Parents et élus mobilisés contre une fermeture de classe

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Jeudi 26 janvier dès 8h30, les parents d'élèves de l'école Jules Croissard se sont mobilisés, accompagnés par les élus de la commune. Ils clament leur opposition au retrait du classement de l'école en «secteur particulier» et à la fermeture d'une classe dès la rentrée 2023 prévus par l’Académie de Grenoble, via la Direction des Services Départementaux de l’Education Nationale de Haute-Savoie (DSDEN 74), malgré l'augmentation constante des naissances et la livraison d'ici un à deux ans de plus de 150 nouveaux logements.

Augmentation des effectifs et conditions d’enseignement détériorées

L’école primaire, qui compte 270 élèves répartis en maternelle et élémentaire, est actuellement en «secteur particulier», ce qui  permet un effectif de 25 élèves maximum par classe (différent des REP-réseaux d’éducation prioritaire- qui donnent droit à un plus grand nombre d’avantages tels que formations, primes aux enseignants, aides financières plus importantes, renforcement du personnel, etc.). Le classement en «secteur particulier» dépend de deux critères : un certain taux de catégories socioprofessionnelles (CSP) défavorisées et la situation en désert médical. Le village étant excentré, la case «désert médical» est bien cochée mais la moyenne des CSP ayant augmenté, la commune ne remplit plus l’ensemble des critères. Ce qui aura pour conséquence la fermeture d’une classe à la prochaine rentrée scolaire et par conséquent une augmentation des effectifs dans les classes restantes. Or, le nombre des naissances ne cesse d’accroître, plusieurs projets immobiliers vont prochainement accueillir de nouvelles familles (155 nouveaux logements dont une soixantaine de logements sociaux seront livrés en 2023-2024) et la commune fait face à une grande disparité en matière de position sociale, avec de plus en plus de familles allophones ou vivant dans la précarité.

Les parents d’élèves, les enseignants et les élus sont unanimes : «La hausse des effectifs par classe entraînera inévitablement l’augmentation des inégalités entre les élèves et la détérioration des conditions de l’enseignement».

«Nos enfants méritent qu’on agisse !»

L’école compte actuellement douze classes qui seraient réduites à onze, «avec probablement au minimum 50 nouveaux enfants à scolariser dans les deux années à venir» s’inquiète Fanny Cagnon, représentante des parents d’élèves. Selon eux, regarder les CSP et le portefeuille ne suffit pas à comprendre dans quel contexte économique, géographique et social se trouve cette école : «Du fait de notre situation géographique en bout de département, très éloignée des grandes villes, et du fait des problèmes économiques que nous pouvons rencontrer aujourd’hui, beaucoup d’entre nous sont contraints de faire un grand nombre de kilomètres chaque jour pour avoir un meilleur travail et une meilleure rémunération, ce qui a des conséquences sur nos enfants qui restent plus longtemps en garderie. Certains passent 9-10h par jour à l’école, ce qui engendre beaucoup plus de fatigue, d’agitation et de bruit. Comment les enseignants pourront les garder concentrés ?». D’après les calculs, les enseignants auraient près de 30 élèves, «en sachant qu’ils ont de moins en moins d’aides, avec une baisse des AESH, le poste RASED non pourvu en 2022 et la disparition du maître surnuméraire». La classe Toute Petite Section (TPS), qui ne fait pas partie des effectifs et compte une quinzaine d’enfants de 2 ans, semble elle aussi menacée, pour la rentrée 2024, malgré une liste d’attente importante.

«Les CSP peuvent certes représenter une qualité de vie professionnelle et financière que nous souhaitons tous, mais ne représentent pas une qualité de vie familiale ni une qualité d’enseignement pour nos enfants» précise la porte-parole des parents d’élèves, avant d’ajouter : «L’académie ne veut pas prendre en compte ces chiffres car elle ne veut pas regarder l’avenir du village, pourtant l’avenir ne commence-t-il pas par l’éducation des enfants ?  A l’heure où même le gouvernement reconnaît que de plus en plus d’enfants sont en échec scolaire en arrivant au collège, il continue de fermer des classes en primaire. Il y a une contradiction quelque part, le sujet mérite qu’on en parle et nos enfants méritent qu’on agisse !».

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Le maire, Gérard Lambert, et l’adjointe en charge des écoles, Paulette Le Normand, ont exprimé leur soutien aux parents et aux équipes enseignantes et éducatives.

« L’avenir de notre pays est dans toutes les écoles»

Gérard Lambert, maire de la commune, accompagné de ses adjoints, a affirmé son soutien aux parents et enseignants : «Nous tenons à manifester notre solidarité dans ce combat. Aujourd’hui, notre secteur géographique est de plus en plus délaissé, que ce soit au niveau de l’école mais aussi de la santé. En tant que commune rurale, on nous donne de plus en plus de responsabilités mais avec de moins en moins de moyens, ce qui n’est plus acceptable. Nous avons besoin d’être tous ensemble, continuons ce combat main dans la main car rien n’est gagné. Nous nous battrons avec vous jusqu’au bout».

Le maire a assuré vouloir maintenir la pression auprès de l’Education nationale, à qui plusieurs courriers ont été préalablement envoyés, et devrait prendre rapidement rendez-vous avec le directeur académique du département pour lui expliquer la situation de vive voix et lui apporter les plus de 200 pétitions signées.

«La commission aura lieu au mois de juin, il ne faut rien lâcher et il faudra faire des piqûres de rappel régulières».

L’ancienne directrice de l’école, Marie-Hélène Isetti, aujourd’hui à la retraite, était elle aussi présente pour faire part de sa solidarité et souligner la nécessité de ce combat pour le secteur particulier mené depuis les années 1980 : «Nous nous sommes toujours battus et je suis déçue qu’il faille encore se battre, que dans notre pays les enfants ne soient pas une priorité alors qu’ils sont l’avenir de la France. L’avenir de notre pays est dans toutes les écoles».

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De nombreuses banderoles de mécontentement ont été affichées aux quatre coins de l’école.

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