Pas de baignade au plan d’eau cet été

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Le plan d’eau, lieu prisé des habitants durant la période estivale, ne sera pas accessible aux baigneurs cet été. 2 sources de pollution ayant été identifiées, la Municipalité a préféré prendre les devants pour préserver à la fois le site et les citoyens et éviter une interdiction de baignade par l’Agence Régionale de Santé (ARS) jusqu’en 2024, en cas de prochaines analyses peu concluantes de la qualité de l’eau. En effet, depuis quelques années, le plan d’eau fait l’objet d’une surveillance sanitaire renforcée principalement liée aux contaminations : des prélèvements hebdomadaires y sont effectués chaque été. En parallèle de cette surveillance sanitaire, la Municipalité a missionné le cabinet d’études Safege Savoie Technolac afin d’établir un diagnostic des fonctionnements et dysfonctionnements au sein du plan d’eau, en se basant sur les données déjà existantes et sur de nouvelles investigations, et pouvoir ainsi mettre en place un plan d’actions pour éviter un renouveau de contaminations. Les résultats de l’étude, lancée en mars 2021 pour une durée d’un an, viennent d’être révélés, répondant aux questions suivantes : quelles sont les sources de pollution ? Le plan d’eau est-il suffisamment alimenté en eau ? Les activités du plan d’eau sont-elles compatibles avec la baignade ? Quels travaux sont à envisager pour garantir une bonne qualité de l’eau ?

2 sources de pollution bactériologique

Depuis plusieurs années, la qualité de l’eau du grand plan d’eau subit des aléas : après une année considérée comme étant particulièrement mauvaise en 2015, les rapports d’analyse de l’ARS l’ont qualifiée de « suffisante » en 2016 et d’ « excellente » en 2019. En 2020, une nouvelle dégradation a été constatée, entraînant deux épisodes de fermeture successifs durant l’été : des analyses effectuées dans le fossé longeant le plan d’eau (côté route départementale) et bordé par un chemin de promenade emprunté par de nombreux marcheurs parfois accompagnés de chiens, ont détecté la présence d’entérocoques et E.coli issus de déjections canines. Ce fossé, disposant de plusieurs exutoires qui communiquent avec le plan d’eau, est un vecteur de pathogènes. Lors des épisodes pluvieux et du lessivage des sols, les déjections canines aux abords du fossé contaminent son eau stagnante qui lorsqu’elle déborde, finit par se déverser dans le plan d’eau.

La 2e source de pollution identifiée est interne à la zone de baignade, donc interhumaine. Celle-ci est due au manque de circulation des courants causé par l’ilot d’ensablement crée il y a de nombreuses années dans le but de réchauffer la température de l’eau pour le confort des baigneurs. Cet ilot a été partiellement enlevé en 2010 pour favoriser les courants permettant d’évacuer les matériaux flottants, éléments ou substances, vers l’exutoire du plan d’eau mais la présence des bandes sableuses ayant constitué une cuvette, véritable foyer d’accumulation, et la fréquentation des baigneurs attirés par cette température plus agréable étant en augmentation, des bactéries humaines se sont développées.

En 2021, l’accès à la baignade a de nouveau été autorisé en partie grâce à une météo favorable car pluvieuse et suite à la mise en place de mesures : l’interdiction des chiens aux abords du grand plan d’eau durant toute la période estivale et une jauge de baigneurs limitée à 100 (selon le volume d’eau estimé à 5000 m3, si l’on se réfère aux 20m3 recommandés par baigneur, 250 personnes pourraient se baigner en même temps. Or, avec cette cuvette, le quota devrait être de 50 baigneurs maximum pour garantir une qualité d’eau satisfaisante).

Cette étude a néanmoins permis d’établir plusieurs constats positifs. Aucune pollution n’est liée à l’assainissement, la nappe phréatique qui s’écoule dans le plan d’eau est propre et ne subit aucune dégradation au préalable.

Le plan d’eau, qui aurait perdu en 40 ans d’existence 8% de son volume, est suffisamment alimenté (cela évoluera peut-être avec le réchauffement climatique). Le renouvellement de l’eau, calculé par rapport aux flux entrants et aux flux sortants, se fait tous les 3 mois, ce qui d’après les experts est correct pour un plan d’eau de ce type. Concernant les sédiments, aucune pollution microbienne n’apparaît et les résultats de mesure lors de la bathymétrie effectuée fin 2021, ont démontré que contrairement à ce qui avait été initialement envisagé, le plan d’eau dont la profondeur maximale est de 8 mètres, n’avait pas besoin de curage car la présence de sédiments dans son fond n’est pas suffisamment importante pour être problématique (8% environ). Quant au stockage industriel historique, aucune pollution chimique n’a été constatée : le plan d’eau n’est pas contaminé, un suivi est cependant préconisé sur le long terme.

Un risque cyanobactérien modéré mais à surveiller

Lors d’un prélèvement de l’ARS fin juillet 2021, un risque cyanobactérien a été diagnostiqué mais n’est pas critique. Les cyanobactéries prolifèrent dans les eaux stagnantes et peuvent devenir dangereuses lorsqu’elles se développent en masse et produisent trop de toxines. Il a été découvert que le plan d’eau subissait une stratification verticale. L’eau de surface plus légère par sa température élevée et l’eau profonde plus froide n’ayant pas la même densité ne se mélangent plus. L’absence de brassage dans les eaux profondes engendre un manque d’oxygène et favorise  le développement des cyanobactéries qui se nourrissent du phosphore naturellement présent dans les sédiments. Ayant besoin de lumière et de chaleur pour évoluer et se multiplier, ces cyanobactéries remontent à la surface durant les périodes estivales. La contamination de l’eau prélevée était « moyenne » mais reste à surveiller.

Les travaux envisagés par la Municipalité

Afin d’éviter tout nouveau risque de pollution bactériologique qui entraînerait la fermeture forcée du site par l’ARS, la Municipalité a décidé d’agir dès cette année en prévoyant des travaux, en parallèle de l’interdiction de la baignade.

« Après cette décision de fermeture aux baigneurs, la 2e étape consiste à des discussions entre les entreprises du territoire et les élus dans le cadre de commissions afin de déterminer la nature des travaux, leur durée, leur coût et comment les insérer au budget, l’objectif étant de les lancer le plus rapidement possible » indique Christian Heison, maire de Rumilly. Des études de faisabilité sont en cours. Concernant le fossé, il est actuellement prévu de déconnecter ses eaux afin de les évacuer vers un exutoire naturel et ainsi empêcher toute contamination ; concernant la zone de baignade, il est envisagé de supprimer dans son intégralité l’ilot d’ensablement.

Durant toute la saison estivale, les autres activités du plan d’eau restent autorisées (pêche, promenade, randonnée, vélo, karting, etc) ainsi que les chiens (à condition que leurs déjections soient ramassées).

« Cette étude a permis de démontrer le fonctionnement d’un écosystème  dont nous comprenons aujourd’hui les zones de fragilité. Le plan d’actions que nous mettons en place est réalisé à partir d’un diagnostic précis. Il faut également avoir conscience qu’il ne s’agit pas d’une science exacte mais d’une science vivante, nous devons donc rester vigilants pour les citoyens en terme de sécurité sanitaire. Beaucoup d’éléments positifs ont tout de même découlé de cette étude encourageante, notre plan d’eau n’est pas en phase terminale contrairement à ce que nous aurions pu craindre. Nous allons avancer progressivement ensemble pour faire revivre ce plan d’eau, en l’aménageant et le protégeant, tout en offrant un partage d’espace et d’activités raisonné entre les promeneurs, les pêcheurs et les baigneurs » conclut Christian Heison.

 

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