Quand la route sert à chauffer un bâtiment

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Un procédé novateur est en cours d'expérimentation à Savoie Technolac, sous le nom de Dromotherm. L'énergie solaire est captée par un échangeur thermique routier intégré à la chaussée, stockée, puis diffusée dans un bâtiment par le biais d'une pompe à chaleur.

A l'image des panneaux solaires, des éoliennes et des centrales hydroélectriques, la route peut elle aussi produire de l'énergie renouvelable. C'est ce que tâche de démontrer une expérimentation en cours à Savoie Technolac, en face de l'Ines (Institut national de l'énergie solaire). Le projet Dromotherm consiste à développer une route qui capte l’énergie thermique au niveau grâce à son revêtement, la stocke sous le bâtiment à chauffer et la diffuse par le biais d'une pompe à chaleur.

Ce projet est mené par le laboratoire Locie de l’Université Savoie Mont Blanc, le Cerema, l’Institut Pascal, Eiffage route et Elydan, avec le soutien de Chambéry-Grand Lac économie (CGLE) et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui finance l'opération à hauteur de 200.000€.

Visuellement, l'expérience s'avère plutôt discrète, matérialisée par l'installation d'une cabane et d'une portion d'enrobé plus foncé que le reste de la route. Derrière, se cachent pourtant des trésors de technologie.

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Un chalet de 20 m² reproduisant les besoins d'un logement de 120 m²

L'expérimentation se déroule sur 30 m² de chaussée, revêtant trois couches d'enrobé différentes. « La première est étanche, maintenant en place l'eau qui va conduire la chaleur. Au-dessus, nous avons placé l'enrobé drainant où l'eau circule, recouvert d'une couche de roulement », détaille Thomas Attia, chef de projet recherche innovation chez Eiffage route. L'eau traverse ainsi la chaussée en captant la chaleur de celle-ci. L'énergie arrive dans un espace de stockage thermique enterré de 45 m3, associant du sable saturé en eau et un échangeur géothermique, installé sous le bâtiment à chauffer. « Nous avons placé des canalisations thermiques spiralées qui limitent les déperditions de chaleur », signale Sébastien Piraud, de l'entreprise Elydan. L'énergie collectée sert à chauffer le bâtiment et à produire de l'eau chaude sanitaire via la pompe à chaleur.

Le bâtiment test est en réalité une cabane de 20 m² non isolée. « Elle doit représenter les déperditions énergétiques d'une maison de 120 m² », décrit Benoît Stutz, du laboratoire Locie, professeur à l'université Savoie-Mont-Blanc.

 

Un procédé qui réduit les îlots de chaleur en milieu urbain

Selon l'équipe de recherche, le procédé sera plus efficace sur un immeuble ou un bâtiment tertiaire, comme ceux que l'on trouve en quantité à Savoie Technolac. « Plus le stockage est gros, plus les pertes sont faibles. Les pertes s'avèrent donc plus conséquentes sur une maison individuelle que sur un bâtiment collectif », précise Benoît Stutz.

Le dispositif se révèle particulièrement pertinent en milieu urbain, sujet aux îlots de chaleur l'été. Dromotherm permet de les réduire car la collecte énergétique de l'été doit se traduire par une baisse de la température de la chaussée traitée de 5°.

Pour l'heure, le procédé est testé en conditions réelles pendant plusieurs années sur ce terrain mis à disposition par CGLE. Les données qui en découlent sont collectées par le Cerema, à l'origine de l'opération, insiste Alexandre Cuer, directeur adjoint du département laboratoire de Clermont-Ferrand.

Dromotherm pourrait ensuite être testé à plus grande échelle, sur des bâtiments tertiaires de Savoie Technolac par exemple, en accord avec Marie-Pierre Montoro-Sadoux et Luc Berthoud, respectivement présidente et vice-président de CGLE.

 

 

 

Photos (crédit MFS) :

1. Représentants d

Ce chalet de 20 m² reproduit les besoins d'un logement de 120 m².

La portion de route traitée se trouve au pied du chalet.

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