Quelles sont les idées retenues au terme de la consultation ?

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Au terme d'un an de travail, le projet de territoire est achevé. Il donne une vision pour la décennie à venir dans tous les domaines de compétence de Grand Lac, voire au-delà. Ne reste plus qu'à mettre en œuvre cette feuille de route.

C'était la dernière étape du projet de territoire, sa restitution, un an à peine après son lancement. Pour l'élaborer, Grand Lac a choisi de très largement s'appuyer sur la consultation citoyenne. En retour, la collectivité est attendue au tournant. Les participants entendent bien voir la concrétisation de leur brain storming, comme l'a souligné Adeline Roux, une socioprofessionnelle membre du panel, lors de la soirée du 6 décembre organisée à Aix-les-Bains.

« L'aménagement se déroule sur le temps long », a rappelé le président de l'intercommunalité, Renaud Beretti. L'élu en a profité pour insister sur le fait que le projet de territoire ne constituait pas un document programmatique, _ « il existe le plan pluriannuel d'investissement pour ça »_, mais se situait davantage au niveau de la feuille de route pour la décennie à venir. « Nous avons pris le pouls pour nous assurer que nous prenions la bonne direction. »

Sur les 380 propositions qui ont émergé des diverses consultations (population, collégiens, socioprofessionnels, agents des collectivités et élus), 140 ont été retenues. « Il fallait qu'elles retournent de notre compétence, ne soient pas encore réalisées et soient réalisables, au regard de leur coût et de leur durée de mise en œuvre », décrit Florian Maitre, maire de Grésy-sur-Aix et vice-président de Grand Lac en charge du projet de territoire.

Premier retour d'expérience de cette consultation : beaucoup d'habitants ne savent pas ce que Grand Lac réalise au quotidien. « On communique mal », lâche Florian Maitre. Au cours de cette soirée de restitution, Grand Lac, par la voix de plusieurs de ses élus, s'est employée à rectifier le tir, en énumérant les actions déjà en place. A tel point qu'au sortir de cette soirée, il était difficile de se faire une idée précise des propositions développées dans le projet de territoire... Le document, consultable sur le site internet de Grand Lac, déploie 19 ambitions à travers trois axes : la transition, l'attractivité et la proximité.

La transition écologique et énergétique

La moitié des contributions concernait le développement durable, sujet transversal. « On parle souvent de transition énergétique, elle est aussi écologique », rectifie Marie-Claire Barbier, maire de Chindrieux et vice-présidente de Grand Lac en charge du sujet. La collectivité a déjà impulsé de nombreuses actions en matière de protection environnementale, production d'énergies renouvelables, gestion des déchets et circuits courts, qu'elle entend accroître. Au titre des nouvelles propositions, figurent, par exemple, l'étude du potentiel hydrothermique du lac et des sources des thermes, l'arrêt des prélèvements domestiques multiples pour l'arrosage, le travail sur l'imperméabilité des sols lors des projets de constructions nouvelles ou la création d'une maison de l'économie circulaire. « Nous devons définir un lieu dédié aux économies circulaires et il pourrait s'agir de Grésy-sur-Aix », lance Marie-Pierre Montoro-Sadoux, vice-présidente en charge de l'économie.

Les transports

Les déplacements préoccupent beaucoup les habitants. Ils ont augmenté de 34% en 10 ans (soit beaucoup plus vite que la population) et s'effectuent pour la plupart en voiture : 83% des actifs vont travailler en voiture. « La moitié des déplacements font moins de 5 km ; il faut changer nos comportements individuels », martèle Florian Maitre, en charge des déplacements à Grand Lac. La communauté d'agglomération a déjà déployé une kyrielles de solutions pour favoriser le vélo, le covoiturage, et le bus. A l'avenir, il s'agira de créer des voies en site propre pour les transports en commun, renforcer la piétonnisation des centres urbains ou encore développer des parkings périphériques, connectés aux bus, train et vélo. Train sous-exploité selon l'élu. Désengorger les routes aux heures de pointe peut aussi se traduire par l'adaptation des horaires de bureau et un travail sur le dernier kilomètre des véhicules de livraison par le biais d'une plateforme dédiée, mutualisée avec Chambéry.

Le logement

L'attractivité du territoire n'est plus à démontrer. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un œil du côté des prix de l'immobilier. Chaque année, le territoire accueille 0,9% de population en plus, dont une grosse part a plus de 60 ans. Cet afflux, il faut le loger. A des prix décents. Thibaut Guigue, vice-président chargé de l'urbanisme, compte, par exemple, sur des outils comme le bail réel solidaire, dissociant le foncier du bâti. « On peut ainsi acheter à moins de 3000€ du m² dans le centre d'Aix ».

Autre contrainte : le manque d'espace. La loi Climat et résilience impose de consommer deux fois moins de foncier pour permettre à la ruralité de continuer à se développer. « Chaque année, 30 ha de terres disparaissent au profit de l'urbanisation », indique Julie Novelli, maire de La Biolle et vice-présidente de Grand Lac chargée de l'agriculture. Il va falloir densifier, y compris dans les communes de la première couronne, « qui étaient auparavant des zones pavillonnaires », pointe Nicolas Jacquier, maire de Drumettaz-Clarafond. Et les projets immobiliers trop importants peuvent cristalliser les tensions dans ces zones « rurbaines ». D'où l'intérêt pour la collectivité de mieux maîtriser les programmes immobiliers en matière de densité, d'intégration paysagère, et de faire en sorte qu'ils soient connectés aux mobilités douces et adaptés au maintien à domicile.

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Le projet de territoire propose la maîtrise publique des programmes immobiliers. (© MFS)

L'attractivité économique

Le foncier est contraint, et il l'est aussi pour les entreprises. Plutôt que de chercher à ce qu'une très grosse entreprise s'implante et draine dans son sillon de multiples emplois, il s'agit aujourd'hui d'aider les sociétés déjà présentes à se développer. « Des lieux vierges, il n'y en a plus beaucoup », admet Marie-Pierre Montoro-Sadoux. Là aussi, la densification s'impose. Pour trouver de l'espace, il faut restructurer les parcs d'activités existants, exploiter les bâtiments à l'abandon. Il faut ensuite repenser la conception des nouveaux parcs, ou leur extension, pour optimiser l'espace, en mutualisant les espaces et les locaux.

L'attractivité touristique

Depuis deux étés, le territoire connaît une hausse de près de 10% de sa fréquentation, qui devrait encore s'accentuer une fois que les cures auront repris leur vitesse de croisière. « Les amis, on aime les recevoir chez soi, mais pas tous en même temps », résume Michel Frugier, vice-président de Grand Lac en charge du tourisme. A l'avenir, le tourisme doit être plus vert, mieux réparti géographiquement et temporellement.

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Le tourisme doit être plus vert, mieux réparti géographiquement et temporellement. (© MFS)

Commerces et services dans les petites communes

Le nombre de personnes âgées s'accroît et ce fait ne peut être ignoré en matière de commerces et de services. « Nous avons de vraies difficultés à développer le petit commerce dans les communes de la première couronne, où se trouvent de grosses enseignes contre lesquelles on ne peut lutter. Mais il reste de la place pour le commerce atypique, les produits de terroir et l'artisanat », observe Nicolas Jacquier. Ces problématiques, Entrelacs ne les ignore pas et y travaille sérieusement à travers l'élaboration de son propre projet de territoire. De manière plus large, les propositions retenues à l'échelle de Grand Lac concernent l'installation de médecins, la création d'espaces intergénérationnels comme des crèches dans les Ehpad ou encore de lieux de garde d'enfants à proximité des parcs d'activités. Et bien sûr, la délocalisation de l'offre culturelle vers les petites communes, à l'instar de ce que fait la Chautagne.

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Entrelacs travaille déjà sur le développement des commerces et des services dans le cadre de son propre projet de territoire. (© MFS)

Et après ?

« Le plus dur reste à venir », résume Renaud Beretti. « L'agglomération n'a pas toutes les compétences pour décliner ce projet de territoire. Il va falloir entamer un travail de pédagogie auprès du Département, de la Région et de l'Etat », précise Florian Maitre. Et pour s'assurer que ce document soit bien suivi d'effets, un atelier citoyen se réunira deux à trois fois par an et participera à des groupes de travail thématiques et un outil de suivi sera mis en place dès 2023.

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