Rue Montpelaz : «On n’a pas fini d’en parler !»

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«L’objectif de cette rencontre, c’est de donner une idée du projet avant d’établir le cahier des charges que devra respecter l’aménageur qui devra définir le programme». 
Devant quelque 150 personnes, à la salle des fêtes, le maire de Rumilly Pierre Béchet a présenté l’avant-projet de requalification du quartier Rue Montpelaz-Rue des Tours. Un programme qui a l’ambition de redynamiser un espace qui «souffre d’une image dégradée».
«Avant-projet » car la rencontre de la semaine dernière n’avait pas pour but de désigner précisément les lieux d’intervention, savoir ce qui devra disparaitre ou être modifié, mais d’expliquer la philosophie d’un projet déjà, bien engagé. Sans cacher, il faut le reconnaitre, que cette opération de revitalisation ne se fera pas sans difficultés et que l’éventualité d’expropriations, dans un contexte de déclaration d’utilité publique, n’est pas exclue.

Atouts et handicaps
C’est Stéphane Barriquand, architecte-urbaniste de l’atelier d’architecture «Barriquand et Frydlender», qui a eu la charge de présenter le diagnostic sur le quartier et d’expliquer les pistes de travail envisagées. 
Pour rappel, cinq objectifs principaux ont été définis au départ :
- Réinsérer ce quartier délaissé dans la trame urbaine.
- Faire revenir des habitants en cœur de ville par la réalisation de logements qualitatifs et diversifiés.
- Intervenir fortement sur l’espace public de la rue Montpelaz de manière à permettre des cheminements sécurisés, lisibles, agréables et attractifs entre la place d’Armes et le centre-ville historique.
- Aménager une succession d’espaces publics qualitatifs de manière à créer des parcours urbains agréables.
- Concentrer l’activité commerciale suivant des parcours marchands lisibles et attractifs.
Durant plus d’une heure, le spécialiste a évoqué les atouts et les handicaps du quartier élargi à l’ensemble du centre historique de Rumilly. 
Du côté des atouts, quelques pistes. D’une part, le centre ville repose sur plusieurs polarités, entre Place de l’Hôtel de Ville et Place d’Armes, par exemple. D’autre part,  son intérêt patrimonial est réel ? Par ailleurs, des services publics ont été maintenus au centre : écoles, centre culturel, mairie, etc. Et, sur l’arrière de la rue Montpelaz, «il y a des jardins»…
Mais les handicaps ne manquent pas. Entre autres, des bâtiments anciens, étroits, qui «n’ont plus la cote», un certain éclatement des «pôles d’activités» (par exemple le nouveau cinéma) qu’il faut arriver à relier entre eux pour les piétons. Et sur le secteur sensible de l’ilot «Montpelaz-Tours», des bâtiments inoccupés, des commerces inactifs, etc.

Des logements attractifs
Les solutions, selon les urbanistes, passent en premier lieu par le retour de nouveaux habitants en centre ville. En sachant que «faire revenir tout le monde dans le centre ancien, c’est impossible». L’idée, c’est de rendre les logements attractifs – confortables, lumineux, ouverts, avec des stationnements – à des prix concurrentiels par rapport à la périphérie. «C’est compliqué, mais c’est possible». Tout cela en gardant de l’attractivité au quartier, avec équipements, espaces publics et possibilités de mobilités «douces».
La stratégie globale touche à l’ensemble du centre ville, entre le secteur «gare-tanneries» et l’ilot «Montpelaz-Tours». 
Sur la rue des Tours, les garages et autres bâtiments pourraient laisser la place à des constructions nouvelles. Dans un premier temps, une résidence pour jeunes actifs. Puis, un ensemble de bâtiments sur trois niveaux, avec des grands logements ouvrant sur des jardins. 
Sur la rue Montpelaz, une restructuration-réhabilitation des bâtiments sur la partie nord (côté centre ville) avec, éventuellement, le regroupement de certains des immeubles («Il faudra peut-être casser des murs !»). 
Côté sud, un travail sur le linéaire commercial pour créer une continuité, sachant que «lorsque les commerces sont dispersés, ça ne marche pas !». Sur une rue débarrassée des places de parking. Et, entre les deux pôles, des espaces publics, quitte à démolir…
Les mobilités restent difficiles à optimiser. Pour les urbanistes, «il faut garder la voiture au centre ville». 
Pas question, donc, de chasser les automobilistes de la rue Montpelaz ! «Vous n’êtes pas à Annecy !», explique Stéphane Barriquand. «La carte touristique n’est pas suffisante pour créer une zone piétonne». Même si le projet envisage de renforcer la place des piétons. 

L’idée, c’est de modifier certains sens de circulation, en déplaçant, plus loin, une partie des places de stationnement, et en cherchant à détourner les voitures de l’ilot «Montpelaz-Tours».
Entre la Place d’Armes et l’église Sainte-Agathe, le «chemin des écoliers» devrait se développer pour les piétons…
Tout cela pour créer un appel d’air qui attire de nouveaux habitants. En espérant que ces nouveaux rumilliens de centre ville attirent de nouvelles activités. Un pari…
Le côté coercitif…
«On n’en aura peut-être pas besoin…». Il est évident que le projet municipal risque de passer par quelques contraintes. Car le constat est sans appel : «Si on laisse faire, ça ne marche pas !». Il est nécessaire, pour les élus, d’adopter une posture autoritaire pour mener à bien le projet. En le plaçant dans le cadre d’une opération d’utilité publique, qui autoriserait certaines expropriations. 
«On n’en aura peut-être pas besoin…». Pierre Béchet s’est voulu rassurant face aux rumilliens. Pour lui, une large majorité des personnes contactées seraient prêtes à vendre leur bien. 
Pour la salle, cela ne semblait pas si évident… Et plusieurs propriétaires du quartier concerné ont exprimé leurs inquiétudes. 
Ce qui laisse planer quelques incertitudes sur le calendrier des opérations. Car il n’est pas certain que les enquêtes préalables à la DUP (Déclaration d’utilité publique) se déroulent de façon sereine.
Il faudra sans doute beaucoup de diplomatie et de discussions pour mener à bien ce projet de centre ville. 
La première phase de concertation est ouverte aux réflexions du public jusqu’au 1er avril. Un registre est disponible en mairie pour consigner les remarques et observations pendant toute cette période. Celles-ci peuvent se faire aussi via la messagerie : concertation-montpelaz-tours@mairie-rumilly74.fr
 

 

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