Poignante cérémonie d’hommage

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C'est par un temps ensoleillé mais glacial que, dimanche matin, Seyssel s'est rassemblé devant l'école élémentaire Jules Coissard pour rendre un vibrant et solennel hommage aux victimes des tragiques événements de février 1944.
Par sa belle prestation musicale, La Seysselane a apporté tout le cérémonial à cette commémoration suivie, comme chaque année, par une foule importante venue se recueillir devant les plaques commémoratives rappelant combien le Pays de Seyssel avait payé un lourd tribut à la cause de la libération avec ses onze fusillés et ses vingt trois déportés dont la plupart seront exterminés dans l'enfer des camps de la mort.
Parmi l'assistance, on remarquait entre autres les sénateurs Loïc Hervé et Cyril Pellevat, le président  du Conseil Départemental de Haute Savoie Christian Monteil, le conseiller départemental Guy Larmanjat, le président de la Communauté de Communes Usses et Rhône Paul Rannard,plusieurs maires ou représentants de communes de la CCUR, la présidente du comité local du Souvenir Français Christine Tardy, le président de la section local UNC-Alpes Pierre Bagiacchi, ainsi qu'une délégation de sapeurs pompiers et du conseil municipal des enfants, ou encore les six porte-drapeaux d'associations patriotiques sans oublier bien sûr les représentants des familles.

Hommage solennel
C'est par la lecture de "ballade de celui qui chanta dans les supplices" poème par lequel Aragon rend hommage à Gabriel Péri, héros de la résistance arrêté et fusillé par les nazis au Mont Valérien que Gérard Lambert, maire de la rive gauche, ouvrit cette cérémonie du souvenir. «Aujourd'hui, nous nous réunissons pour rendre hommage à ces hommes et ces femmes qui ont résisté et se sont opposés, mais qui ont été victimes de l'horrible tragédie qui a touché notre commune en ce mois de février 44» poursuivit le maire évoquant "des familles meurtries pour toujours... un crime odieux commis par les nazis commandés par Klaus Barbie". Et d'ajouter «Notre devoir est de nous souvenir et relayer  cette mémoire aux générations qui suivent pour que l'humanité reste vigilante et combative» précisant à ce propos qu'il avait été décidé, au sein  du conseil municipal, d'établir un mémoire de ces événements tragiques de février 44 à Seyssel et de créer une archive de la résistance au pays de Seyssel. «N'oublions pas que nous sommes responsables de chacun de nos actes et que nous devons rester vigilants chaque jour car, comme l'a dit Lucie Aubrac, célèbre résistante, "le mot résister doit  toujours se conjuguer au présent» conclut Gérard Lambert.

Témoignage 
de Ginette Harang

S'en suivit le témoignage de Ginette Harang, petite fille de Marie Moreilleras, une des rares rescapées des camps : «Malgré la pandémie de la covid 19, nous nous devons de commémorer le 77ème anniversaire de la tragédie qu'ont connu Seyssel et les environs les 11, 12, 13 et 14 février 1944 par les nazis commandés par Klaus Barbie».
Avec une voix chargée d'émotion, elle rappela que les événements tragiques de ces quatre journées s'achevèrent par la mort de onze personnes abattues ou fusillés, dont le plus jeune Lucien Borcier, 17 ans et ½, et la déportation de 23 autres dont trois femmes. Cinq seulement revinrent et purent témoigner parmi lesquelles sa grand mère et Pascal Pilloud "que certains ont connus".
«N'oublions jamais» poursuivit Ginette Harang avant de lancer cet appel «Luttons contre le racisme, l'antisémitisme, la 
xénophobie, le négationnisme. Protégeons notre laïcité qui permet la tolérance et le vivre ensemble» et de conclure «Le devoir de mémoire est très important pour toutes les victimes du nazisme. Pour elles,  l'oubli serait pire que la mort. À nous le souvenir, à elles l'immortalité». Constance, sa petite fille âgée de 12 ans et demi «le même âge que j'avais le jour de la rafle du jeudi 10 février 1944» lut alors "je trahirai demain", poème composé par Marianne Cohn, après son arrestation en 1943 avant d'être relâchée au bout de trois mois. Cette résistante qui faisait passer des enfants juifs en Suisse fut à nouveau arrêtée en 1944 à  Annemasse  Malgré la torture, elle ne livra aucune information à la Gestapo et mourut assassinée à coups de bottes et de pelles.

Dépôt de gerbes
Christian Monteil  rappela alors que ces plaques commémoratives avaient été apposées  contre le mur de l'école élémentaire  à la demande de Ginette Harang et du Souvenir Français local avec la volonté d’inscrire cette cérémonie dans le temps. Deux représentants du conseil municipal des enfants lurent ensuite les inscriptions figurant sur ces plaques tandis qu'un vibrant "chant des partisans" entonné par les musiciens et repris  par l'assistance ponctuait l'instant.
Simple mais empreinte d'une grande solennité, cette commémoration s'est conclue par un dépôt de gerbes suivi d'une minute de silence poignante avant une retentissante Marseillaise , "les Allobroges" repris en chœur apportant la touche finale à cette belle cérémonie.

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