«Nous demandons à être dans une opposition constructive et écoutée»

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Les élus de la liste d’opposition  «Rumilly Albanais, une autre ambition» dressent un bilan décevant de ces 2 premières années de mandat et font part de leurs inquiétudes concernant la gestion de la ville et plus largement du territoire de la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie.

Christine Boichet-Passicos, Pauline Orso-Marchand, Edwige Laborier, Yannick Clévy et Christian Dulac déplorent un problème de gouvernance, un manque d’informations à leur égard et constatent qu’ils ne sont pas réellement impliqués dans les dossiers et qu’ils se retrouvent souvent devant le fait accompli: «Voilà maintenant presque 2 ans que nous participons, assidûment et bénévolement, aux conseils, aux multiples commissions tant communales que communautaires, aux diverses réunions et nous ne sommes pas entendus. Nous demandons à être dans une opposition constructive et écoutée, sachant qu’en début de mandat, le maire s’était engagé à prendre en compte les élus minoritaires. Et pourtant, nous avons l’impression de ne servir à rien».

«Un problème
de gouvernance»

Selon les 5 élus d’opposition, beaucoup de décisions sont prises par un petit noyau d’élus, ce qui les questionne grandement sur la gouvernance.

«On dirait que seules 2-3 personnes sont décisionnaires et ne tiennent compte ni de l’opposition ni des citoyens qu’il n’est pas normal de ne pas consulter pour les gros projets» constate Christine Boichet-Passicos à propos, entre autres, de la future construction du parking silo en centre-ville, dans le secteur Salteur, qui selon elle est un exemple de dysfonctionnement parmi tant d’autres. «Nous découvrons les projets une fois qu’ils sont lancés. Pour le parking silo, la seule information officielle qui nous a été communiquée, c’est qu’une étude était prévue pour le lieu d’implantation et qu’il faudrait en parler en commission. Puis nous apprenons que ce sera à tel endroit, que le terrain a été acheté et que les travaux vont coûter 3 millions d’euros mais nous n’avons pas vu d’étude» ajoute Yannick Clévy, affirmant que les études en nombre sont pourtant un de leurs éléments d’inquiétude.

«Est-ce judicieux de construire un parking en centre-ville alors qu’il est déjà saturé par la circulation et surtout est-ce une priorité dans le contexte budgétaire actuel ?» complète Christine Boichet-Passicos.

En effet, suite au vote des budgets de la Ville et de la Communauté de Communes, les élus de la liste d’opposition «Rumilly Albanais, une autre ambition» se disent préoccupés concernant la gestion de ces budgets et l’utilisation de l’argent public dans un contexte financier difficile pour les collectivités à cause notamment de la suppression de la taxe d’habitation, la stagnation des dotations de l’État et l’augmentation des charges : «Malgré cela, la majorité lance des études sur tout. N’y avait-il pas de programme ? Pourquoi lancer des études d’opportunités et non pas de faisabilité ? Est-ce nécessaire ? Avant même les conclusions de certaines études, il nous est fait part de tel ou tel choix de la part de l’exécutif et nous découvrons, à travers des propos parfois extérieurs à la gouvernance, que tel projet est acté».

Yannick Clévy cite des exemples de cette multitude d’études qui les questionne tous : «Etude du plan de circulation, étude préalable rue des Tours, étude d’urbanisme relative au secteur des Granges, étude pour le quartier Monéry, … Ils ne font que ça, des études. A chaque conseil, on vote 2-3 études à 40 000 euros».

«Nous nous interrogeons
sur notre rôle
en commissions»

Les colistiers expliquent s’interroger sur leur rôle lors des diverses commissions, qu’elles soient communales ou communautaires, malgré leur volonté d’implication et leur présence constante beaucoup plus importante que certains élus, admettant cependant que «selon les commissions et les vice-présidents, nous sommes plus ou moins écoutés et entendus».

Pauline Orso-Marchand reconnaît par exemple que dans la commission «prévention et valorisation des déchets et milieux aquatiques» dont elle fait partie à la Communauté de Communes, «il y a une bonne écoute et de vrais échanges. Je me sens beaucoup plus libre qu’aux commissions municipales où il y a peu de discussions et où l’on sent tout de suite que l’on porte l’étiquette «opposition» ». Elle ajoute que concernant d’autres commissions, comme celle de l’urbanisme avec  notamment le projet d’aménagement de la base de loisirs et l’avenir du plan d’eau, «nous avons l’impression que certains sujets sont volontairement tus alors que les commissions sont faites pour les évoquer et que nous sommes présents. Nous nous rendons à chaque commission et nous apprenons la plupart des informations ailleurs, comme la réunion de concertation publique du jeudi 14 avril dont nous n’avons pas été prévenus et où nous n’avons pas été conviés. Le lendemain, nous avons une commission plénière mais nous ne savons pas du tout ce qui va nous être présenté».

Concernant la gestion de l’eau et le changement de régie le 1er juillet 2021, les 5 élus disent avoir été contre les solutions mises en œuvre, fait des propositions et défendu les inquiétudes des citoyens sur l’absence de facturation. : «Les réponses n’ont pas été rassurantes car elles montrent le manque d’anticipation, d’organisation et de compétences du nouveau service de facturation à la Communauté de Communes qui n’était tout simplement pas prêt et nos factures seront bien à payer en une seule fois. Nous serons très attentifs, vérifierons les bilans, ceux du nouvel exploitant, pour comprendre comment cela fonctionne et combien cela coûte».

Ils ajoutent que ce nouveau système n’apporte aucune solution pour faire des économies d’eau, affirmant que la ressource en eau est un enjeu du territoire beaucoup plus important que «savoir qui paie quoi et comment».

Plus généralement parlant, ils évoquent la non augmentation des taxes dont se réjouit la majorité «pendant que derrière, elle ne cesse d’augmenter de nombreux tarifs».

Ils trouvent également dommage que lors des conseils communautaires, où plein de communes sont représentées et où il y a une grande diversité, les élus prennent rarement voire jamais la parole pour dénoncer des problématiques pénalisant les habitants de leur communes comme la suppression du service de transports scolaires le mercredi à 13h20 : «Soi-disant que ces bus sont quasiment vides mais ce n’est pas le cas et lors du conseil, aucun élu de l’intercommunalité n’a réagi pour dire que des jeunes  de leurs communes allaient se retrouver sans bus pour rentrer chez eux».

Autre sujet qu’ils considèrent comme préoccupant, c’est le rattachement du Scot de l’Albanais (schéma de cohérence territoriale) au Scot du Bassin Annécien qui leur semble incohérent car ils estiment que les enjeux des deux territoires sont totalement différents : «Comment un groupe ne représentant que 37 % des citoyens peut-il se permettre d’offrir un tel futur aux habitants de l’Albanais sans entendre ce qu’ils en pensent ? La plupart des maires de nos petites communes voisines sont restés discrets sur leurs positions concernant cette adhésion».

«Saupoudrage écologique»

Enfin, les élus de la liste d’opposition  «Rumilly Albanais, une autre ambition» disent regretter le peu d’ambition en terme d’écologie. «Ce saupoudrage écologique, nous savons très bien que c’est de la poudre aux yeux. Dire «on en met un peu partout», cela ne suffit pas» déplore Pauline Orso-Marchand. Selon Yannick Clévy, «s’il y a bien une commission qui n’a jamais été efficace en mairie, c’est celle-là».

Malgré un constat général négatif, «il y a quand même des choses qui fonctionnent et nous sommes tous d’accord pour dire que nous apprécions travailler avec certains élus qui ont des valeurs et sont respectueux», ajoutant qu’ «attaquer pour attaquer ou poser avec des pancartes de revendication ne fait pas partie de notre fonctionnement ni de notre philosophie. Nous voulons être constructifs, respectueux, il faut que des efforts soient faits de part et d’autre et nous sommes prêts à travailler en collaboration avec tous les élus pour avancer ensemble».

 

 

 

 

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