Qui est UIARA, l’artiste installée à Cessens ?

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UIARA a sorti son EP Pantera en juin. 

UIARA a sorti son EP Pantera en juin.  - Photo : Alexis Fernandez 

Originaire du Brésil et désormais installée à Entrelacs, UIARA a sorti son premier EP et propose avec ce projet une traversée musicale entre Afropop, R&B et rythmes afro-brésiliens. Avec un grand sourire et une bonne humeur communicative, elle s'est confiée sur l'évolution de sa carrière artistique à la sortie de son EP Pantera.

Présentez-vous ?

Je m'appelle UIARA et je suis artiste brésilienne résidant en France depuis 3 ans. J'ai 31 ans et je fais de l'Afropop que j'appelle aussi de manière plus intime de l'Afropop sans frontière parce que c'est un mélange de mes origines brésiliennes et aussi de ce que je vois et ressens en contact avec le monde.

Quels ont été vos premiers contacts avec la musique ?

Mes premiers contacts avec la musique se sont passés à l'âge de 4 ans. J'écoutais mon grand-père jouer de la guitare à 7 cordes au Brésil. C'était ma première école de musique avec lui, en l'écoutant faire des notes musicales. Je le trouvais génial. Il était autodidacte mais c'est lui qui m'a enseigné à harmoniser la voix avec les mélodies mais surtout à m'exprimer de façon libre.

À l'époque de mon grand-père la musique était très marginalisée, du coup son père ne lui permettait pas de jouer de la musique donc il le faisait en cachette. C'est pour ça qu'il me disait de sentir la musique de manière libre mais je n'ai pas développé la pratique musicale tout de suite, j'ai commencé par la danse.

Comment êtes-vous passée de la danse à la musique ?

J'ai commencé à danser à l'âge de 6 ans avec le Jazz et le hip-hop qu'on appelle aussi dança de rua au Brésil : la danse de la rue qui est perçue aussi de manière marginalisée. J'ai toujours été entourée par beaucoup d'art. J'ai commencé à faire de la danse comme danseuse apprentie et à l'âge de 15 ans j'ai commencé à donner des cours de danse et surtout de hip-hop parce que c'est ce qui me représentait le plus, notamment dans le fait de me sentir libre en plus de pouvoir amener un message par le mouvement.

Ça, c'était le départ et après je suis rentrée dans une compagnie de danse. Ensuite, j'ai été retenue pour participer à une tournée dans 5 pays donc c'était génial. C'était une tournée de danse et de musique en live donc nous, en tant que danseurs, on faisait de la percussion. Il y avait aussi des musiciens et une chanteuse sur scène avec nous. En 2016, quand la tournée est passée aux États-Unis, la chanteuse officielle du spectacle a perdu la voix.

Elle n'arrivait pas à chanter et c'est à ce moment-là que j'ai dit à l'équipe que je connaissais les musiques et que je pourrais la remplacer parce que sinon il faudrait annuler complètement le spectacle. Personne ne savait vraiment que je chantais à ce moment-là mais c'était une soirée très importante qui ne pouvait pas être annulée donc j'ai réussi à chanter et à danser.

Et quand j'étais devant le public de plus de 1500 personnes en train de danser et chanter, j'ai senti comme une électricité qui passait dans mon corps et ça m'a nourrie. Là j'ai compris pourquoi j'étais venue dans ce monde : pour amener un message et être au service de l'art par la musique et le mouvement.

Quel impact a eu ce moment-là ?

Depuis 2016 je n'ai pas arrêté de chanter. J'ai commencé à croire davantage en moi en tant que chanteuse et à me mettre plus en avant en tant que chanteuse sur scène même si la danse était aussi là pour m'apporter sur scène. J'ai commencé à faire partie de groupes de musique populaire brésilienne et à jouer de la samba, bossa nova et d'autres styles brésiliens mais comme première voix.

C'est en 2020, à l'époque de la pandémie, que j'ai commencé à sentir une envie de pouvoir écrire et composer mes propres chansons plutôt que de faire des reprises. C'était une manière d'amener un message, de parler de ce que je ressens et de partager mon parcours par la musique. Depuis ce moment, j'ai commencé ma carrière solo et un nouveau moment de ma vie aussi parce que je sors de cet encadrement d'artiste qui fait partie d'un projet.

Qu'est-ce que cela change pour vous de devenir artiste solo?

Quand on veut faire de la musique d'auteur, les portes ne s'ouvrent pas tout de suite. C'est beaucoup plus simple de chanter des reprises parce que tout le monde les connaît.

À partir du moment où on a envie de défendre des idéologies, amener son art, montrer son identité et dire ça c'est UIARA et j'ai quelque chose à vous dire par la musique, c'est un chemin solitaire mais c'est gratifiant. Dans un premier temps, j'ai compris l'importance d'être ma propre équipe parce que ce n'est pas tout de suite qu'on a des personnes qui nous suivent. Au début ils doutent donc il faut s'accrocher pour que les gens commencent aussi à croire en vous mais ça m'a montré ma force. Soit on croit en soi, soit on abandonne mais pour moi abandonner ce n'est pas une option.

Avez-vous commencé à vous produire sur scène seule ?

J'ai commencé à faire des petites scènes, d'abord dans des bars, des salons, des événements et après j'ai commencé à être invitée dans des petits festivals mais au milieu de tout ça j'ai connu mon mari à l'époque de la tournée. Il était régisseur lumière pour la compagnie. Il nous accompagnait dans les tournées, c'est comme ça qu'on s'est connus.

C'est ce qui explique votre arrivée en France ?

Oui, en 2022 on a décidé de commencer notre vie ensemble. Moi j'avais toujours envie de mener mon art plus loin donc en 2022 j'étais sur le lancement de ma carrière. Quand je suis arrivée en France il y a eu un arrêt pour apprendre la langue, découvrir une autre culture, me retrouver dans un autre environnement et comprendre comment je pourrais amener mon art, mon identité et ma musique dans un autre pays sans perdre mon authenticité. C'est un autre chemin qui a commencé mais la musique m'a toujours donné de la force et c'est elle qui me guide.

Vous vous êtes donc lancée dans la création d'un EP sorti en juin ?

Oui, Pantera c'est panthère en français. C'est mon premier EP. N'ayant jamais fait d'album et étant une artiste indépendante je ne savais pas trop comment produire un album entier donc j'ai commencé petit à petit avec un single puis un deuxième et finalement j'ai sorti cet EP. J'ai eu le contact d'un producteur à Paris et je savais que j'avais besoin de professionnaliser mes musiques pour pouvoir prendre ma place dans cet univers musical énorme.

J'ai commencé à écrire mes chansons en 2023 et quand j'avais déjà 7 morceaux, j'en ai choisi 6 pour faire cet EP de lancement et j'ai compris que ça pourrait m'aider pour mes débuts. Avec cette collaboration avec un producteur parisien j'ai eu cette idée d'Afropop sans frontière et l'image de la panthère qui est un animal mystique, mystérieux et puissant. La panthère invite à regarder son côté sombre, moi je sentais un peu ça avec mon arrivée en France. Je me sentais plus seule, perdue et j'étais obligée de sortir de mon côté solaire brésilien pour regarder mon côté sombre. J'en ai gardé le meilleur pour le sortir en musique. C'est aussi ça Pantera : ma renaissance artistique.

Quel est le message principal de cet EP ?

Le message principal c'est qu'il ne faut pas taire sa propre voix. Tout le monde a une voix et à cause de circonstances de la vie on peut la perdre. Pantera invite à regarder ses ombres et à laisser sa propre lumière ressortir, projeter sa voix au monde, vivre avec notre puissance et notre identité.

Quel est votre objectif dans la musique ?

En tant qu'artiste indépendante, mon but premier c'est de pouvoir commencer ma première tournée en Europe. Là j'étais au Brésil au mois d'août donc j'ai joué pour la première fois mon EP au festival Timbre qui est un des plus grands festivals de l'État de Minas Gerais dont je viens.

J'étais sur la scène principale et c'était incroyable pour moi de pouvoir jouer mes musiques sur une grande scène mais maintenant j'ai envie de pouvoir amener plus loin ma musique ici en Europe. Je commence déjà à travailler d'abord sur des singles mais aussi à visualiser un album pour le futur pour continuer à amener ma carrière plus loin. Aujourd'hui, je suis dans le mouvement des artistes émergents et j'ai envie de bien me positionner sur la scène musicale et d'être une artiste reconnue.

Est-ce que vous avez une idée précise de votre tournée ?

C'est en cours de travail pour le moment. Je la visualise pour 2026, plutôt pour l'été parce que ma musique est très dansante, rythmique et ici en France j'ai appris une autre manière de faire l'art. Il faut se projeter au minimum 6 mois à l'avance donc c'est pour ça que je me prépare et j'espère jouer en France.

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