Quel avenir pour Savoie Technolac ?

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A l’heure d’urbaniser la troisième zone de Savoie Technolac, les élus réfléchissent au visage à donner à ce futur espace et plus largement à l’ensemble du parc d’activités. Un travail de co-construction impliquant la population, mené par un groupement dirigé par Kayak Architecture.

Convertir une friche militaire en mini-Silicon Valley, c’était osé, novateur, visionnaire même, en 1987. A l’heure d’envisager l’aménagement de la troisième zone de Savoie Technolac, sur la commune de La Motte-Servolex, les élus _sous la houlette de CGLE (Chambéry Grand Lac Economie), qui gère les parcs d’activités de l’ensemble du territoire_ souhaitent se montrer dignes de l’ambition de leurs prédécesseurs.

En 2018, l’Etat a donné son feu vert pour l’urbanisation de ce secteur. Le lancement d’une DUP (déclaration d’utilité publique) doit permettre l’acquisition du foncier manquant (entre 20 et 25% des terrains). Une étape qui devrait durer entre 18 et 24 mois. Les premières entreprises pourraient s’implanter à l’automne 2024 sur cet espace de 23 ha, dont la moitié serait urbanisée, capable d’absorber 6 000 emplois.

Mais avant d’entreprendre quoi que ce soit, les élus ont préféré tout remettre à plat, prendre du recul, réfléchir aux orientations futures à travers la mise en œuvre d’une étude prospective économique et urbanistique de l’ensemble du parc, situé à cheval sur les communes du Bourget-du-Lac et de La Motte-Servolex. Ce diagnostic est réalisé par Kayak Architecture (mandataire et urbaniste), associé à MaZ Projets, Synopter (développeur économique, spécialiste des parcs d’activités), Inddigo (bureau d’études environnemental à la pointe sur la mobilité), et Elephant et intention (centre de formation en intelligence collective).

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De grosses poches de stationnement caractérisent la Zac 2. (©MFS)

Travailler sur le futur, revoir l’existant

«Cette collaboration entre élus sortant un projet autour des PME, c’était novateur dans les années 1980. D’un côté, on avait les stations de ski, de l’autre les grosses industries. C’est une belle réussite», juge Xavier Patriarche, co-fondateur de Kayak Architecture, qui connaît Savoie Technolac comme sa poche, y ayant d’abord étudié puis travaillé pendant 20 ans.

Le parc se développe selon un processus prévu de longue date, par phase. «L’idée de départ était d’en faire un parc pas comme les autres, expérimental et innovant, d’y aller par étape, se laissant la possibilité d’évoluer, en s’axant sur les pôles d’excellence que sont les réseaux numériques et les énergies renouvelables», relate Luc Berthoud, maire de La Motte-Servolex et vice-président de CGLE.

A chaque époque ses besoins, ses enjeux, qui transparaissent à travers les diverses configurations du parc. La Zac 1 présente des bâtiments de faible hauteur (R+1) tandis qu’ils sont plus élevés sur la Zac 2 ( R+ 2 ou 3) et devraient l’être davantage encore sur la Zac 3 (R + 4 ou 5). La différence est notable du point de vue du stationnement également, rangé par bâtiment sur la Zac 1, avec la présence de grosses poches de parking sur la 2. «Il a plus de parkings que d’espace économique», relève Nicolas Mercat, maire du Bourget-du-Lac. La 3 devrait être radicalement éloignée de ce schéma, avec «davantage de concentration urbanistique pour laisser plus de place aux espaces naturels», indique Luc Berthoud.

Ce phasage présente aussi l’avantage de ne pas reproduire les erreurs du passé : «Sur la Zac 1, il s’agissait de vente pure. La 2 a amorcé une rupture avec des baux à construction qui font que l’entreprise est seulement propriétaire des murs et que le foncier reste à la collectivité. Ce qui évite la présence de friches industrielles. Nous voulons faire pareil sur la 3», précise Luc Berthoud. Les locaux toujours vides de l’ancien CIH d’EDF sur la Zac 1 illustrent parfaitement le problème.

Cette étude propective est l’occasion de s’interroger sur le devenir de l’existant pour garder une dynamique d’ensemble, peut-être en densifiant ces zones en hauteur, ou en grignotant des espaces sur les parkings. Xavier Patriarche défend l’idée d’une densification de l’existant en retardant le plus possible l’aménagement du troisième espace.

Mettre sur un pied d’égalité le cadre et ses occupants

Se pose ensuite la question de la vocation du site. Les parcs d’activités peuvent se remplir très vite... «Nous soutenons l’idée qu’il faut garder cette exigence, cette orientation technologique autour des énergies et de l’environnement, même si nous mettons 20 ans à remplir la zone», estime Nicolas Mercat. «Cela restera un site dédié autour des énergies et peut-être même un démonstrateur avec des applications sur site», confirme l’architecte. D’où la nécessité de prévoir des parcelles plus grandes pour que les entreprises puissent s’étendre.

Le critère de la performance environnementale émerge comme une volonté forte. Le plan de composition s’articulera autour du canal écrêteur de crue et l’aménagement de la zone s’inscrira dans la trame verte et bleue, démarche promouvant la préservation de la biodiversité. Baisse de la pollution lumineuse, autocollants figurant un rapace apposés sur les baies vitrées pour éviter que les oiseaux ne se cognent dessus sont quelques actions envisagées. Pour mettre sur un pied d’égalité le cadre et ses occupants, 25 totems se chargeront d’expliquer à la fois ce qui se passe en termes d’innovation et de biodiversité sur le site.

Quid de la gouvernance ? Avant la loi Notre, le Département animait le site, géré depuis par CGLE.

Xavier Patriarche relève la nécessité de structurer d’autres entités pour répondre aux besoins des Technopolitains.

L’ancrage du site demeure un autre enjeu. La Zac 3 doit-elle être une bulle, un démonstrateur, un nouveau quartier ? «Pour les personnes interrogées, c’est compliqué d’imaginer un nouveau quartier avec des habitations mais on constate un désir de renforcer les liens et les interactions avec les communes, en particulier avec l’émergence des nouveaux quartiers : l’éco-hameau des Granges à La Motte-Servolex et le Triangle sud au Bourget-du-Lac», observe M. Patriarche.

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Le plan de la future Zac telle qu’imaginée en 2018. (©MFS)

 

Le problème de l’accès
et des mobilités

Mais le sujet le plus épineux reste sans conteste l’accès à ce site périurbain. «La RD 1504 est en limite de congestion et la RD 1201 est très fréquentée aussi, cumulant à elles deux 30.000 véhicules par jour. Il faut un report modal massif vers le vélo, les transports en commun, le covoiturage et proposer la réalisation d’un site propre pour les bus vers Chambéry et Aix-les-Bains», soutient Nicolas Mercat. «Avec Grand Chambéry en 2018, nous avions travaillé sur ce que pourrait être un transport en site propre de Voglans à La Motte-Servolex par la RD 1504. Les études ont montré qu’il y en avait pour 15 à 20 M€ de travaux ! Il faut retravailler le scénario pour trouver une solution moins coûteuse. Ce serait bien si ce même travail pouvait accompli sur la RD 1201, mais le site est contraint avec d’un côté la réserve naturelle et de l’autre l’aéroport», fait remarquer Luc Berthoud. Echelonner les horaires d’arrivée reste une piste à explorer, tout comme la montée en puissance des transports en commun (avec pourquoi pas la création d’un pôle multimodal à Voglans), du vélo et du covoiturage. Quant à la place de la voiture sur le site, Luc Berthoud plaide pour «un parc sans voiture, juste ouvert aux livraisons et aux personnes handicapées, avec la présence de parkings relais en périphérie».

Si les grandes lignes du projet commencent à éclore, il faudra attendre encore quelques mois pour voir apparaître la feuille de route définitive découlant de ce travail de co-construction.

 

 

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