Renaud Beretti, maire d’Aix-les-Bains : «J’ai une approche équilibrée de la construction»

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L'élu entame une rentrée riche, entre le contexte politique national inédit et l'actualité locale marquée par le démarrage des travaux de transformation des anciens thermes.

Vous êtes président des Républicains en Savoie. Comment voyez-vous l'avenir de votre parti et allez-vous continuer à vous y impliquer ?

Je ne sais pas si je continuerai car ça fait tout de même plusieurs années. Eric Ciotti a annoncé son retrait, ce qui est une bonne chose. Il y aura une nouvelle organisation, un(e) nouveau(elle) président(e). C'est à ce moment-là que je me déterminerai.

J'ai toujours été fidèle à cette famille-là, du RPR en passant par l'UMP, puis LR. Je ne suis pas du genre à louvoyer ou changer.

Mes années de présidence n'ont pas été les plus simples, avec une succession de revers. Les commentateurs politiques ont souvent annoncé l'implosion des LR, leur disparition. Or il y a une place pour les LR dans notre pays, comme il y a une place pour le PS. Ces deux partis qui se sont succédé à la tête du pays jusque-là ont été mis à mal par Emmanuel Macron. Sauf que le nouveau monde, ça n'existe pas et que les Républicains restent : ils sont majoritaires au Sénat, ils ont préservé un groupe à l'Assemblée nationale, ils président de nombreuses Villes, Départements et Régions. Dans les prochaines années, j'en suis persuadé, le mouvement sera amené à retrouver un rôle.

Vu le contexte politique de ces derniers mois, c'est sûr qu'il est difficile de savoir de quoi l'avenir sera fait. En un seul jour, et c'est exceptionnel, Fabrice Pannekoucke, maire de Moûtiers, a succédé à Laurent Wauquiez à la Région, et Michel Barnier est devenu Premier ministre.

Je soutiens Michel Barnier dans son action. Il doit faire face à une crise institutionnelle, politique, financière, sociale. Ça efface les clivages, il y a nécessité d'agir.

Marina Ferrari a été nommée ministre déléguée au Tourisme. Qu'en pensez-vous ? Quelles sont vos relations avec elle ?

Elles sont toujours les mêmes. Comme ce gouvernement mené par Michel Barnier comporte majoritairement des membres issus du bloc central, il n'était pas illogique qu'elle y soit. Elle figurait dans le gouvernement sortant, ce n'est donc pas une surprise qu'elle soit reconduite, dans des fonctions qui collent assez bien avec le département : le tourisme et la perspective des JO.

L'équipe municipale, celle de Grand Lac et le Département travailleront avec la ministre déléguée au Tourisme. C'est dans l'intérêt de tous. Le gouvernement transcende par nécessité les clivages, localement il faut que ce soit la même démarche de travail collectif.

«J'aimerais que la reprise du thermalisme soit plus dynamique»

Etes-vous inquiet pour le thermalisme qui peine à repartir après le Covid ?

Je ne suis pas inquiet mais j'aimerais que la reprise soit plus dynamique. Je suis président de Rhône-Alpes Thermal et co-président de la Fédération thermale Auvergne Rhône-Alpes.

Le thermalisme a énormément souffert du Covid. Pas qu'ici, partout. En Savoie, Challes-les-Eaux a fermé.

On tarde à revenir à une fréquentation anté-Covid alors même que nos deux établissements ont énormément investi. C'est frustrant pour l'économie locale car derrière tout ça, il y a des emplois.

Je vais réunir prochainement les deux responsables des thermes avec la directrice de Rhône-Alpes Thermal, Sophie Fournier, Marie-Pierre Montoro- Sadoux, nouvelle vice-présidente de la Région en charge du thermalisme. La Région nous soutient, je rappelle ses deux plans de 50M€, ce n'est pas anodin et c'est pour ça qu'il y a raison d'espérer. Je convierai aussi nos professionnels : loueurs de meublés, commerçants, hôteliers, office de tourisme. Pour faire le point, essayer de comprendre, savoir si on peut faire mieux localement. C'est pour ça que je ne regrette pas de ne pas avoir instauré la fameuse surtaxe d'habitation, ce n'était pas la peine d'en rajouter.

Comment se porte le tourisme ?

Nous avons connu un été contrasté avec de la pluie. Mais il y a eu beaucoup de monde dans la période comprise entre mi-juillet et mi-août. Nos différentes animations ont toutes été couronnées de succès. Aix-les-Bains Riviera des Alpes est devenue une destination.

Comptez-vous là-dessus pour compenser la baisse du thermalisme ?

Non, j'insiste sur les deux : thermalisme et tourisme. C'est sûr que le tourisme est actuellement plus dynamique. Nous sommes vraiment devenus un territoire attractif pour s'installer, travailler et pour les vacances. Dans le thermalisme, ne sont prises en compte que les cures de trois semaines. C'est sans compter tous ces séjours détente/ bien-être.

«Au sein du programme des Nouveaux thermes, nous allons racheter des surfaces pour y installer des services municipaux»

Les travaux des anciens thermes démarrent : ça y est !

Cet été, ont eu lieu les premiers travaux préparatoires au chantier de déconstruction. Le désamiantage et le déplombage avaient eu lieu avant. C'est une étape importante car on sort de 10 ans d'instruction, de complexité sur les plans administratif, juridique, financier, réglementaire. Au premier trimestre 2025, la tour Mabileau disparaîtra, comme la jonction entre les thermes Pellegrini et Pétriaux.

J'entends déjà : «C'est moche, ça va augmenter le nombre d'appartements et la circulation», alors que certains trouvent que c'est chouette.

Je comprends les gens qui ont cette réaction, mais il n'y a pas d'autre solution pour sauvegarder le patrimoine. Nous allons appliquer le programme pour lequel les Aixois ont voté en 2019, celui de Vincent Callebaut, une signature architecturale internationale. Ce sera un bâtiment remarquable du point de vue de l'efficacité énergétique.

Le patrimoine sera restitué aux Aixois : les bains de l'Aga Khan, les bains romains, la structure Art déco, les thermes Pétriaux.

Au sein du programme des Nouveaux thermes, nous allons racheter des surfaces pour y installer des services municipaux, dont l'office de tourisme. Ne seront transférés que des services actuellement logés dans des bâtiments que nous pourrons vendre pour pouvoir financer ce rachat. Le but étant de regrouper les services, aujourd'hui trop éclatés.

A côté du programme immobilier, la Ville doit réhabiliter les thermes Pellegrini...

En 2025, commencent les travaux de mise hors d'eau hors d'air du bâtiment, budgeté au plan pluriannuel d'investissement et dédié à la culture, avec la médiathèque, et à l'expression artistique. Le Ciap (centre d'interprétation d'architecture et du patrimoine) sera le trait d'union entre les deux bâtiments - Pétriaux et Pellegrini – partageant un accueil commun avec l'office de tourisme.

J'espère que nous parviendrons à tout réaliser, Ville comme groupement, en moins de cinq ans pour minimiser l'impact du chantier.

«Le logement social, c'est un mauvais procès qui m'est fait»

Ce nouveau programme immobilier, c'est une façon de construire la ville sur la ville, comme vous le dites souvent...

Nous serons en plein dans l'application de la loi Zan (zéro artificialisation nette). J'ai neutralisé les zones UD et sanctuarisé d'autres zones comme Nirvana, le Bois Vidal. Tout ce qui ne sera pas artificialisé ne pourra plus l'être. Donc il faudra bien le faire sur l'existant. Aix est en train de se transformer, entre l'Hôtel thermal, les chantiers Seigle, Léon Grosse, l'ancienne poste. Il y a un grand écart dans l'esprit des gens : il faut se loger mais pas construire.

J'ai une approche équilibrée de la construction. Aix a vécu des décennies d'accélération de la construction, moi je me suis engagé à la freiner. Je suis cohérent par rapport à ce que j'ai toujours affirmé et je l'ai fait. Au sein de la zone UD, pavillonnaire, qui constitue 60% du territoire, on construit toujours, mais moins dense.

Le président du BTP 73, David Gandaubert, rappelle qu'il n'y a pas assez de logements sociaux à Aix-les-Bains...

C'est un mauvais procès qui m'est fait. Les pénalités sont faites par rapport à une loi, pas à une réalité. En 2018, Aix devait produire 20% de logements sociaux. Puis l'Etat nous rattache brutalement à la zone urbaine de Chambéry avec obligation d'en produire 25%, soit 1 000 logements en plus. La ville pouvait-elle absorber cela ? Alors même que nous nous sommes engagés, mon prédécesseur et moi, dans deux opérations de renouvellement urbain visant à réduire les inégalités sociales en diminuant le nombre de logements sociaux dans ces quartiers. C'est l'énorme paradoxe.

J'ai signé un contrat de mixité sociale avec le préfet avec une sortie de carencement en 2026. Ne sont intégrés dans le calcul de la loi SRU que ceux en passe d'être livrés. Le préfet et la DDT ont additionné le nombre de permis de construire signés purgés comportant des logements sociaux et il se trouve que nous allons arriver à satisfaire les objectifs de la loi SRU sous deux ans.

 

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