Petit, mal fichu, mais à nous !
L’autre soir, je suis allée au cinéma. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça, peut-être que vous vous en fichez complètement.
Mais écoutez quand même !
D’habitude, je vais dans de petites salles, à Aix ou Rumilly suivant les programmes. Cette fois, le film que je voulais voir passait à Annecy. J’ai donc quitté «mon» Albanais pour la «grande ville», une chose que je fais rarement : l’air me semble meilleur plus près du Chéran…
Et bien, j’ai vu la différence ! La salle, pas de problème ! Les sièges, ça va ! Par contre, alors que la lumière s’était éteinte pour le début du film, il restait bien encore une bonne demi-douzaine de portables allumés. Je passe sur mon voisin nettement enrhumé…
On continue ! Le film était commencé depuis plusieurs minutes quand on a vu arriver une lumière vive, celle du téléphone d’un retardataire qui cherchait une place. Alors que le film demandait un minimum de concentration, voire de recueillement. La suite a été plus calme mais avec d’incessants bruits de toutes sortes.
Ça, c’est quelque chose que je ne constate jamais d’habitude. Peut-être parce que les «ploucs» de nos petits bleds ont une autre façon de se comporter en société. Qu’ils savent que, autour d’eux, il y a des gens…
Moi, je crois bien que cette façon de ne pas voir son voisin, c’est un comportement de citadins. De ceux qui brillent de fierté de vivre dans une «grande» ville où ils peuvent rester dans une anonymat qui les protège.
Et cette façon de vivre se généralise de plus en plus, au fur et à mesure de l’accroissement des villes. Et de la création de «métropoles» où l’individu n’a plus rien d’individuel (Ouah ! Je suis contente de l’avoir trouvée cette formule !).
Alors, bien sûr, mes tracas de cinéphile n’ont pas grande importance, mais ils montrent, à mon avis, qu’on a tout intérêt à rester à une dimension humaine.
Surtout que cette manie de la concentration, ce besoin de nos responsables politiques de fabriquer des «pôles», soi-disant pour faire des économies, accentue cet effet individualiste qui méprise tout ce qui semble lui être inférieur.
Un exemple ? Il m’a été raconté par une habitante d’Entrelacs. Vous savez, cette «commune nouvelle» qui, toujours pour faire des économies, a réuni en une seule entité toutes les petites communes avoisinantes ou presque.
Et bien, dans sa commune, cette dame attend depuis des semaines qu’on vienne, comme on le faisait chaque année, faucher l’herbe des fossés, pour que cyclistes, piétons et automobilistes puissent circuler sans se gêner. Sans doute, son hameau est-il trop éloigné du nouveau «centre»…
Vous allez me dire qu’il n’y a aucun rapport avec ma soirée cinéma. Peut-être ! Pourtant, pour moi, c’est un peu la même chose. C’est le signe que plus on est grand, moins on est bien. Que cette manie qu’on nous impose de nous «parquer» dans des structures de plus en plus grandes ne sert qu’à nous rendre plus individualiste, moins attentifs aux autres. Plus bêtes, finalement.
Moi, je sais que mon petit coin de vie est, justement, petit. Qu’il est un peu mal fichu, avec ses rues trop étroites et ses maisons bizarres. Mais il est habité de gens que je connais, qui me connaissent. Que je respecte et qui me respectent.
Et ça, c’est précieux !
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