Rencontre avec Pierre Blanc, président sortant

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La Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie est pour la plupart d’entre nous une grande machine avec de nombreux rouages qu’il est parfois difficile de comprendre pour le citoyen lambda.
Pierre Blanc, un des fondateurs de cette communauté, a pendant 12 ans, assumé sa fonction de président avec franchise, respect et motivation bien que pas toujours en accord avec le maire de la ville centre. Il a œuvré 25 ans pour la commune de Sâles. Il revient brièvement sur ses mandats de maire :
«Le témoin a été passé en douceur. Le projet que j’avais imaginé avec les équipes municipales successives arrive à échéance, tout a été acté y compris le projet chef-Lieu. Il va se mettre progressivement dans l’opérationnel. Aujourd’hui il a une vraie logique sur la commune. On arrive à un projet qui renforce l’identité du chef-lieu, un vrai projet de développement communal.
Lorsque je suis arrivé maire, il y a 25 ans, j’avais annoncé que dans l’évolution du territoire Sâles pouvait être amenée à rejoindre un jour Rumilly et qui si on ne voulait pas être absorbé et perdre toute identité il fallait la créer et développer le Chef-Lieu. Je voulais garder pour la commune de Sâles à la fois son rôle de commune limitrophe avec Rumilly et sa composante rurale que l’on a essayé de préserver. Personnellement, depuis l’origine, et tant que président du Sigal, la préservation de l’espace était déjà au cœur de mes préoccupations, on parlait de qualité de vie et d’équilibre. »

L’intercommunalité, un outil qui fonctionne
Pierre Blanc est à l’intercommunalité depuis sa création, il en a été l’un des investigateurs. Lors de son premier mandat, il était conjointement Président du Sigal, et menait le Scot. L’environnement a-t-il toujours été au cœur de vos préoccupations ?
« Le Scot a été voté en 2005, à l’époque on parlait déjà de préservation de l’espace, de qualité de vie, d’environnement, ce n’est pas une nouveauté. 
J’ai toujours souhaité que ce territoire existe, car je le considère comme un vrai territoire avec son identité propre et ses atouts. Cela n’a pas été facile, sur le premier mandat ; il a fallu asseoir l’intercommunalité elle-même. Cela s’est fait progressivement. Au terme de ce premier mandat a été transféré à l’intercommunalité, l’eau l’assainissement, un enjeu majeur sur le territoire que ce soit dans le domaine de l’environnement, de l’urbanisme, ou le développement… Après sont arrivés d’autres compétences importantes comme les déchets, la Gemapi, le climat air et énergie… et aujourd’hui nous sommes une collectivité qui a beaucoup de compétences majeures, je parle aussi de l’économie dont on a hérité depuis deux ans, le PLUi .
On voit bien que l’intercommunalité à des attributions majeures sur le territoire, je m’en félicite, les services ont été adaptés en conséquence. Ceux qui vont arrivés vont trouver un outil qui fonctionne et qui leur permettra d’agir, c’est important. »

Politiquement comment cela s’est passé ?
« J’ai toujours été un défenseur absolu de l’autonomie de ce territoire. Au début on le voyait plus large, avec Alby … Ce qui a rendu compliqué cette vision, c’est la loi Nôtre arrivée en début du second mandat qui a complètement bouleversé la donne. D’autant plus qu’elle n’avait été ni prévue ni annoncée aux électeurs. Dans cette configuration là il fallait faire plus grand pour faire plus beau, pour être plus efficient. Je n’ai jamais partagé cette vue. Je ne crois pas que la dimension soit toujours la meilleure réponse et garantisse la meilleure économie d’échelle En réalité c’est le dimensionnement que l’on a vis-à-vis de notre population et de notre territoire. Moi j’ai hérité d’un territoire que l’on m’a transmis avec une qualité de vie assez exceptionnelle. Ce territoire de l’Albanais que l’on a considéré comme rural, secondaire pendant longtemps. C’est un territoire où la qualité de vie est présente, où il y a encore de la proximité et c’est ça que nos habitants attendent. C’est un territoire sur lequel on peut offrir à la population des services qu’elle attend dans le monde d’aujourd’hui. Nous avons été capable de lancer des transports en commun sur Rumilly, de construire un gymnase pour permettre l’arrivée du collège du Chéran. Je pense que l’on a d’autres capacités pour répondre aux besoins des administrés. Tout le monde n’avait pas cette même vision. J’ai des convictions : assurer l’autonomie de Rumilly Terre de Savoie et de tisser des partenariats forts avec nos voisins notamment l’agglo annécienne et non pas fusionner. Aujourd’hui, je pense que le fait d’avoir tenu m’a coûté quelques pressions importantes. Le résultat est là, ce territoire est reconnu et il a les moyens d’exister. La preuve, en est qu’avec l’aide de l’Etat nous avons bénéficiés de dispositifs qui renforcent cette identité, à savoir « cœur de Ville » pour Rumilly, « territoire d’industrie ». Depuis la loi Nôtre de nombreux événements sont arrivés, les gilets jaunes, le Covid… on redécouvre les vertus des maires, de la proximité, de la qualité de vie. Cela nous fait réfléchir sur notre urbanisme, un urbanisme qui doit être plus en lien avec notre environnement. 
Il ne doit pas y avoir de distension entre la commune centre et les autres communes. Il est indispensable que notre territoire soit uni. Un pôle centre, fort, est nécessaire pour que les communes rurales vivent bien. Rumilly doit accepter de ressembler à son territoire, la ville centre a besoin des autres communes pour exister également. » Je remercie les maires ruraux de m’avoir toujours soutenu dans cette approche. 

Plus de mutualisation des services transverses
« Je suis pour la proximité, je suis pour que l’on détermine le rôle qu’aura chaque commune dans le territoire. Lorsque l’on me parle de fusion, je n’ai pas de dogme, je suis pragmatique, ce n’est qu’un outil, ce n’est pas une fin en soi, ce n’est pas nom plus le moyen de faire le plus d’économie d’échelle.
J’aurai aimé que l’on mettre en place plus de mutualisation des services transverses : relations humaines, services juridiques… cela permettrait de renforcer l’expertise en donnant plus de perspective de carrière au personnel ce serait également pour les communes rurales une opportunité de trouver de l’expertise, dans ce monde d’aujourd’hui qui est devenu très juridique. J’ai essayé de l’amorcer en début de mandat, mais malheureusement c’était sans doute trop tôt, ou peut-être avec des enjeux différents pour que cela marche à ce moment-là. Pour moi, il est impératif d’avancer dans ce domaine.
Il faut que l’on ait des relations plus étroites dans les grands dossiers avec nos grands voisins les agglomérations « Entrelacs », « Grand Annecy », « Pays de Seyssel ». Autonomie ne veut pas dire s’enfermer, une réflexion globale avec les grands voisins peut être engagé notamment pour l’eau, l’assainissement, les déchets… Impérativement il faut renforcer les coopérations et partenariats dans les domaines qui s’imposent. Les circonstances ont fait que pendant un mandat on rêvait plus de fusion que de partenariat. Alors que le partenariat très étroit, non seulement peut nous mener loin mais c’est aussi le seul moyen d’être au service de nos habitants. »

Environnement, conscience collective et individuelle
« Rumilly est une ville où on commence à voir des embouteillages, bien qu’ils n’aient rien à voir avec ceux des grandes métropoles. Il faut réfléchir au développement que l’on veut, aux solutions de déplacements. Elles peuvent être diverses. On a budgété 1 M€ pour les déplacements doux, mais ce ne sera pas suffisant, on a un grand projet actuellement sur la gare, avec le doublement des voies on espère qu’il y aura beaucoup plus de transit par ce moyen-là. Les dossiers sont lancés. Conjointement il va falloir développer les infrastructures pour le développement du vélo. Les déplacements c’est un tout, il va falloir étudier toutes les pistes : télétravail, visioconférence… pour améliorer cette situation et au minimum ralentir l’évolution du trafic. Dans chaque action lancée il faut mesurer quelle incidence elle a sur la pollution, les conditions de déplacements…  Il faut tenir compte aussi de notre capacité financière. On ne peut pas réussir sans que tout le monde soit partie prenante. Je prends pour exemple les déchets, ils augmentent chaque année, il faut que l’on trie mieux, cela doit être un effort individuel et collectif. C’est pareil dans le domaine des transports. L’élu tout seul ne peut rien, il ne peut être que l’initiateur et le moteur. Lorsque l’on regarde la participation aux élections, ne faut-il pas comprendre que l’on va voir son élu que lorsque l’on a besoin de quelque chose mais que la conscience citoyenne disparaît ? Il faut qu’un jour on devienne citoyen et ne pas seulement agir comme des consommateurs pour que le territoire continue à évoluer. ».
Le prochain président sera connu le 15 juillet
Le maire de Rumilly vient d’être élu en la personne de Christian Heison, Pierre Blanc l’a toujours ouvertement soutenu, il partage avec lui la même vision du territoire. Il confie, « je me félicite de son élection, d’autant plus qu’elle va rassembler l’ensemble des maires ». 
L’installation des nouveaux conseillers communautaires et l’élection du nouveau président aura lieu le mercredi 15 juillet 2020 à 19 h dans les locaux de la communauté de communes. 
Il n’y a pas vraiment de suspens, puisque toutes les conditions sont réunies pour que ce soit Christian Heison qui prenne la succession de Pierre Blanc. Mais sait-on jamais…

 

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