Près des yeux, près du cœur
Mon maire – enfin celui de la commune que j’habite – je le connais bien. C’est même presque un ami, même si j’aurais volontiers envie de le battre certains jours. On n’est pas toujours d’accord mais on se respecte et je reconnais volontiers qu’il fait bien son boulot pour le village.
Alors quand, l’autre jour, il est venu prendre un verre à la maison et qu’il nous a dit, à mon mari et à moi «J’en ai marre, je crois que je vais démissionner !», ça m’a donné un coup. «Je suis comme beaucoup de mes collègues maires», qu’il me dit. Trop de contraintes, de moins en moins de marges de manœuvre, un manque de reconnaissance pour des élus qui doivent louvoyer entre les exigences légitimes de leurs administrés et les «diktats» des grandes agglomérations qui contrôlent de plus en plus la gestion des petites communes.
Franchement, ça m’a fait mal de l’entendre. Parce qu’on n’aime pas voir quelqu’un au bord du «burn out». Et aussi parce que le maire d’une commune – d’une petite commune j’entends - c’est vraiment quelqu’un.
Quelqu’un qui est capable de côtoyer régulièrement les «grands», ceux qui, entre la Préfecture et le Conseil départemental, gèrent les affaires publiques. Capable de tenter de démêler l’écheveau des textes réglementaires qu’il faut appliquer à la lettre sous peine de plainte au tribunal.
Mais aussi qui est capable de passer voir la petite dame âgée et veuve qui est trop souvent seule. Ou, comme c’est arrivé dans mon village, d’accompagner les gendarmes qui viennent annoncer à une mère l’accident qui a coûté la vie à son fils. Tout cela en chaussant parfois les bottes pour s’occuper d’une fuite sur le réseau d’eau. Ou encore de tenter de calmer deux voisins qui n’arrivent plus à s’entendre.
Bref ! On n’en finirait pas d’énumérer les charges qui pèsent sur les épaules d’un «petit» maire. Et lui, c’est sûr, ce n’est pas pour faire une carrière politique qu’il a choisi de se présenter aux élections. Sauf quelques cas particuliers (il y en a !), c’est juste parce qu’il veut se mettre au service de la collectivité, se rendre utile à la société.
Moi, je trouve qu’on ne lui dit pas assez, à notre maire, qu’on apprécie son travail. Et que lorsque l’on se fâche, c’est pour que les choses avancent mieux, parce que personne n’est infaillible. Mais pas pour le dézinguer !
A un moment où on veut tout regrouper dans de grandes organisations bien loin des modestes citoyens que nous sommes, j’avais envie de lui rendre hommage à mon maire. De lui dire qu’on a envie qu’il continue son travail auprès de ses administrés, en restant «près des yeux, près du cœur».
Je ne sais pas s’il se reconnaîtra, il ne sait pas que j’écris ces chroniques dans l’Hebdo ! Mais, de toutes façons, ce que je viens de dire, c’est valable pour tous nos élus.
Enfin, j’espère !
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