Propriétaires, faites-vous aider pour restaurer votre bâti patrimonial
La Fondation du patrimoine est très connue pour son soutien aux communes et associations qui souhaitent rénover un site remarquable, beaucoup moins pour son intervention auprès des particuliers. L'an dernier en Savoie, une vingtaine ont pu bénéficier de ce coup de pouce bienvenu, accordé pour préserver ou restituer l'authenticité du bien.
Ces vieilles maisons patrimoniales qui essaiment les bourgs sont garantes de l'âme d'un territoire, de son charme et de son caractère unique. Malheureusement, ces témoignages du passé peuvent être facilement balayés au cours de travaux de rénovation. Par manque de connaissance, par manque de moyens. Car restaurer ce bâti coûte plus cher et nécessite d'avoir recours à des artisans spécialisés. Mais certains chantiers peuvent bénéficier d'aides, à la fois logistiques et financières, grâce à la Fondation du patrimoine.
L'organisme n'intervient pas seulement sur des éléments patrimoniaux majeurs ou publics, comme des sites religieux, des moulins, ou encore des châteaux. Il soutient aussi le petit patrimoine privé. En Savoie, deux bénévoles passionnés de patrimoine, Claudine Barrioz, déléguée départementale, et Bruno Munier, technicien aux Bâtiments de France à la retraite, sillonnent le département pour venir en aide à ces particuliers.
A Viviers-du-Lac, enduit naturel et pierres saillantes pour la façade
Gabriel Putz, propriétaire d'une vieille maison savoyarde à Viviers-du-Lac, est un de ceux-là. «Ce n'est pas un monument historique, mais un bâtiment sans doute agricole à l'origine, dont la partie la plus ancienne doit dater du XVIIe siècle, figurant sur les mappes sardes», décrit M. Putz. Le propriétaire voulait rénover sa façade « au crépi tyrolien datant de plus de 100 ans », pas à son goût, préférant retrouver un enduit naturel à la chaux et à pierre vue, laissant les pierres saillantes et débordantes visibles.
M. Putz connaissait l'action de la Fondation du patrimoine par le biais d'une amie, qui avait fait restaurer une maison forte à Montmélian. «Les bénévoles m'ont expliqué comment monter un dossier, relativement facile à remplir. Je possédais déjà le devis d'un artisan spécialisé, qui travaille dans les règles de l'art ancien. Ma requête a reçu un retour positif et l'architecte des Bâtiments de France (ABF), décisionnaire, a émis des préconisations : l'enduit devait être à la chaux et au sable de Pontcharra.»
Une fois le dossier validé, les travaux ont pu être réalisés ce printemps. Les bénévoles de la Fondation du patrimoine sont venus s'assurer de leur conformité et ont transmis l'information à l'ABF, ce qui a pu débloquer le jeu des subventions. «J'aurais, quoi qu'il en soit, réalisé ce chantier, mais j'ai pu profiter de cet effet d'aubaine qui a pris la forme d'une petite aide de la Fondation du patrimoine, de subventions du Département, et d'un avantage fiscal non négligeable.» Gabriel Putz a traité les deux façades visibles de sa maison et espère pouvoir s'attaquer aux deux à l'arrière.
Des travaux dans les règles de l'art, plus chers, mais soutenus
Cette aide dont M. Putz a bénéficié s'appelle le label de la Fondation du patrimoine. Sont éligibles les biens non soumis au régime des Monuments historiques, à l'architecture caractéristique du territoire, mais aussi les parcs et jardins, visibles de la voie publique ou ouverts au public dans les communes de moins de 20.000 habitants. Ce coup de pouce concerne les travaux de couverture, charpente, menuiserie, façade, et éventuellement les parcs et jardins. «Je parle de rénovation/restauration car on ne vit plus comme avant ; on sait bien qu'on ne peut pas reproduire à l'identique ici, où tout était sous le même toit : l'habitat, les écuries, le foin... Il s'agit bien sûr d'intégrer les contraintes thermiques tout en gardant le caractère de la bâtisse. Ça va coûter plus cher, mais les propriétaires sont aidés pour cela. C'est le but : les soutenir pour faire les travaux dans le respect du bâti», indique Claudine Barrioz.
La Fondation du patrimoine gère «tout ce qui prend du temps», analyse les demandes en se rendant sur site, monte les dossiers, s'appuie systématiquement sur l'avis de l'ABF en lui soumettant les projets et les devis. Une fois les travaux terminés, elle vérifie leur conformité pour pouvoir prétendre aux avantages financiers : une aide de la Fondation sur ses fonds propres, des subventions de la part des collectivités locales et une défiscalisation des travaux. L'an dernier, en Savoie, une vingtaine de labels ont été octroyés.
L'appel au financement participatif
Les communes et associations, elles, sollicitent la Fondation du patrimoine pour l'appel au mécénat populaire, à travers des souscriptions.
Ce financement participatif complète les subventions obtenues et représente environ 15% du plan de financement d'un chantier. Il s'agit d'une aide logistique dans l'organisation d'une collecte de dons : la rédaction d'un communiqué de presse, l'émission de bons de souscription avec le descriptif des travaux, l'histoire du monument, des photos, avec la possibilité de souscrire en ligne. Pour les particuliers comme pour les entreprises, en contrepartie de crédits d'impôt. «Nous avons également des mécènes nationaux à qui nous présentons tous les ans des projets de souscription en France. Ils abondent ce qui leur plaît. AG2R, par exemple, a choisi de soutenir la restauration de l'église de Saint-Nicolas-la-Chapelle», indique Claudine Barrioz.
D'autres collectes en cours concernent des édifices proches d'Aix-les-Bains : la restauration des églises de La Biolle, du Tremblay, du château de la Grande Forêt à Saint-Jean-de-Chevelu, sélectionné par la Mission Patrimoine de Stéphane Bern (déployée par la Fondation du patrimoine). Une autre souscription est en passe d'être signée en vue de rénover et d'agrandir le musée Faure, à Aix-les-Bains. Elle sera lancée à l'occasion des Journées du patrimoine.