Pourquoi les jeunes quittent-ils Aix-les-Bains ?
Alison est une jeune qui a eu un parcours somme toute classique jusqu’à ses dix-huit ans. Après avoir grandi et suivi sa scolarité à Aix-les-Bains, elle a obtenu un CAP Café Brasserie au MFR Le Fontanil à Saint-Alban-Leysse. Après avoir fait son alternance dans un restaurant du centre-ville, elle a travaillé la saison estivale jusqu’en novembre dans un restaurant du bord du lac. Mais c’est en décembre 2011, alors qu’elle a 18 ans, qu’elle décide de quitter Aix-les-Bains pour le Royaume-Uni.
C’est là que sont parcours devient différent de ce à quoi l’on pourrait s’attendre. Mais l’est-il vraiment ? En observant les rues de la ville, que ce soit en journée ou en soirée, on peut observer une sorte de trou générationnel. Les jeunes entre 18 et 30 ans se font relativement rares. Beaucoup vont dans de plus grandes villes, comme Lyon ou Paris, attirés par des offres d’emplois plus intéressantes à leur goût. Mais certains, comme Alison, optent pour l’étranger. Parfois ils reviennent, parfois pas.
Pour comprendre ce qui leur passe par la tête, nous allons leur donner la parole. Nous allons chercher à comprendre quel est leur parcours, pour quelles raisons ils ont quitté la France. Et aussi, pour certains, pourquoi ils ne veulent pas revenir.
Dans le cas d’Alison, la raison de son départ est simple : elle voulait apprendre l’anglais. Travaillant dans la restauration dans cette région, c’est une langue toujours très utile au vu de l’afflux de touristes. Un ami connaissant quelqu’un à Cardiff, au Pays de Galles, elle est entrée en contact avec ce dernier et a acheté son billet d’avion, un aller simple pour commencer. Jeune et aventureuse, c’est d’ailleurs sa mère qui lui a payé la première semaine d’hôtel, Alison ne s’en étant guère inquiétée.
Une fois à Cardiff, elle rencontre la contact qu’on lui avait donné, qui la guide dans ses démarches pour trouver un appartement, dans lequel elle emménagera au bout de cinq jours. cependant, un obstacle s’opposera à elle : son niveau d’anglais de l’époque ne lui permet pas de trouver un emploi. Elle passera donc cinq mois sans emploi, à profiter de la vie britannique.
Se retrouvant sans le sou, elle est donc revenue en France au printemps 2012. Mais l’appel de Cardiff était plus fort, et c’est en novembre de la même année qu’elle y retournera, travaillant dans la restauration. Profitant de la souplesse (voire l’absence) du code du travail britannique, elle changera régulièrement d’emploi au gré de ses envies.
C’est à Cardiff qu’elle se découvrira d’ailleurs une passion pour l’art, grâce aux amis qu’elle s’y est faits. Elle investira donc la scène artistique de Cardiff, participant même à des expositions photographiques.
Enchaînant les petits boulots, elle devient ensuite une véritable locale à Cardiff. Une première désillusion aura cependant lieu en mars 2018. Après plusieurs mois en tant que manager dans un club local, elle s’apercevra que le management à la britannique n’est pas à la hauteur de la France. Elle reviendra en France à partir de juillet jusqu’à juin 2019, travaillant à l’aéroport de Chambéry. Bien entendu, ce n’était que temporaire. Elle a ensuite trouvé un emploi dans une compagnie d’administration en assurances, son français natif étant un avantage non négligeable.
Nous lui avons donc demandé pourquoi elle a fait plusieurs retours à Aix-les-Bains, mais pour toujours retourner à Cardiff. La raison principale, c’est qu’elle veut voyager. Pas seulement en Europe, elle veut aussi découvrir d’autres pays, d’autres cultures. Apprendre la musique, plonger en Égypte… Mais aussi, et elle l’assume sans détour, elle préfère la mentalité de sa ville d’adoption. Pour elle, il y a là-bas moins de jugement et plus d’ouverture d’esprit. E plus, la flexibilité de l’emploi lui convient, à elle qui aime le changement. Quand on lui demande si elle reviendra à Aix-les-Bains un jour, elle répond que oui… pour les vacances. Parce que, et il serait dommage de l’oublier, l’environnement local, entre lac et montagne reste quelque chose qui fait rêver tout le monde.