Rendez-vous avec l’histoire
Vendredi, 28 élèves de terminale du lycée Démotz et leurs professeurs se sont rendus à la maison d’Izieu dans le cadre d’un projet interdisciplinaire italien-histoire-HGGSP (spécialité du nouveau bac histoire-géographie-géopolitique-sciences politiques) intitulé «Sur les traces de Primo Levi : histoire et mémoires comparées du génocide des juifs en France, Italie et Pologne».
La journée a commencé par une visite commentée de la maison d’Izieu dans laquelle les élèves ont découvert l’environnement et les visages des enfants et de leurs éducateurs, réfugiés officiellement de mai 1943 au 6 avril 1944, date à laquelle 44 de ces enfants et 7 adultes ont été raflés sur ordre de Klaus Barbie, chef de la gestapo de Lyon, aussi surnommé le «boucher de Lyon». La visite s’est poursuivie par un atelier sur la justice du génocide autour des procès de Barbie, l’ordonnateur ; de Bourdon, le dénonciateur (mais il a bénéficié d’un non-lieu en 1947), et du Tribunal de Nuremberg où ont été jugés les hauts dignitaires nazis après la guerre.
Cette journée est insérée dans un projet au long cours qui a débuté dès la rentrée, à raison de 2heures quinzaine supplémentaires durant lesquelles les élèves étudient la vie des Juifs dans les 3 pays pendant la 2nde guerre mondiale, l’exécution de la Shoah (génocide des juifs) ainsi que la construction de la mémoire de ce fait historique qui émerge en France et en Italie pendant les années 80, dans les années 2000 en Pologne.
En octobre le groupe s’était déjà rendu aux archives départementales de Haute-Savoie pour travailler à partir de documents sources. Ils y avaient découvert le rôle de l’abbé Folliet à partir du témoignage de ceux qu’il a contribué à cacher et à sauver, un échange de courrier entre le commissariat aux questions juives de Vichy et la préfecture de l’époque concernant l’interdiction pour les membres de la communauté juive d’exercer la profession de médecin, forain, commerçant, industriel…plusieurs documents du ministère de l’intérieur s’inquiétant des réseaux clandestins permettant la fuite des juifs vers la Suisse voisine, une harangue haineuse de la légion française des combattants alors qu’un autre citoyen s’étonne de la découverte de bancs publics interdits aux juifs sur la place de l’église de Megève… autant de «pépites» pour découvrir la vie en France dans ces sombres heures de la guerre.
Le pont d’orgue de ce projet sera le déplacement en Pologne en février 2024 où ils découvriront les lieux du génocide d’hier et comment aujourd’hui la Pologne le fait vivre dans la mémoire collective.
Les élèves et leurs professeurs remercient l’APEL de Demotz ainsi que la Fondation pour la mémoire de la Shoah qui ont accepté d’accompagner financièrement le projet et contribuent à la prise en charge d’une telle journée.