«On est loin de toute procrastination ou de toute précipitation»

Lecture 7 minute(s)

Renaud Beretti, maire d’Aix-les-Bains depuis 2018, fait le point sur les projets et les chantiers en cours. A un an des élections municipales, il dresse le bilan de son mandat, donne sa vision de l’évolution de la ville et évoque l’avenir. Au cœur de ses priorités : la sécurité, la santé, la propreté et la qualité des services publics. Le premier édile réagit aussi aux propos de Marina Ferrari, élue d’opposition, dans notre interview parue le 27 février.

 

Votre bilan de ce premier mandat qui touche presque à sa fin ?

«Ce mandat a été inédit et difficile pour tous les maires. Certains oublient qu’il a démarré avec la crise sanitaire et qu’il a donc été perturbé pendant deux ans. Divers projets ont été retardés et se concrétisent aujourd’hui, raison pour laquelle il y a beaucoup de chantiers en ce moment. Ce décalage, on le retrouve dans de nombreuses communes. Je qualifierais aussi ce mandat de passionnant car nous avons dû puiser dans nos ressources et trouver collectivement une méthode pour agir.»

 

Que retenez-vous de l’année 2024 ?

«Je l’ai ressentie comme une année exceptionnelle, où il s’est passé beaucoup de choses. Nous avons notamment fait de belles avancées sur la santé, en parallèle de la validation fin 2023 de l’ARS pour la reconstruction et la restructuration de l’hôpital, avec l’ouverture de la Maison de la Parentalité et des Familles, du centre Médéor pour répondre à la problématique de risque de désert médical identifiée en 2019, d’une antenne SOS Médecins et avec l’annonce de l’implantation d’un centre privé d’hémodialyse. 2024 symbolise aussi le démarrage des travaux de réhabilitation des anciens thermes. Cette année a été une nouvelle étape de mutation pour Aix-les-Bains, entre volontarisme municipal et dynamique des investisseurs privés, avec divers investissements pour l’avenir. Donc non Aix-les-Bains n’est ni en récession ni en perte d’activité. 2024 a confirmé que notre ville poursuit sa phase d’évolution, de progrès, qu’elle est toujours attractive mais avec le souci de rester authentique.»

 

Comment vont les finances de la ville ?

«Notre politique financière a deux points forts : la non augmentation des taux de fiscalité, une règle pour moi, et le désendettement. Nous n’avons pas emprunté en 2022 et 2023, et nous aurons investi, de 2020 à 2025, 70 millions d’euros. Y a-t-il beaucoup de communes qui réussissent cela dans un tel contexte de crises successives ? Aussi, quand on désendette et qu’on n’augmente pas les impôts, il faut évidemment maîtriser les dépenses de fonctionnement. Nous travaillons donc sur des économies au sein des services et sur une optimisation du personnel. Car c’est bien beau de dire que la masse salariale augmente, mais qu’est-ce qu’on doit supprimer ? Des accompagnateurs scolaires, des ATSEM, des policiers municipaux, des jardiniers ? C’est facile d’avoir des postures et de parler mais dans l’action c’est plus compliqué que cela.»

 

Considérez-vous avoir tenu vos engagements ?

«Il y a des choses initialement prévues que nous n’avons pas réalisées et d’autres pas prévues que nous avons lancées. J’ai tenu mes engagements sur plein de sujets. La santé, mais aussi la sécurité avec le quadruplement des effectifs de police municipale, la brigade de nuit, la brigade moto, le maître-chien, des policiers armés et le déploiement de la vidéoprotection, ou encore l’habitat : j’avais promis de baisser le nombre de permis de construire en zones pavillonnaires et c’est ce que j’ai fait. Il faut trouver un juste équilibre en matière de logements ; certains râlent contre la bétonisation et critiquent le manque de logements sociaux, c’est un peu paradoxal.»

 

Quid du déficit de logements sociaux et de votre mise en carence ?

«Quand je suis devenu maire, la loi SRU qui nous imposait 20% de logements sociaux est passée à 25%. Donc brutalement il fallait 1000 logements en plus. J’ai rattrapé le retard antérieur en logements PLAI, pour les locataires en situation de grande précarité, mais cela n’a pas suffi à atteindre le taux global de 25%. Voilà pourquoi nous sommes devenus carencés, avec une pénalité à payer à l’Etat, qui par ailleurs n’a pas pris en compte les permis de construire qui étaient lancés et dont beaucoup ont été retardés par la crise énergétique. A l’heure qu’il est, j’ai signé avec le préfet un contrat de mixité sociale et nous avançons avec l’objectif de sortir de cette carence en 2026, en sachant que la pénalité est moins élevée que celle annoncée au début.»

 

Quels sont les gros chantiers 2025 ?

«En plus du chantier des anciens thermes, nous poursuivons nos travaux de voirie, d’entretien des trottoirs et d’embellissement des espaces publics. Après le changement des canalisations d’eau sur l’avenue Revelstoke qui nous a permis d’économiser en terme de fuites l’équivalent de 60 piscines olympiques, nous nous attaquons à l’avenue Charles de Gaulle. Le gros chantier en 3 temps dans ce secteur devrait durer jusqu’à l’automne. Nous allons également continuer nos actions en faveur du sport, du tourisme, des mobilités douces avec la 2e tranche de la liaison verte ville/lac, du stationnement avec la rénovation du parking de la Chaudanne, de la transition énergétique avec l’objectif de 50% d’éclairage Led d’ici 2026 et le remplacement de la chaudière fioul de l’Hôtel de ville. Côté culture, il y aura le lancement de la rénovation du Musée Faure et je réfléchis, pour plus tard, à la création d’un bâtiment culturel dans les anciens thermes qui serait une sorte de Riviera des Arts avec une médiathèque, un centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine, et des espaces polyvalents dédiés aux arts et à la culture.»

 

Un mot sur les travaux qui impactent la circulation ?

«Nous avons essayé d’organiser du mieux possible la circulation mais ce sont de gros chantiers qui impactent les automobilistes. Je comprends leur gêne et leur agacement, entre les bouchons et les problèmes de stationnement, mais des travaux de ce type sont forcément pénalisants.»

 

Concernant les anciens thermes, auriez-vous déjà dû couper le ruban ?

«Ce projet était attendu depuis longtemps. Dire qu’on aurait dû avoir déjà coupé le ruban témoigne d’une méconnaissance de ce dossier complexe et des contraintes importantes liées au chantier. Il fallait d’abord régler une multitude de questions juridiques, administratives, financières et géologiques ; il y a eu au moins 4 études géologiques sous mon mandat pour s’assurer que la circulation des eaux thermales ne serait pas affectée. Donc on est loin de toute procrastination ou de toute précipitation qui aurait été dangereuse pour notre économie. C’est tout l’enjeu sur lequel nous avons travaillé avec les services de l’Etat. Les choses ne se font pas en un claquement de doigts. De même que ce n’est pas le préfet qui a fait accélérer les choses ou décidé, je dirais plutôt qu’il m’a aidé. Aujourd’hui nous sommes dans la phase opérationnelle. Les travaux ont commencé à l’automne 2024 et je trouve qu’ils vont vite.»

 

Votre état d’esprit pour la suite ?

«Je suis motivé, déterminé et à l’écoute.»

 

Allez-vous vous représenter en 2026 ?

«J’annoncerai ma décision le moment venu, et si je devais être candidat à ma succession, ce serait en menant une liste de rassemblement. »

 

Propos recueillis
par Claire Castelar

Publicité
Icone

Hebdo des Savoie

www.hebdo-des-savoie.fr

Ajouter à l'accueil