 26 juillet dernier, cet avis concerne la « Création d'un réseau neige de culture Espace Débutant ». C’est-à-dire l’installation de canons à neige sur la montagne quasiment sacrée que les annéciens, et pas seulement eux, défendent avec vigueur. On se souvient des réactions indignées provoquées par les aménagements, certes provisoires, projetés pour les Jeux olympiques espérés en 2018. Et, plus récemment, une pétition regroupant tant les moniteurs de ski que les restaurateurs, demandait avec force l’installation de canons à neige que les élus avaient repoussée.

Court terme
Au-delà de ces réactions épidermiques, de nombreux indicateurs vont à l’encontre de ce type de décision. Ainsi en France, les domaines skiables sont dans le viseur de la Cour des comptes pour qui « les stratégies à court terme ne sont pas rentables ». Selon les Sages, des adaptations sont urgentes et nécessaires, en particulier pour faire face au changement climatique. Bien que les Sages aient déjà publié en 2011 plusieurs préconisations dans un rapport consacré aux domaines skiables, la plupart des exploitants n’ont toujours pas adapté leur stratégie au changement des conditions climatiques. D’après le rapport actuel, elles restent aujourd’hui axées sur des profits rapides et à court terme.
La Cour des Comptes critique en particulier les coûts très élevés des investissements pour l’enneigement artificiel. Initialement destinée à compenser des manques ponctuels, la neige de culture est aujourd’hui généralisée avec un taux d’équipement des stations françaises de plus de 30 %. Selon le rapport, ces investissements sont « partiels et onéreux » car ils concernent uniquement le tourisme du ski. En outre, « l’énorme consommation d’eau potable affecte directement la société et la nature ».

Mise au point
Largement de quoi alerter les associations de protection de la nature dont les responsables n’ont pas manqué de diffuser l’information. Ce qui a, évidemment, entrainé des mises au point. Ainsi, François Lavigne-Delville, maire de Viuz-la-Chiésaz, une des 13 communes membres du SIPAS (Syndicat intercommunal pour la protection et l’aménagement du Semnoz), a voulu préciser qu’il n’est pas question de vouloir enneiger artificiellement des grandes pistes. Il ne s’agit pas, selon lui, « d’une grosse artillerie qui pourrait bouleverser les équilibres naturels au profit d’une rentabilité, mais un système léger de neige de culture pour maintenir l’activité des espaces débutants ». Simplement assurer un enneigement suffisant pour les cours sur un espace de la station où « sont formés les enfants d’Annecy et de son territoire qui deviendront les futurs skieurs ».
Le dossier de candidature aux Jeux olympiques d’hiver prévoyait une canalisation pour faire monter sur le sommet du Semnoz, l’eau nécessaire à un enneigement artificiel. A priori, un tel projet n’a pas été relancé et, pour le moment au moins, c’est l’eau du Semnoz, celle des petites retenues du plateau utilisées pour abreuver les troupeaux en été, qui serait utilisée pour alimenter les canons à neige.
En principe, quatre canons à neige mobiles devraient être prévus pour un montant de 600 000 euros. A utiliser sur le secteur du jardin d’enfants, « Baby » et « Bambi », ainsi que sur la partie pédagogique de l’espace nordique. L’objectif  étant de garantir un enneigement minimum pour assurer les cours de l’école de ski et les sorties de ski scolaires. 
Il reste que, pour nombre d’usagers plutôt amoureux de « leur » montagne, on met là « le doigt dans l’engrenage » avec ces premiers canons à neige. Et la disparition programmée du SIPAS et le passage de la gestion du Semnoz au Grand Annecy au 1er janvier prochain laisse planer quelques doutes sur les intentions, en principe nobles et respectueuses, des futurs aménageurs…
 

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