Qui est Manon Trapp, ambassadrice sportive d’Aix-les-Bains ? 

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Manon Trapp tentera de battre le record de France du marathon début 2026. 

Manon Trapp tentera de battre le record de France du marathon début 2026.  - © Matthias Sevilla

Après une enfance consacrée au judo, Manon Trapp est tombée littéralement amoureuse de la course à pieds. Savoyarde d'adoption et licenciée au club d'Aix-les-Bains, elle porte haut les couleurs du club et de la ville.

Aix-les-Bains est une ville moyenne de moins de 35 000 habitants. Pourtant, elle jouit d'une certaine renommée au-delà de la région. Si le thermalisme en reste la principale raison, son caractère ultra-sportif également, symbolisé par les 15 sportifs de haut niveau ambassadeurs de la ville. Manon Trapp, 25 ans, est l'une d'entre elles.

Du kimono aux baskets

Née à Sèvres et originaire de la région parisienne, la jeune femme n'y était pourtant pas prédestinée. Très sportive depuis son plus jeune âge et même "hyperactive" de son propre aveu, Manon Trapp touche un peu à tout. Équitation pendant 4 ans, randonnées, ou encore VTT, sa vie est déjà rythmée par le sport. Finalement, elle se plaît à pratiquer le judo. "J'ai vraiment accroché. Je me suis prise au jeu", confie-t-elle. Entre compétitions et entraînements, elle pratique de manière assidue.

Elle atteint même un certain niveau et la ceinture noire. Pendant ces années, elle se forme et se développe physiquement dans le sport qui lui plaît. Pour autant, elle continue de pratiquer d'autres activités sportives occasionnellement et se met à courir. "Je faisais un footing par semaine dans le cadre de la préparation physique dans la forêt de Meudon à côté de chez moi et j'ai commencé à adorer courir dans la nature et les sensations que ça me procurait", se rappelle Manon.

Avec son arrivée au collège, elle découvre le cross et se place bien dans les classements. Tous les ans, elle réalise aussi le 10 km de sa ville. Beaucoup voient déjà en elle un potentiel mais Manon préfère se concentrer sur le judo. "On me disait souvent que j'avais un potentiel parce que je ne m'entraînais pas et j'avais fait 40 minutes au 10 km, mais j'étais trop attachée au judo", se remémore l'athlète. Mais 11 ans après ses débuts en kimono, elle se lasse peu à peu du judo avec l'impression "d'avoir fait le tour".

Une progression fulgurante

Elle décide alors de se lancer dans la course à pieds et s'inscrit au club de Boulogne-Billancourt en 2017 avec une idée en tête : "voir où son potentiel pouvait l'amener". Sérieuse, à l'entraînement avec un entraîneur rigoureux, Manon progresse, et vite ! "J'ai beaucoup aimé, j'ai découvert plein de choses et je trouvais ça super stimulant le fait qu'en course à pieds, on ne s'arrête jamais, il y a plein de disciplines différentes : le cross l'hiver, la route, la piste", apprécie la jeune fille.

Important pour sa construction, elle clôt le chapitre du judo pour se consacrer à la course à pieds. "C'est un peu ce sport qui a fait la personne que je suis aujourd'hui et ça m'a quand même bien armée que ce soit sur le plan mental ou physique", souligne néanmoins Manon.

Aussi à l'aise dans son kimono que dans ses baskets de course, Manon Trapp dévoile peu à peu son potentiel. Elle commence par faire du cross pour lequel elle a un attrait particulier. Puis, elle découvre la piste en junior. "À mon âge en junior pour les championnats, la distance la plus longue c'était le 3000 m donc j'ai commencé à faire du 3000 m sur piste", détaille Manon Trapp.

Elle s'aperçoit rapidement que ce n'est pas ce qu'elle affectionne. "Je me suis rendue compte que ce n'était pas trop mon truc la piste mais je le faisais un peu pour continuer à m'entraîner avant que les cross arrivent", poursuit-elle. Elle se sert alors de la piste pour passer des caps et atteint peu à peu les plus hauts niveaux nationaux, que ce soit sur la piste ou la route jusqu'à décrocher des sélections en équipe de France.

Une arrivée en Savoie presque prédestinée

En parallèle, elle poursuit ses études et se voit obligée de déménager pour réaliser son master en géographie et montagne au Bourget-du-Lac. Elle arrive donc en Savoie et, plus précisément, à la Motte-Servolex, et commence à s'entraîner au club d'Aix-les-Bains. Un déménagement qui représente un déchirement pour certains.

Pas pour Manon Trapp qui s'en réjouit : "J'ai toujours été amoureuse des montagnes et quand j'étais en banlieue parisienne à Meudon, je rêvais de grands espaces et de nature". Elle y trouve d'ailleurs un cadre de vie et d'entraînement parfait entre lacs et montagnes. Sportivement, Manon performe et se découvre un intérêt pour les distances longues et notamment le marathon.

Diplômée en mai 2023, à un an des Jeux Olympiques de Paris, elle décide même de tout faire pour participer aux JO dans cette discipline, ne se voyant pas y participer sur la piste. "Je me suis dit pourquoi pas moi et pourquoi attendre encore alors que j'étais persuadée que les distances longues c'était fait pour moi", explique Manon, également guidée par l'envie de se faire plaisir.

Pour se donner plus de chances, elle s'investit à fond dans l'athlétisme. Elle prend même une année sabbatique qui fait figure d'année test où elle décide d'ailleurs de rester en Savoie pour faire sa première préparation marathon fin 2023. Et le succès est immédiat ! Avec un excellent temps de 2h25'48 sur son premier marathon à Valence en décembre 2023, soit une minute de mieux que les minima olympiques, elle constate ses progrès, d'autant plus que la course ne s'était pas passée comme prévue. "Je m'étais fait une entorse au bout du dixième kilomètre et j'ai couru le reste avec". Une preuve de plus que cette distance lui convient parfaitement.

Record de France et JO 2028 dans le viseur

Désormais convaincue, elle passe à 100 % coureuse professionnelle. Remplaçante aux JO de Paris, elle poursuit néanmoins sa progression depuis, avec plusieurs performances notables et notamment le record de France de marathon en février 2025 (battu depuis). Toujours en Savoie où elle profite des pistes cyclables pour ses sorties longues mais également des infrastructures du club, la Savoyarde d'adoption se fixe des objectifs ambitieux.

"Mon objectif c'est d'être la meilleure possible sur marathon mais sur l'année on fait un à deux marathons de manière performante et après le reste fait partie de la préparation. Pour ma préparation, il faut que je m'améliore sur des bases inférieures donc sur semi-marathon et 10 km", détaille-t-elle. Et dans ce cadre, elle visera le record de France prochainement.

Les marathons de Séville en février ou de Barcelone en mars sont les deux possibilités pour cet objectif. Un objectif à court terme avant de voir plus loin et les JO de Los Angeles en 2028. "Le marathon ça se construit sur des années. Moi je souhaite acquérir de l'expérience et améliorer mes références jusqu'à être armée pour 2028", commente la marathonienne. En attendant, la jeune coureuse de 25 ans devrait encore faire briller Aix-les-Bains et son club en Europe où elle projette de réaliser d'autres marathons.

Course de fond sur fond d'engagement

Mais si elle représente fièrement sa ville d'adoption et son club, elle représente également une association qui défend une cause qui lui tient à cœur. Ambassadrice pour l'association Mountain Riders qui œuvre pour l'éducation et la transition écologique en montagne, elle tente de mettre en lumière cette cause malgré un emploi du temps surchargé. "Très sensible aux causes environnementales et encore plus à celles qui touchent la montagne", elle tente de faire de la sensibilisation.

Et même si elle a dû mettre entre parenthèses ses actions bénévoles en raison de sa carrière sportive intense, elle n'en reste pas moins une ambassadrice engagée. Preuve en est que dans une carrière de coureuse professionnelle, on court après les chronomètres mais aussi après le temps. Et le temps, Manon Trapp, véritable amoureuse de son sport, espère qu'elle en passera encore une bonne partie à courir dans une carrière qu'elle espère longue et guidée par le plaisir comme elle le confie avec une positivité débordante : "j'adore courir et plus je fais de kilomètres, plus je suis contente".

Manon Trapp a commencé la course à pieds en 2017.  - © Matthias Sevilla
Manon Trapp a commencé la course à pieds en 2017.  - © Matthias Sevilla
Manon Trapp se prépare avec l'objectif de se qualifier pour les JO de 2028.  - © Matthias Sevilla
Manon Trapp se prépare avec l'objectif de se qualifier pour les JO de 2028.  - © Matthias Sevilla

Alexis Fernandez

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