Plan d’eau : la baignade sera-t-elle possible cet été ?

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De nombreuses investigations menées : ce n’est pas un scoop depuis quelques années la qualité de l’eau de la base de loisirs de Rumilly connait des aléas. Des analyses réglementaires, effectuées par l’Agence Régionale de Santé sont effectuées régulièrement et plus particulièrement pendant les périodes de baignade surveillée. Néanmoins la qualité de l’eau fluctuant souvent a amené la Ville de Rumilly à réagir et à mettre tous les moyens en œuvre pour trouver des solutions pour préserver la qualité de l’eau de la base de loisirs.

Dans un premier temps des investigations ont été menées via des analyses complémentaires de l’eau, des procédures de gestion du plan d’eau ont été mises en place, notamment pendant les périodes de baignade surveillés. Effectivement les abords du plan d’eau ont été régulièrement nettoyés, avec un ramassage des déchets soigneux et une surveillance accrue des poissons. En 2018, la municipalité va plus loin, en interdisant l’accès aux poids lourds sur la base de loisirs y compris sur le parking du skate-park, en installant un piézomètre (forage) au grand plan d’eau facilitant le suivi de la nappe phréatique, l’étiage hivernal s’allonge, l’ouvrage de régulation est remplacé, la pèche et l’amorçage à la carpe sont interdits périodiquement…

Le plan d’eau est étudié sous toutes les coutures

En parallèle la municipalité engage une étude sur le fonctionnement du plan d’eau. Effectivement une connaissance parfaite du fonctionnement du plan d’eau permet de lancer un plan d’actions adapté pour améliorer de façon perceptible et pérenne la qualité de l’eau de baignade. Deux cabinets d’études s’attellent à la tâche. L’étude vise à mettre à jour un potentiel dysfonctionnement hydrogéologique et les causes potentielles de dégradations de la qualité de l’eau. Les actions menées semblent porter leurs fruits, puisqu’en 2019 la qualité de l’eau s’améliore et devient « excellente ». En période de crise sanitaire, sur l’exercice 2020, l’Agence Nationale de Santé impose la réalisation d’analyses plus nombreuses en période de baignade surveillée. Le nombre de prélèvements sur la période estivale passe à 10, contre 5 habituellement. La ville de Rumilly, soucieuse du bien-être de la population, a décidé de renforcer ces analyses en auto-contrôle. Un laboratoire effectue chaque semaine des prélèvements sur 4 points du plan d’eau pour analyse. Et cela ne vous aura sans doute pas échappé, des bornes de réglementation ont fait leur apparition sur le pourtour du grand plan d’eau invitant les usagers de ramasser les déjections canines. Une piqûre de rappel puisque c’est une obligation notifiée par un arrêté du 5 juillet 2019.

Quels sont les premiers contacts ?

Les premiers éléments du Cabinet TEREO, chargé des investigations, sont plutôt rassurants. Le plan d’eau est alimenté principalement par la nappe et accessoirement par les eaux de ruissellements en cas de fortes pluies. La nappe est exempte de toute contamination. L’ensemble du plan d’eau a été examiné, zone de baignade, côté route départementale, côté maison de la pèche, coté exutoire… même le fossé coté route départementale n’y a pas échappé. En août 2020, la Communauté de Commune Rumilly Terre de Savoie va plus loin et examine, à son tour, avec attention le réseau d’eaux usées de Marigny-Saint-Marcel, le branchement de l’ancien camping le Madrid et le refoulement du karting. Aucune anomalie n’est détectée, c’est plutôt bon signe. Néanmoins l’intercommunalité poursuit ses investigations et lance des analyses des puits et piézomètres en amont du plan d’eau et des eaux de ruissellement.

La qualité de l’eau est fluctuante et conduit la municipalité, par mesure de précaution, à interdire ponctuellement les activités sur les deux plans d’eau (baignade, pêche). D’autres investigations complémentaires ont été lancées cet automne en collaboration avec le Service Eaux et Assainissement de l’intercommunalité, la société VEOLIA et le cabinet TEREO en amont de la période de pluies.

D’où provient la pollution ?

Pour l’heure, la question reste en suspens. Quelques certitudes cependant, la pollution n’est pas d’origine industrielle, elle n’est pas d’origine agricole et elle ne provient pas non plus des eaux usées du réseau d’assainissement.

En temps normal, le milieu naturel est capable de lutter contre une pollution qui reste dans de faibles proportions. Ce processus biologique (autoépuration) permet aux cours d’eau, plan d’eau, lac… d’éliminer ces pollutions grâce aux bactéries et aux algues qu’ils contiennent. Le plan d’eau de Rumilly aurait-il une capacité d’autoépuration insuffisante ?  Le changement climatique a-t-il une influence ? Le plan d’eau au fil des ans s’est-il colmaté ? De nombreuses questions n’ont pas encore trouvé réponse.

La période estivale menacée ?

Les investigations vont se poursuivre. La municipalité, pour l’heure, cherche à recruter dans les plus brefs délais un cabinet « haut de gamme » pour une étude hydrogéologique du plan d’eau. Cette étude très poussée permettra de définir les caractéristiques chimiques du sol, d’étudier la nappe, mais pas que, les algues seront également analysées. Et si le plan d’eau était seulement victime de son grand âge ? En effet, au fil du temps, la biomasse (les plantes et algues présentes dans l’eau) se densifie et comble une partie de l’espace disponible dans l’eau. Habituellement ce processus se déroule sur une très longue période de temps, mais les activités humaines peuvent parfois accélérer ce processus qu’on appelle eutrophisation. Et l’eutrophisation est considérée comme une forme de contamination qui affecte la qualité de l’eau et de l’écosystème aquatique. L’étude hydrogéologique devrait pouvoir apporter quelques éléments de réponse qui permettront, nous l’espérons tous, de trouver la ou les solutions pour venir à bout de cette pollution et rendre le plan d’eau accessible aux usagers pour la période estivale. La municipalité a mis des moyens conséquents, financiers et humains pour y parvenir. Manon Boukili, Adjointe en charge de l’environnement l’affirme, « tout sera mis en œuvre pour trouver les solutions adéquates et rendre le plus vite possible le plan d’eau accessible à la baignade. Néanmoins le côté sanitaire est plus important que le reste ». Affaire à suivre…

 

 

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