Nouveau directeur : «L’envie de venir travailler dans un établissement dynamique»
Olivier Nicolas est le nouveau directeur du centre hospitalier Gabriel Déplante, en poste depuis le 1er mai. Il succède à Véronique Robin, directrice pendant cinq ans, et à Thierry Maury, directeur par interim depuis début décembre. Ce quinquagénaire plein d’entrain et d’enthousiasme revient sur son parcours, fait le point sur son premier mois de fonction et évoque les projets de cet établissement en plein développement.
Quel est votre parcours professionnel ?
«Je travaille depuis plus de 35 ans dans les hôpitaux. J’ai commencé comme infirmier puis cadre de santé, et par le biais du concours interne j’ai accédé à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) à Rennes qui forme les directeurs d’hôpital, les directeurs d’établissement sanitaire, social et médico-social et les directeurs des soins. J’ai d’abord été nommé directeur adjoint achats, logistique, qualité et gestion des risques dans le Beaujolais puis en 2012 j’ai intégré le Centre Hospitalier Métropole Savoie où j’ai été directeur des unités de personnes âgées et référent de deux pôles hébergement / gériatrie, sur les sites hospitaliers d’Aix-les-Bains et de Chambéry. Ces deux pôles regroupent les soins de longue durée (USLD) et les activités médico-sociales d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), soit 720 lits.»
Pourquoi avoir candidaté pour ce poste à Rumilly ?
«Même si mon précédent poste d’adjoint était passionnant, j’ai saisi cette opportunité d’évolution de carrière que je trouvais intéressante. Et puis je connaissais la renommée de l’établissement de Rumilly qui est extrêmement réputé, qui est très dynamique, qui a une spécificité particulière avec les soins médicaux et de réadaptation ultra spécialisés de cardiologie et neurologie et avec également des activités médico-sociales. J’ai eu l’envie de venir travailler dans un établissement dynamique, avec des projets enthousiasmants.»
Quel est votre ressenti après un mois de fonction ?
«J’ai fait le tour des services pour me présenter, pour rencontrer les équipes, les praticiens et je ressens tout à fait cette dynamique globale. Il y a vraiment une implication de l’ensemble des professionnels dans leur outil de travail et dans la notion de service public. On sent qu’ils sont attachés à rendre ce service à la population locale, de l’Albanais et un peu au-delà puisque nous assurons l’aval du CHANGE (Centre hospitalier Annecy Genevois, NDLR) sur un certain nombre de spécialités et nous avons également quelques flux de Savoie. L’établissement est attractif au regard de la diversité de l’offre de soins qui va de la consultation à l’hospitalisation et à l’hébergement, des différentes spécialités médicales et des consultations non programmées qui ne sont pas des urgences mais qui permettent de répondre à un besoin de la population, notamment dans un contexte où les médecins généralistes ne peuvent pas absorber la totalité de la demande. Nous avons vraiment de belles structures, bien entretenues. L’hôpital met également à disposition des locaux qui accueillent des prestataires privés comme le laboratoire d’analyses et le cabinet de radiologie.»
Le nouveau scanner est-il opérationnel ?
«Le scanner a été mis en place juste avant mon arrivée. Nous sommes en train de stabiliser l’organisation de façon à pouvoir ouvrir les plages horaires au public. L’activité a démarré pour les personnes hospitalisées et elle devrait prochainement être ouverte à l’ensemble de la population.»
Où en est le projet de rénovation de l’EHPAD de Baufort ?
«La rénovation de l’EHPAD est en cours d’instruction. Je dois faire le point avec monsieur Maury (précédent directeur par interim, NDLR) sur l’état d’avancement du dossier pour voir quelles orientations et quelles options sont choisies. C’est une nécessité de pouvoir réadapter les locaux au niveau de dépendance et au profil des personnes âgées actuellement accueillies ainsi que de rendre les locaux plus ergonomiques pour les professionnels soignants car c’est aussi une source d’attractivité.»
L’établissement est-il confronté à une pénurie de personnels ?
«Nous sommes plus en difficulté sur l’hébergement pour personnes âgées. Sur le secteur sanitaire, je ne dis pas qu’il n’y a pas de tensions mais elles sont moins criantes que sur le secteur médico-social où là c’est très critique. Ce phénomène est national, mais ici l’impact est quand même un peu plus fort de par la proximité avec la Suisse qui joue en notre défaveur.»
Un simulateur de conduite a été récemment installé ?
«Le simulateur de conduite est en place depuis le mois d’avril. Cette semaine (du 27 au 31 mai, NDLR), dans le cadre des Journées de la sécurité routière au travail, nous avons ouvert le simulateur aux professionnels qui souhaitaient tester l’outil. Certains patients ont commencé à l’utiliser. Cela permet d’identifier les niveaux de réflexe, en calculant le temps de réaction face à un obstacle, selon divers niveaux de complexité, et pour les personnes qui ont des maladies neurologiques, cela permet d’identifier leur capacité d’attention au volant d’un véhicule et leur capacité à reprendre la conduite automobile.»
Que souhaitez-vous poursuivre ou mettre en place ?
«Maintenir les projets existants et proposer des projets innovants en faisant évoluer des prises en charges, au regard de la spécificité des activités de l’hôpital et la nature des besoins identifiés. Le projet d’établissement de la période 2020-2025 sera caduque dans un an et demi donc dès la rentrée nous allons tous nous mettre en ordre de marche pour commencer à réfléchir au projet d’établissement 2026-2030. L’objectif est d’avoir une réflexion globale sur la base initiale du projet médical conforme aux besoins de la population, en lien avec les hôpitaux partenaires.»
Votre vision en tant que «spécialiste» de la gérontologie ?
«Dans le secteur médico-social, nous sommes impliqués dans la promotion de l’intergénérationnel et je suis personnellement très attaché à l’idée d’ouvrir l’Ehpad à l’extérieur. Que ce ne soit pas un établissement fermé, dans lequel on ne sait pas ce qui se passe. L’Ehpad est un lieu de vie, ce n’est pas un hôpital. C’est certes un lieu de soins pas mais ce n’est pas la duplication de l’hôpital, il y a des activités ludiques, récréatives avec de l’intergénérationnalité. Et je tiens à saluer le partenariat qui s’est mis en place autour de la création du compartiment de train thérapeutique Coq’ Express aux Coquelicots en impliquant les jeunes du lycée Porte des Alpes. Ce sont des projets qu’il convient de conduire et développer : ils ont un réel bénéfice pour les personnes âgées mais aussi pour les jeunes car cela leur permet aussi d’aborder différemment la vieillesse et d’être dans une interaction extrêmement intéressante.»
Comment se portent les finances de l’hôpital ?
«Financièrement, pour le moment ça va plutôt pas trop mal. Nous ne sommes pas déficitaires, mais nous restons très vigilants car ce qui est vrai aujourd’hui peut ne pas l’être demain. Il est important que nous gardions le cap d’avoir des finances saines car ces finances permettent également d’être réinvesties dans les projets d’établissement (immobiliers, de soins, d’acquisition de matériel technique et biomédical) donc c’est très important de garder cet équilibre financier.»
Le départ de la mammographie a fait beaucoup parler de lui. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?
«Il ne s’agit pas d’une problématique hospitalière, c’est le cabinet privé de radiologie qui occupe des locaux dans l’hôpital qui a choisi de délocaliser la mammographie. C’est très gênant que la population croie que nous avons suspendu cette activité, car elle n’était pas proposée par l’hôpital.»
Vos perspectives ?
«Poursuivre cette activité hospitalière qui a toute sa pertinence dans le maillage territorial, dans l’offre de soins et aussi dans l’aval des prises en charge spécifiques, poursuivre la dynamique déjà en place au sein de l’établissement et accompagner les projets, les concrétiser pour pouvoir maintenir une offre de soins adaptée à la population.»